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14 février

Je me demande ce qui me tracasse aujourd’hui. Le calendrier affiche un numéro, celle de la page arrachée aussi. Prise dans des rêveries, je prends encore mon stylo pour noircir cette page blanche. Je n’ai qu’elle comme compagne secrète : à qui je confie mes interrogations, mes désirs aussi. Tu me connais déjà depuis un bout […]

Ecrit par Kayam – le mardi 14 février 2023 à 09H53

Je me demande ce qui me tracasse aujourd’hui. Le calendrier affiche un numéro, celle de la page arrachée aussi. Prise dans des rêveries, je prends encore mon stylo pour noircir cette page blanche. Je n’ai qu’elle comme compagne secrète : à qui je confie mes interrogations, mes désirs aussi.

Tu me connais déjà depuis un bout de temps. C’est vers toi que j’aime venir car je sais que ton silence est précieux et que c’est une histoire entre toi et moi. Je me trouve pas mal comme fille, mes parents et mes amies me disent souvent que j’ai des qualités : des fois je me dis que c’est juste de l’amour normal pour moi et vu mon âge, c’est pour toujours m’encourager à espérer.

Bien des fois je t’ai raconté mes tourments. Aujourd’hui c’est pour te dire que je n’en peux plus.

Je suis fatiguée de toujours attendre que l’on me remarque autrement ; qu’il pose enfin un regard sur moi. Ne me demande pas c’est qui il et c’est quoi son prénom : je ne le connais même pas, je ne le connais pas encore.

Tu n’es pas au courant mais dans les journaux, dans les magasins, à la télé, sur les sites : ils ne parlent que de ça… avec les publicités, les cœurs, les mains enlacées… Tout cela ne me concerne pas et je me demande si toutes ces personnes qui font ces publicités-là ont une idée de ce que je ressens. Ces campagnes de communication ne voient que d’un seul œil. Elles sont loin des âmes meurtries. J’aime à croire que je ne suis pas la seule et qu’il y a également des jeunes hommes qui sont dans le même cas.

Tu sais, bien souvent je voudrais faire le premier pas mais j’ai peur qu’il s’en moque et qu’il me fasse encore pleurer. Bien sûr, seul toi et moi le saurons car je ne veux pas être humiliée.

Cher journal,

Aujourd’hui c’est encore un autre 14 février. La fête des amoureux qu’on dit (soupirs plaintifs) et moi je suis désespérément seule.

Dans mon coin : avec mon téléphone éteint car il n’y aura personne qui m’appellera — avec un vieux stylo car les bijoux, les sorties au restaurant et autres gâteries ne me sont pas destinés — avec l’envie d’avancer les heures de cette interminable journée ; qui vient pourtant juste de commencer.

Il est sept heures du matin. Maman est prête pour aller travailler. Quand je la regarde, je la trouve belle même avec ses rides au coin de ses yeux : toujours bien habillée, bien coiffée, bien maquillée ! et je me dis que Papa a eu beaucoup de chance de la rencontrer. Ce soir, en arrivant il lui donnera un bisou ; posé délicatement sur ses lèvres et une petite caresse sur sa joue. Je trouve que c’est juste beau cet Amour simple.

À six heures ce soir, sur mon trajet me ramenant à la maison, j’aurai des souvenirs brûlants de peine d’avoir vu des couples s’enlacer, se tenant par la main, alors que je déambulais seule pour m’acheter un nouveau bloc-notes et en feignant un vrai Merci, grimaçant un sourire à un « Bonne fête des Amoureux » lancé par le serveur…

Papa me demandera si la journée au travail s’est bien passé … ouais au travail !

Maman me fera un long câlin en cachant également sa peine de me voir encore jeter le bracelet style-mode de célibataire porté autour du poignet et elle me dira profondément et très sincèrement : Chérie, JE T’AIME ! — que j’aimerai entendre d’une autre voix également. Celle de il.

Moi…moi, empêchant mes larmes de couler devant mes parents, j’irais dans ma chambre prétextant n’avoir envie de rien : me réconfortant dans mon mensonge ; dans lequel je me réfugie avec une honte inavouable… que seul toi connaît, cher journal.

Aujourd’hui c’est encore un autre 14 février. La fête des amoureux qu’on dit (haussement d’épaules fataliste). Je suis dans mon lit avec des draps trop bien tirés pendant que les lits et les nuits dans les chambres d’hôtel sont ravagés et en bataille — en pyjama car personne ne m’offre une tenue sexy pour ensuite m’en débarrasser — dans mon esprit où tout est question : pourquoi je n’ai pas la chance de connaître un 14 février — dans mon cœur ou règnent la tristesse, l’attente et surtout le doute de moi-même.

Je te laisse, ami précieux. — Dis, tu crois que toutes les campagnes autour du 14 février penseront un jour aux célibataires ? Et mettront en avant nos tristesses ? Et dis, tu penses que l’année prochaine je mettrais des cœurs roses autour de ta page ? Cela fait plusieurs années que je te pose la même question avec le cœur gros. — Comment on fait encore tous les deux ? Ah oui ! Je rajoute un an à celui de l’année dernière… tu te rends compte cher journal, j’ai 28 ans et je reste désespérément seule et j’ai mal. Pour toutes les personnes qui sont comme moi, c’est un cruel désespoir.

10 ans de pages accumulées en date du 14 février… vivement que je les relise avec le père de mes enfants qui se moquera gentiment de moi…Allez…je garde espoir !

Dans dix minutes ce sera un autre jour. Je l’ai encore survécu ce foutu 14/02. Je vais prendre une feuille blanche pour te laisser tranquille et merci d’être là pour moi.

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