Les faits se sont produits le 8 mai dernier à Bras-Panon, aux alentours de 10 heures du matin. Alors qu’il est sous le coup d’une interdiction de contact avec son ex-compagne, Serge S., 35 ans, se pointe devant chez elle alors qu’elle part au travail. Leur relation est tendue depuis qu’il est sorti de prison le 22 avril 2020 pour des faits des violences sur elle. Depuis, ils se disputent pour le droit de visite de leur fils. Le ton monte et, selon le témoignage de la victime et de sa collègue présente, ça part en live.
Il profère rapidement des insultes avant de passer aux menaces : « Je vais te couper la tête comme la femme qui a été assassinée sur le parking du Jumbo », lui lance le prévenu. Elle appelle immédiatement les gendarmes et rejoint son poste au Burger King de Sainte-Marie. L’homme part dans un premier temps, mais revient sur son lieu de travail. Il l’insulte et la menace à nouveau. Il finit par partir chez sa nouvelle compagne à Saint-Paul. Convoqué par les militaires, il est placé en garde à vue le dimanche 9 mai au matin.
« Je vais acheter un chalumeau pour la brûler »
« Je veux être jugé tout de suite car je veux que la vérité éclate« , indique t-il à la présidente. Il apparait que d’un commun accord, il devait passer par la mère de son ex pour voir son fils. La pauvre femme témoignera elle aussi, de menaces et d’insultes : « Je vais acheter un chalumeau pour la brûler », ou encore « je vais vous tuer, toi et elle, en voiture près de la station« , lui dit-il après une quarantaine d’appels répertoriés. S’il reconnait les insultes, il nie fermement les menaces de mort. Selon lui, ils auraient repris la vie commune à sa sortie de prison du 22 avril au 4 novembre 2020. Ils se sont séparés de nouveau mais tout allait bien jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’il avait refait sa vie avec une autre femme.
La présidente, qui indique que le prévenu à 14 mentions à son casier dont 7 pour violences, l’écoute attentivement mais ne parait pas convaincue par sa version. Serge S. tente de convaincre du mieux qu’il peut le tribunal : « Aujourd’hui, je l’avoue, c’est grâce à elle que j’ai arrêté de boire ». La partie civile n’est pas non plus convaincue par ses explications : « Ce qui me choque, ce sont les références macabres fortes de Monsieur ! Je ne vois pas pourquoi elle aurait menti, ça fait 4 ans qu’ils ne se voient plus. Il veut se faire passer pour un enfant de choeur devant vous mais à mon sens il est dangereux. il faut qu’il arrête d’entrer en contact avec elle » indique Me Alex Vardin.
« Son discours est inquiétant car il n’y a aucune remise en cause ! »
« Ce sont des menaces de mort aggravées », rebondit le procureur de la République. « Il est en comparution immédiate car il fait montre d’une longue série de violences, sur les femmes prioritairement. Je suis étonné car face à ses dénégations, vous n’aurez pas cette vérité vraie qu’il a promis alors que le témoignage de la victime est extrêmement précis. Son discours est inquiétant car il n’y a aucune remise en cause ! Je vous demande une peine de 2 ans de prison et la révocation de 1 an de son sursis probatoire assorties d’un mandat de dépôt« , requiert le parquet.
C’est à Me Henri Moselle, que revient la tache de défendre les intérêts du prévenu : « Dans ce genre d’affaires, c’est souvent la parole de l’un contre celle de l’autre. Vous n’avez aucun élément matériel pour étayer la moindre preuve, alors qui croire ? Je comprends qu’il faille protéger les victimes mais, au milieu de tout ça, il y a un enfant. Tout ce qu’il veut c’est pouvoir le voir car c’est essentiel. Quelque soit son casier, on ne peut pas le condamner si les faits ne sont pas prouvés« , plaide la robe noire.
Fort de ce contexte particulier de féminicide, le tribunal montre la plus grande fermeté : Serge S. est condamné à 3 ans de prison et voit son sursis d’un an révoqué. La présidente prononce également un mandat de dépôt à son encontre. C’est en larme qu’il répète : « 4 ans mais je ne l’ai même pas frappée ».