
Dans sa dernière étude publiée le 6 décembre dernier sur l'insertion professionnelle des jeunes à la fin des études à La Réunion, on apprend que près de 30% d'entre eux décrochent leur premier emploi "moins d'un an après la fin de leurs études".
Des jeunes diplômés du supérieur "mieux formés" et qui "trouvent plus vite" un emploi que leurs aînés, explique l'institut d'études statistiques, "alors que le marché du travail est bien étroit sur l'île". En revanche, les Réunionnais sans diplôme du supérieur "s’insèrent beaucoup plus lentement", relève l'Insee.
Des jeunes diplômés du supérieur "mieux formés" et qui "trouvent plus vite" un emploi que leurs aînés, explique l'institut d'études statistiques, "alors que le marché du travail est bien étroit sur l'île". En revanche, les Réunionnais sans diplôme du supérieur "s’insèrent beaucoup plus lentement", relève l'Insee.
À La Réunion, 30 % des jeunes âgés de 22 à 35 ans en 2014 trouvent leur premier emploi dans l’année qui suit la fin de leurs études. Pour leurs aînés, l’obtention d’un emploi a été plus lente : seuls 21 % des seniors, aujourd’hui âgés de 50 à 64 ans, ont décroché leur premier emploi en moins d’un an (figure 1). L’allongement des études au fil des générations explique cette insertion professionnelle plus rapide. En effet, les jeunes terminent en moyenne leurs études à 20 ans contre 17 ans pour leurs aînés, avec plus d’atouts pour entrer dans la vie active. Ainsi, avoir un diplôme est beaucoup plus fréquent que par le passé : 65 % des jeunes Réunionnais détiennent au moins un CAP ou un BEP, contre seulement 29 % des seniors. Le niveau de diplôme a aussi augmenté: 19 % des jeunes sont diplômés du supérieur contre 8 % des seniors. En l’espace de trente ans, le nombre de diplômés du supérieur à La Réunion est passé de 19 000 à 93 000.
En particulier, les jeunes femmes réunionnaises s’ insèrent plus rapidement que leurs aînées : 28 % occupent un emploi dans l’année qui suit la fin de leur formation initiale, contre 17 % de leurs aînées. Le temps écoulé avant le premier emploi est à peine supérieur à celui des jeunes hommes, dont 32 % trouvent un emploi dans l’année. À diplôme identique, les jeunes femmes s’insèrent même aussi rapidement que les jeunes hommes. Ce n’était pas le cas chez les seniors. En effet, être femme au foyer était nettement plus fréquent qu’aujourd’hui. Dans les années 1970, seules 31 % des femmes en âge de travailler se portaient sur le marché du travail ; au milieu des années 2000, elles étaient près de deux fois plus nombreuses (57 %).
Une insertion sur le marché du travail plus difficile qu’ailleurs
Toutefois, trouver un emploi dans l’année qui suit la fin des études reste deux fois moins fréquent qu’en province pour la jeune génération (30 % contre 62 %). Plusieurs facteurs expliquent cette insertion moins rapide à La Réunion. D’une part, le marché du travail de l’île est restreint: 34 % des jeunes actifs de 15 à 34 ans sont au chômage, soit deux fois plus qu’en province (métropole hors Île-de-France, 14 %). D’autre part, malgré l’élévation de leur niveau de formation, seuls 43 % des jeunes Réunionnais sont titulaires du bac ou d’un diplôme du supérieur contre 63 % des jeunes provinciaux. Par ailleurs, malgré l’augmentation de l’activité des femmes au fil des générations, les jeunes Réunionnaises continuent à se porter moins souvent sur le marché du travail que les jeunes femmes résidant en métropole.
Le diplôme, un visa pour l’emploi
À La Réunion comme dans le reste de la France, plus le niveau de diplôme est élevé, plus les chances de trouver un emploi augmentent. Ainsi, seuls 13 % des jeunes Réunionnais sans diplôme trouvent un emploi dans l’année. Cette part double pour les jeunes détenteurs d’un CAP ou d’un BEP (25 %), triple pour les bacheliers (37 %) et quintuple presque pour les diplômés du supérieur (61 %, figure 2). Ce constat reste vrai quelle que soit la génération, alors que chacune d’elles a été confrontée à des contextes socio-économiques bien différents au moment de son entrée dans la vie active.
