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2ème jour sans JIR : Le bras de fer continue entre Jacques Tillier et Alfred Chane Pane

Vous ne trouverez à nouveau pas le JIR en kiosque ce matin. Le bras de fer continue.

Ecrit par 1654 – le dimanche 02 octobre 2022 à 03H37

Il était un peu plus de 2h du matin lorsque j’ai reçu ce texto de Jacques Tillier : « Pas de JIR demain. Ils ont imprimé 1.500 exemplaires et sur ordre de Chane Pane ils ont arrêté d’imprimer« .

Je n’étais pas physiquement présent près des rotatives d’ICP Roto au Port et ne peux donc savoir si l’information donnée par le patron du JIR est vraie. Déjà hier, il accusait dans les colonnes de Zinfos Alfred Chane Pane d’être celui qui avait donné l’ordre de ne pas imprimer le JIR dans la nuit de vendredi à samedi.

Ce que ce dernier avait démenti le lendemain, toujours dans nos colonnes, rejetant la responsabilité de cette décision sur ses ouvriers : « J’ai vu cela ce matin au réveil, j’étais rentré de l’hôpital hier soir après une chirurgie du sinus et j’avais simplement évoqué avec mon directeur le fait que le JIR s’entêtait sur sa version qui m’implique à tort dans le rachat de l’imprimerie Ah Sing et que ça salissait encore le nom de ma famille. J’ai appris ce matin que mes rotativistes, par solidarité avec ma famille, avaient décidé de débrayer pour protester contre cela ». Et il concluait en garantissant que le JIR serait présent dans les kiosques dimanche matin.

Attendons donc d’avoir la version d’Alfred Chane Pane avant de connaitre le fin mot de l’histoire.

En attendant, essayons de comprendre les raisons qui ont amené à ce bras de fer.

Un terrain qui attire les convoitises

Tout est parti de la mise en liquidation de l’imprimerie Ah Sing, une des plus vieilles de l’ile, dont le siège est rue Pasteur à Saint-Denis mais dont les machines sont installées dans un grand bâtiment dans la ZAC à proximité de l’hôtel de Région. Un terrain qui vaut de l’or et qui fait que les repreneurs sont certains de ne pas perdre d’argent. Au cas où l’imprimerie serait encore en difficulté, ils auraient toujours la possibilité de retrouver leur mise, allongée d’une sérieuse plus-value, en rasant le bâtiment et en construisant à la place un immeuble d’appartements. Une résidence d’étudiants par exemple, comme il en existe d’autres à proximité et qui offrent l’avantage d’offrir une rentabilité très forte du fait de leur rareté sur le marché.

Jacques Tillier écarté par le tribunal

Cette idée, chacun des deux groupes de repreneurs potentiels l’avait en tête, quoi qu’en dise aujourd’hui Jacques Tillier.

D’un côté, il y avait un duo composé d’Olivier Lévy et de Jacques Tillier, représentant le Jir, selon ce qu’il affirme dans son édito. De l’autre un consortium composé de Jean-Hugues Savaranin, Luderx Bourane et Jean Mathieu dit « Bruce » Chane Ching. Et c’est à ce trio que le tribunal de commerce décide d’attribuer la reprise, apparemment sensible au fait que Bruce Chane Ching (qui est le neveu par alliance d’Alfred Chane Pane, vous suivez toujours?) soit le dirigeant d’une petite imprimerie du sud dénommé « Chane Pane Sud ». C’est de là que naitra le quiproquo.

Bruce Chane Ching faux nez d’Alfred Chane Pane ?

Dès le lendemain, les deux titres de la presse écrite, le JIR et le Quotidien, laissent entendre que c’est Alfred Chane Pane, le patron d’ICP Roto, sans doute la plus grosse imprimerie de l’ile et celle qui, entre autres, imprime le JIR, qui tirerait les ficelles en coulisses et serait le véritable repreneur de l’affaire.

Malgré les démentis répétés du patron d’ICP Roto, les deux journaux persistent. Et malgré ses démentis embarrassés aujourd’hui, Jacques Tillier n’est pas le dernier en reste puisqu’après un long article à charge paru dans le courant de la semaine, il en remet une couche dans son édito d’hier en parlant du « tribunal qui, ce jour-là, a choisi de vendre l’imprimerie Ah Sing au trio  Savararin -Chane Pane-Chane Ching sud et nord« .

Du pipi de chat quand on connait le style à l’emporte-pièces du patron du JIR. Sans doute. Sauf que cette fois, il est tombé sur un os.

L’honneur, le respect et la protection de la famille

Il a oublié qu’Alfred Chane Pane, comme son nom l’indique, est un Chinois. Et que dans cette communauté, on respecte certaines valeurs au premier rang desquelles la famille, la discrétion et le respect de la parole donnée.

Moi aussi j’ai été étonné de l’importance qu’Alfred Chane Pane accordait aux ragots rapportés par la presse écrite. Il ne s’agissait après tout que d’erreurs comme on en voit souvent et qui n’occasionnent pas, heureusement d’ailleurs, de telles réactions.

J’ai tout compris vendredi soir car, pour une fois, je suis sorti pour aller assister au cocktail offert par le consul de Chine à l’occasion du 73ème anniversaire de la naissance de son pays. J’y ai rencontré de nombreux membres de la communauté et j’ai été étonné de voir l’importance prise par cette affaire.

J’ai notamment pu discuter avec un membre par alliance de la famille Chane Pane qui m’a parlé de « la trahison » de son neveu qui aurait pris cette décision sans en parler aux autres membres de la famille, actionnaires de son imprimerie. Il était manifestement très en colère.

Et le lendemain, en apprenant que le JIR n’avait pas été imprimé, j’en ai mieux compris les véritables raisons en me remémorant cette colère non feinte et en me rappelant les propos d’Alfred Chane Pane, dans son interview à Zinfos, parlant de « vrai naufrage sur le plan familial ».

Jacques Tillier ne pouvait pas se douter qu’il allait froisser à ce point l’honneur du patron d’ICP Roto. Comme à son habitude, il y est allé avec ses propos à l’emporte pièce, avec son style qui plait tant à ses lecteurs et qui lui vaut l’inimitié, pour ne pas dire plus, de tous ceux qui ont été épinglés un jour ou l’autre dans un de ses éditos.

Un os, un gros…

Et pour une fois, il est tombé sur un os. Un gros.

Pour une fois, il est tombé sur quelqu’un qui n’a pas peur et qui est assez riche pour se permettre un bras de fer. Quoi qu’il en coûte. Mais qui surtout dispose d’un vrai pouvoir de vie ou de mort sur un journal, celui d’empêcher sa parution.

J’ai l’habitude de dire qu’un homme politique ne doit jamais se fâcher avec sa femme, sa maitresse, son avocat et son expert-comptable. Je rajouterai désormais qu’un patron de presse écrite ne doit pas, en plus, se fâcher avec celui qui l’imprime.

Alfred Chane Pane a osé, ose encore, tenir tête au patron du JIR et il faut reconnaitre qu’ils ne sont pas nombreux dans ce cas.

Un acte assimilé à une censure

Il n’en demeure pas moins que son acte, si c’est prouvé que c’est lui qui en a donné l’ordre, n’est rien moins qu’une censure à l’encontre d’un organe de presse et qu’à ce titre, je ne peux qu’être solidaire avec le journal et ses journalistes et employés.

Le JIR n’allait déjà pas bien financièrement. Ce n’est pas cette mésaventure qui va améliorer sa situation.

Attendons de voir si le journal sera ou non imprimé demain.

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