A La Réunion, le pneumologue Virgile Gazaille, exerçant au CHU de Saint-Denis, nous indique que 6% de la population réunionnaise est touchée, ce qui correspond à environ 50.000 personnes. « Plus d’un enfant sur cinq est asthmatique, 19 % des adolescents réunionnais le sont, contre 12 % en métropole et 14% des jeunes en maternelle, contre moins de 10% en métropole », précise Virgile Gazaille.
6% des adultes sont également concernés, un taux équivalent à celui de la métropole.« Il s’agit très souvent de jeunes adultes ayant déjà été asthmatiques dans leur enfance et qui connaissent ainsi un regain vers 40-45 ans », souligne-t-il. Le pneumologue confie également que l’asthme peut revenir chez les femmes, notamment en période de grossesse ou de ménopause.
L’asthme touche principalement les personnes prédisposées génétiquement. « Un enfant dont les deux parents sont asthmatiques a 1 chance sur 2 de le devenir à son tour, 25% si seul l’un des deux parents et tout de même 10% si aucun des deux n’est atteint », précise le pneumologue, tout en ajoutant que les facteurs environnementaux ne sont pas à négliger.
En cas de ‘crise d’asthme’, le malade peut utiliser de la ventoline pour ‘réouvrir les bronches’, mais « cet effet ne dure pas dans le temps. C’est pourquoi il faut impérativement penser à prendre son traitement tous les jours », confie le pneumologue. Cela permet d’éviter des crises d’asthme aigu graves, qui conduisent généralement au service de réanimation et peuvent être à l’origine de décès.
En effet, à La Réunion, au-delà d’un taux d’hospitalisation plus élevé qu’en métropole, plus de 60% d’enfants sont envoyés aux urgences, le taux de mortalité est lui aussi 2 à 3 fois plus élevé. « Entre 2003 et 2012 (dernière étude réalisée, ndlr), on a enregistré 237 décès liés à des crises d’asthme à La Réunion » , précise Virgile Gazaille.
Virgile Gazaille précise qu’« on ne peut pas lutter contre ces enfants prédisposés asthmatiques, mais on peut tendre vers de meilleurs diagnostics et de meilleures prises en charge ». Ainsi les marmailles réunionnais seront mieux traités, les hospitalisations, ainsi que les décès, pourraient être davantage évités.
C’est notamment le but de la journée organisée ce mercredi 8 mai à l’Entre-Deux par l’association Asthme & Allergies Océan Indien. Une journée sur le thème de la sensibilisation, l’information, le dépistage… Le tout encadré par de nombreux professionnels et bénévoles.
« Il faut tout d’abord noter que les symptômes sont variables dans le temps et selon l’âge », explique-t-il. L’asthme se manifeste principalement par une gêne respiratoire, une sensation d’étouffement, d’essoufflement voire même de sifflement des poumons. Une toux peut également être à l’origine d’un début d’asthme. « Il n’est donc pas toujours évident de détecter cette maladie, et ce, notamment chez les enfants, c’est pourquoi il est important d’analyser la fréquence de ces symptômes », précise Virgile Gazaille.
Le taux de mortalité est lui aussi 2 à 3 fois plus élevé
Des traitements existent pour soigner l’asthme, on parle de ‘cortico thérapie inhalée’, qui va venir réduire l’inflammation des bronches. Plus le patient est atteint, plus la dose de corticoïdes va être élevée. Récemment, pour ces asthmatiques dits ‘sévères’, qui concernent 10% des malades, un nouveau traitement a été mis en place. Il s’agit d’une injection sous-cutanée pour bloquer à la source les anti-corps et la transmission de la maladie.