Seuls les jeunes diplômés du supérieur s’ insèrent presque aussi rapidement que ceux de province (61 % contre 70 %). Les autres sont deux à trois fois moins nombreux à décrocher un emploi en moins d’un an. À l’exception des diplômées du supérieur, la plupart des jeunes Réunionnaises deviennent mères avant d’être en emploi. L’environnement familial joue sur le niveau de qualification du premier emploi mais, à diplôme équivalent, l’insertion n’est pas plus longue quand les parents sont peu qualifiés.
Contrairement à leurs aînés, à diplôme identique, les jeunes natifs réunionnais ne mettent pas plus de temps à trouver un emploi sur l’île que les non natifs. Les quadragénaires habitants de l’île et nés en métropole avaient mis moins de temps à obtenir leur premier emploi sur l’île que les natifs de La Réunion, même à diplôme identique. Ceci s’explique en partie par une difficulté accrue des natifs de l’île de cette génération à quitter leur région pour trouver un premier emploi loin de leurs racines familiales. Ils ont préféré chercher un emploi sur l’île, quitte à mettre plus de temps à le trouver.
Un premier emploi toujours plus orienté vers le commerce et les services
Parmi les jeunes habitant aujourd’hui sur l’île, neuf sur dix ont décroché leur premier emploi à La Réunion. Plus encore qu’en province, la plupart des jeunes Réunionnais trouvent cet emploi dans le commerce ou les services, reflétant ainsi la tertiarisation de l’économie : 79 % à La Réunion contre 72 % en province (figure 4).
Au cours des dernières décennies, La Réunion a basculé rapidement d’une économie agricole vers une économie tertiaire. Au milieu des années 1970, les seniors ont fait leur entrée sur un marché du travail où l’agriculture concentrait encore 22 % des emplois ; quand vient le tour des plus jeunes dans les années 2000, l’agriculture ne pèse alors plus que 4 % des emplois. Comme en province, les premiers emplois dans l’agriculture ont ainsi quasiment disparu pour la jeune génération. Des changements sociétaux ont aussi accompagné cette mutation économique. Avec le développement d’ une société de consommation, le secteur du commerce offre de plus en plus souvent une opportunité de premier emploi : 22 % des jeunes Réunionnais débutent leur vie professionnelle dans le commerce, contre 14 % pour les générations précédentes. Par ailleurs, seuls 1 % des jeunes commencent leur vie professionnelle auprès de particuliers, notamment comme employés de maison, contre 13 % des seniors.
Les entreprises privées réunionnaises sont à présent les principales pourvoyeuses de premiers emplois : 63 % contre 45 % pour la génération des seniors (figure 5). Cela reste cependant moins fréquent qu’ en province (76 %). Le secteur privé est en effet moins développé sur l’ île, avec notamment un secteur industriel moins présent, qui offre par conséquent deux fois moins de débouchés aux jeunes (8 % des premiers emplois contre 17 % en province).
A contrario, la fonction publique et les services non marchands qu’ elle propose constituent une opportunité plus fréquente pour faire ses premiers pas dans le monde du travail : 26 % des premiers emplois sont dans le secteur des services non marchands contre 14 % en province. En particulier, les collectivités territoriales permettent davantage aux jeunes d’entrer sur le marché du travail, grâce notamment aux contrats aidés plus fréquemment mobilisés qu’en province. Elles offrent ainsi 15 % des premiers emplois des jeunes contre 4 % en province.
En lien avec ces mutations économiques et l’allongement des études, le niveau de qualification du premier emploi augmente au fil des générations. Ainsi, 24 % des jeunes Réunionnais occupent un premier emploi de niveau cadre ou profession intermédiaire, alors qu’ ils n’ étaient que 17 % chez les seniors. Cela reste un peu moins fréquent à La Réunion qu’en province (29 %).