A 13 heures ce vendredi 7 mai, Frédéric Foucque a été condamné à 1 an de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et 2 ans d’inéligibilité. Christian Clain a quant à lui été condamné à 1 an de sursis, 5000 euros d’amende et 2 ans d’inéligibilité. Enfin, les militants ont été condamnés à 1 an de sursis, 1000 euros d’amende et 2 ans d’inéligibilité. Le mandataire financier est quant à lui relaxé.
En fin de matinée, le procureur avait requis 1 an de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et 3 ans d’inéligibilité à l’encontre de Frédéric Fouque et Christian Clain. 6 mois de prison avec sursis, 2.000 euros d’amende et 2 ans d’inéligibilité avaient été requis à l’encontre des militants et 3 mois de prison avec sursis à l’encontre du mandataire financier.
Cinq Dionysiens se trouvaient devant la barre du tribunal correctionnel de Saint-Denis ce vendredi. Ils étaient soupçonnés d’achat de voix lors de la campagne des élections législatives de 2017. Si les prévenus sont plus ou moins connus dans la commune, la star de l’affaire est l’ancien candidat de la 1èrecirconscription, Frédéric Foucque, également ancien patron des concessions Citroën à La Réunion. Il avait remporté un peu plus de 3% aux élections, soit 800 voix.
Tous ont été entendus par les magistrats et le procureur. Parmi eux, deux militants dont l’un d’entre eux est celui qui a porté plainte à l’époque contre Frédéric Foucque, n’ayant pas reçu la somme promise pour son aide dans l’achat d’une centaine de voix à Saint-Denis. Le président d’associations très apprécié affirme que le candidat aux législatives lui avait proposé 5.000 euros pour la distribution de tracts mais aussi « payer des gens et chercher des amis pour voter pour lui ».
Une instruction qui n’aurait pas été claire mais qu’il aurait malgré tout comprise. La somme habituelle était de 200 euros ou des promesses d’embauche. Mais n’ayant obtenu que 3.500 euros (au lieu des 5.000 promis) de la part de Frédéric Foucque et ne voyant pas ses amis obtenir le moindre contrat de travail, il décide de porter plainte.
Même scénario pour le deuxième militant : entre 150 et 250 euros par voix. Mais il n’a jamais vu l’argent qui lui était dû. « S’il vous avait payé, on ne se serait jamais retrouvés ici », conclut la présidente d’audience.
Place ensuite au mandataire financier dont le rôle était de justifier les dépenses de campagne. Mais malgré l’obligation de le faire, aucun compte de campagne n’a été déposé. « L’équipe me disait que ce n’était pas grave si on n’était pas dans les temps, c’était pas grave. Vu le pourcentage qu’on a fait, on ne serait pas remboursé ». Le compte-rendu budgétaire avait donc été envoyé avec trop de retard. Sinon, « aucune anomalie constatée » par ce mandataire financier.
« C’est un peu présomptueux de penser qu’avec de l’argent, on est derrière eux dans l’isoloir »
Quant à Christian Clain, directeur de campagne, il nie avoir distribué la moindre enveloppe. « Frédéric Foucque était inconnu au bataillon, affirme-t-il, j’ai fait au mieux ». « Quel intérêt pour ces messieurs (les militants, ndlr) de mentir alors qu’ils sont aussi poursuivis ? « , interroge la présidente avant de rappeler d’autres témoignages évoquant des achats de voix.
Frédéric Foucque nie également les faits. « C’est un peu présomptueux de penser qu’avec de l’argent, on est derrière eux dans l’isoloir, déclare-t-il, je n’y crois pas ». Au sujet des promesses d’embauche : « Je ne suis pas encore arrivé à remplacer Pôle Emploi ». Il remet en question les militants qui l’accusent : « Je ne sais pas quel argent ils auraient distribué à ces gens car ça ne vient pas de moi ». Il maintient donc sa position malgré les déclarations des militants prévenus qui maintiennent également la leur.
Pour le procureur, Eric Tuffery, l’achat de votes est une « tradition » à La Réunion dans « un contexte de chômage élevé dans des quartiers comme les Camélias, le Butor ou encore certains quartiers de Bellepierre et certains candidats en profitent ».
Du côté de la défense, Me Béatrice Boyer-Bigot dénonce le manque de preuves d’achat de voix : « Quatre personnes en parlent mais aucune preuve ne figure dans le dossier et lorsqu’on leur demande si leur vote était libre, ils affirment que oui ». Elle rappelle également le contexte politique pour expliquer la « vengeance » des militants qui ont porté plainte : « Ils ont fini par rejoindre le candidat adverse, Me Jean-Jacques Morel et c’est lui qui a déposé les plaintes. En 2017, ils se présentent en victimes mais se retrouvent prévenus. Ils sont donc aujourd’hui obligés d’aller jusqu’au bout ».