Emmanuel E., 30 ans, est un beau bébé comme on dit. Il a un parcours de vie quelque peu atypique. À son âge, il arbore 38 mentions à son casier dont 27 par le tribunal pour enfant. Il comparaissait ce jeudi pour la 39ème !
Le 4 septembre dernier, lui et sa compagne font une petite fête entre amis. Vers 22h30, il se sent mal après avoir fumé une cigarette. Sa copine lui propose de se reposer dans la chambre en attendant qu’il se sente mieux. Ayant déjà beaucoup bu, il s’en prend verbalement à elle avec virulence. Il est tellement énervé que les amis préfèrent partir. Excédée, la jeune femme menace de texter ses potes pour leur dire comment il se comporte avec elle.
Il pète un câble, se rue sur elle et porte ses mains autour de son cou. La pauvre femme tombe au sol. Il persiste à l’étrangler à terre, à tel point qu’elle perd connaissance. La petite de 12 ans, paniquée face à la scène, appelle sa famille à l’aide.
Habitant à proximité, les renforts accourent. Emmanuel E. s’enfuit, la gendarmerie est appelée. Complètement défoncé, et le mot est faible, il a en chemin des mots avec un voisin. En représailles, il jette un galet sur le pare-brise de sa voiture. Il poursuit sa route en s’introduisant chez une voisine qui a 6 enfants. Sachant qu’elle a un problème de serrure, il entre et procède à des caresses sur les cuisses de sa jeune fille pendant son sommeil. Sentant une présence, la fillette hurle. Il s’enfuit à nouveau.
« Un taux de 2,66 mg/l d’alcool par litre d’air expiré, soit plus de 5g/l ! »
Il sera identifié par le voisin ainsi que par le frère de la fillette qui a bien tenté de le retrouver. Il est finalement interpellé par les gendarmes aux alentours de 8 heures du matin. Il affiche un taux de 2,66 mg/l par litre d’air expiré, soit plus de 5g d’alcool par litre de sang. Il est tellement imbibé qu’il ne peut même pas souffler dans le ballon. Il est placé en garde à vue.
À la barre, il reconnait une petite partie des violences, attestant qu’il n’a pas étranglé sa compagne mais serré au niveau des épaules. Il dit qu’il pense avoir fumé de la chimique à son insu. La fille de sa compagne est formelle et indique l’avoir vu snifer de la poudre blanche.
Il nie ensuite les attouchements mais il est identifié à l’audience par la mère et sa fille. « Vous me voyez comme le vilain petit canard mais à ma sortie de prison, j’ai essayé de m’en sortir », lance t-il à la présidente qui relate son parcours judiciaire. « Vous êtes sorti de détention le 18 mai dernier. C’est la 39ème fois que vous passez devant un juge », tance la présidente, constatant qu’il a toujours une explication à tout.
« Il a dû serrer suffisamment fort ! Il fait ça devant les enfants, c’est inadmissible »
« Il lui sert le cou et elle perd connaissance. Il a du serrer suffisamment fort ! Il fait ça devant les enfants, c’est inadmissible. Elle n’accepte plus et entend se séparer de lui. Elle ne demande pas de dommages et intérêts mais tient à être présente, en soutien au ministère public », indique la partie civile, qui représente sa compagne.
« Il comparait pour toute une série de faits, dont des violences conjugales qui font froid dans le dos ! », rebondit la procureure. « Il conteste l’ensemble des faits devant vous aujourd’hui. Il a du mal à admettre car il sait qu’il risque de prendre cher car il est en récidive. Ces faits sont particulièrement graves, d’autant qu’il représente – c’est indiqué dans le rapport psychologique – une dangerosité sociale potentielle ainsi qu’une pathologie anti-sociale« , conclut le parquet qui requiert 3 ans de prison, le maintien en détention et la révocation de son sursis en cours.
« Il est maladroit quand il parle mais il reconnait »
« Ce n’est pas un dossier très simple au regard de ses explications et du contenu du dossier », entame la défense. « Il est maladroit quand il parle mais il reconnait. Ce qui me pose problème, ce sont les traces sur madame qui sont quasi inexistantes. Sa version n’est pas si dénuée de sens quand il dit qu’il l’a serrée aux épaules. Il dit qu’il n’a pas commis d’agression sexuelle et, à ce titre, il manque des témoignages sur son emploi du temps ! C’est important car ça va compter au moment de la peine », conclut la robe noire. La présidente condamne lourdement le prévenu à 3 ans de prison, révoque 6 mois de sursis et le maintient en détention. Il repart énervé du tribunal clamant que la prochaine fois, il comparaitra aux Assises ! Comprenne qui pourra…