Alors qu’il avait reculé pendant une décennie, le taux de pauvreté s’est stabilisé en 2018 à La Réunion. Ainsi, 39% des Réunionnais vivent sous le seuil métropolitain de pauvreté fixé à 1.063€ mensuel et par unité de consommation. Ce sont les mineurs qui paient le plus lourd tribut puisque la moitié d’entre eux, soit 113.600, vivent dans un ménage pauvre. À titre de comparaison, la pauvreté touche 15% de la population en métropole et 30% en Martinique.
La première cause est la dégradation du marché du travail. Le déficit d’emploi reste important à La Réunion où 46% des personnes en âge de travailler sont en activité, contre 66% en métropole. Néanmoins, 20% des ménages ont un revenu d’activité qui se situe en dessous de ce seuil. Le revenu médian à La Réunion se situe à 1.290€ mensuel, contre 1.770€ en métropole.
Les quartiers politique de la ville et les communes rurales plus touchées
À La Réunion, ce sont les communes rurales qui comptent la part la plus importante de personnes vivant sous ce seuil de pauvreté. Salazie (59%), Sainte-Rose (55%) et Cilaos (55%) forment le triste podium du département.
En milieu urbain, les quartiers prioritaires de la politique de la ville sont également très touchés par la pauvreté. En 2017, 9 quartiers dépassaient les 60% : Bel Air-Centre-Ville-Village Desprez à Sainte-Suzanne, Petit-Bazar-Chemin du Centre- Fayard et le Centre-Ville à Saint-André, Le Gol et le Centre-ville à Saint-Louis, La Châtoire et Les Araucarias au Tampon, Rive-droite de Saint-Benoît, Le Bas de la Rivière à Saint-Denis.
Le Nord et l’Ouest sont les microrégions les moins touchées. La Possession (27%) et Les Avirons (29%) sont les deux communes les mieux loties.
Les inégalités plus importantes à La Réunion
2018 a été marqué par le décrochage de la croissance économique et la dégradation du marché du travail. Que ce soit chez les plus pauvres et les plus riches, les revenus sont plus faibles qu’en métropole. Les 10% les plus modestes disposent d’au plus 690€ mensuel, contre 930€ en métropole. Les 10% les plus aisés disposent de 3.010€ mensuel, contre 3.260€ en métropole.
Les inégalités à l’intérieur de l’île sont également plus élevées qu’en métropole. L’ensemble des revenus disponibles des 20 % les plus favorisés est 5,5 fois plus important que celui des 20 % les plus modestes. En métropole, cet écart est moindre (4,45 fois).
La redistribution des revenus joue un rôle important
Selon l’INSEE, le versement des prestations sociales (allocations familiales, prestations logement et minima sociaux) et le prélèvement des impôts directs réduisent fortement les inégalités de revenus et la pauvreté. Le niveau de vie de nombreux Réunionnais dépend fortement des prestations sociales et plus particulièrement des minima sociaux.
Le poids des prestations sociales dans le revenu disponible des ménages est trois fois supérieur par rapport à celui de la métropole : 17 % contre 6 %. Il culmine dans les communes du Port et de Salazie (respectivement 28 % et 27 %). Au contraire, les pensions et retraites ont un poids nettement inférieur à La Réunion (16 % contre 28 %). Ceci s’explique par la jeunesse de la population conjuguée à un fort taux de chômage, le plus élevé de France en 2018 après Mayotte (24 %). Fin 2018, La Réunion compte 166 500 allocataires de minima sociaux.