Posté cette fois place de la Mairie à Saint-Leu – en face du monument en hommage aux esclaves révoltés de 1811, dont il réclame par ailleurs la panthéonisation-, le sexagénaire arbore depuis 27 ans toujours la même revendication : la généralisation de la proposition du dépistage du VIH. Pointant du doigt « l’indifférence inquiétante des responsables politiques envers ce fléau », il s’alarme du fait que la situation « empire insidieusement et dangereusement sur notre île ».
Pour rappel, c’est avec un « record mondial d’endurance contre un virus endurant » que Franck Mességué avait entamé son action, en 1992. Il avait alors effectué 24 h d’apnées successives en baie de Saint-Paul au profit des associations de lutte contre le sida à La Réunion). De façon « entièrement bénévole » rappelle-t-il, il a depuis multiplié les actions en faveur de cette proposition systématique du test, ce qui lui a notamment valu d’être interné par les autorités sanitaires en hôpital psychiatrique en 1994, après avoir menacé de se suicider.
Une manière d’éviter la discussion, selon celui qui réclame « un simple débat spécifique de fond à l’Assemblée nationale, comme au Sénat, afin de convier l’ensemble de nos députés et de nos sénateurs, à bien vouloir légiférer, de manière responsable et en toute connaissance de cause, sur une mesure salutaire et urgente de santé publique ».
« Des milliers de vies sauvées »
La généralisation de la proposition du test de dépistage à l’ensemble de la population concernée permettrait « de réduire de façon signification les nouveaux cas et de sauver des milliers de vies », argue le retraité saint-leusien. « Roselyne Bachelot, le 6 octobre 2010, qui en avait fait une priorité de dernière minute dans son Plan national VIH/SIDA et les IST 2010-2014. Ainsi, cette mesure devait normalement, à elle seule, en tenant compte d’une étude rigoureuse et chiffrée, réduire de 50 % les nouveaux cas en cinq ans : soit environ 16 000 personnes, mais aussi réduire de 20 % la mortalité liée au sida : soit environ 1000 décès de moins dans le même temps », rappelle-t-il.
Et de déplorer : « Mais c’était malheureusement sans compter, entre autres, sur ses successeurs, comme Madame Marisol Touraine ainsi que l’actuelle ministre des Solidarités et de la Santé, Madame Agnès Buzyn, qui ont, à tour de rôle, abandonné l’idée salvatrice de concrétiser consciencieusement cette résolution !? »
Franck Mességué fustige ainsi un « funeste attentisme » alors que les avantages flagrants de cette mesure sont selon lui depuis longtemps admis. « Dans un premier temps, par le Conseil national du sida – dès le 18 décembre 1991 ». Il complète : « L’ONUSIDA, depuis son rapport de juillet 2015, a fini également par reconnaître, sans aucune équivoque, les réelles bienfaits de cette disposition de base à l’échelle mondiale ».
« Le dépistage du VIH est, et a toujours été un enjeu essentiel de la lutte contre le SIDA », indique Catherine Gaud, présidente du Corevih (Coordination Régionale de lutte contre l’infection à VIH). « L’ONU SIDA projette que si chaque séropositif était dépisté et traité correctement, l’épidémie de SIDA s’arrêterait en 2020/2030 », souligne-t-elle. Celle qui est aussi présidente de l’association Rive prône elle aussi « la proposition de dépistage systématique, selon les normes retenues », mais insiste : « surtout pas de dépistage obligatoire et contraint », ce qui serait « inutile », voire contreproductif.
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* Franck Mességué indique prendre, en raison de problèmes cardiaques, chaque jour 1 verre de jus de fruits avec 1 yaourt nature salé.