C’était une des promesses faites aux Gilets jaunes par Annick Girardin lors de son séjour à la Réunion : la nomination d’un délégué à la concurrence en Outre-mer. Nommé à la mi-décembre, Francis Amand est arrivé hier matin dans notre ile.
Sa mission ? Renforcer la transparence des prix en Outre-mer par la lutte contre les pratiques commerciales déloyales. Au premier rang desquelles les situations de monopoles ou de monopoles déguisés, c’est-à-dire quand deux sociétés sont en apparence en concurrence mais où elles s’entendent sur les prix pour les maintenir à un niveau élevé.
L’octroi de mer a bon dos à la Réunion. Quand vous interrogez un commerçant ou un importateur sur les causes des écarts de prix, parfois énormes, la réponse est toujours la même : l’octroi de mer ! Facile ! Et parfois, on ajoute : le coût du fret.
En réalité, l’octroi de mer ne représente qu’une infime partie des surcoûts sur les produits de première nécessité puisque, sur ces produits, le taux est soit très faible, soit même de zéro. Il y a certes le coût du fret, mais la différence provient surtout des marges bien supérieures à La Réunion sur certains produits que ce que l’on trouve en métropole.
Sinon, comment expliquer par exemple que le ciment importé vaille bien plus cher à la Réunion qu’à Maurice ? Alors que le coût du fret est identique ?
En octobre dernier, l'Autorité de la Concurrence avait pointé du doigt le prix anormalement élevé des matériaux de construction dans notre île. La différence est en moyenne de 39%. Ciment, granulats, enduits de façade, bois de charpente, tôles de toiture ou carreaux de céramique : tous ces matériaux coûtent plus d’un tiers plus cher !
Dans son analyse, l’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus (OMPR) de la Réunion n’incrimine que très peu l’octroi de mer ou le fret. Non, selon lui, ces écarts de prix très importants seraient dus au faible nombre d’acteurs sur le marché, qui interviennent parfois en tant qu’importateurs mais aussi de distributeurs, sous des noms différents pour donner l’illusion d’une concurrence. Ce qui leur permet d’appliquer des marges astronomiques, qui peuvent représenter jusqu’à 80 % ou 100 % du prix, voire même au-delà, selon une étude de la Dieccte.
Oui, vous avez bien entendu ! Plus de 100% ! Ce taux est par exemple de 90% pour le ciment !
Or, ces matériaux interviennent pour environ 30% dans le coût de construction d’une maison !
Imaginez le nombre de logements que l’on pourrait construire en plus si l’on payait ces matériaux à leur juste prix !
Et ce n’est pas tout. L’Observatoire remarque également que l’on applique les mêmes normes de construction à la Réunion qu’en métropole. Par exemple, dans le domaine de l’isolation phonique. On peut comprendre des exigences élevées en métropole où les habitations donnent souvent sur des rues très bruyantes, mais beaucoup moins à La Réunion où les portes et fenêtres restent souvent ouvertes pour lutter contre la chaleur !
Diminuer les normes pourrait réduire d’autant le coût de construction d’une maison, note l’Observatoire…
Est-ce que la venue de ce délégué sera suffisant pour calmer les Gilets jaunes ? Pas sûr…
Tout dépendra des actions concrètes qui seront mise en œuvre par le gouvernement pour changer radicalement le système et montrer sa détermination à donner un grand coup de pied dans la fourmilière.
Et il lui faudra agir vite car il y a urgence et les Réunionnais n’auront pas la patience d’attendre encore longtemps.
D’autant que, entre-temps, d’autres situations de monopole apparaissent… Corsair, qui assurait depuis des années la liaison entre La Réunion et Madagascar, ce qui avait permis de faire significativement baisser les prix, a été contraint de fermer sa ligne en fin de semaine dernière suite à des pressions d’Air Madagascar et d’Air Austral sur le gouvernement malgache. Du coup, ces deux compagnies, qui sont maintenant associées, vont se retrouver en situation de monopole.
Comme c’est déjà le cas sur Mayotte une bonne partie de l’année. Or l’exemple de Mayotte est vraiment instructif. Quand Corsair est présent, les prix baissent. Dès qu’il disparait, les prix remontent fortement…
Vive la concurrence !
Sa mission ? Renforcer la transparence des prix en Outre-mer par la lutte contre les pratiques commerciales déloyales. Au premier rang desquelles les situations de monopoles ou de monopoles déguisés, c’est-à-dire quand deux sociétés sont en apparence en concurrence mais où elles s’entendent sur les prix pour les maintenir à un niveau élevé.
L’octroi de mer a bon dos à la Réunion. Quand vous interrogez un commerçant ou un importateur sur les causes des écarts de prix, parfois énormes, la réponse est toujours la même : l’octroi de mer ! Facile ! Et parfois, on ajoute : le coût du fret.
En réalité, l’octroi de mer ne représente qu’une infime partie des surcoûts sur les produits de première nécessité puisque, sur ces produits, le taux est soit très faible, soit même de zéro. Il y a certes le coût du fret, mais la différence provient surtout des marges bien supérieures à La Réunion sur certains produits que ce que l’on trouve en métropole.
Sinon, comment expliquer par exemple que le ciment importé vaille bien plus cher à la Réunion qu’à Maurice ? Alors que le coût du fret est identique ?
En octobre dernier, l'Autorité de la Concurrence avait pointé du doigt le prix anormalement élevé des matériaux de construction dans notre île. La différence est en moyenne de 39%. Ciment, granulats, enduits de façade, bois de charpente, tôles de toiture ou carreaux de céramique : tous ces matériaux coûtent plus d’un tiers plus cher !
Dans son analyse, l’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus (OMPR) de la Réunion n’incrimine que très peu l’octroi de mer ou le fret. Non, selon lui, ces écarts de prix très importants seraient dus au faible nombre d’acteurs sur le marché, qui interviennent parfois en tant qu’importateurs mais aussi de distributeurs, sous des noms différents pour donner l’illusion d’une concurrence. Ce qui leur permet d’appliquer des marges astronomiques, qui peuvent représenter jusqu’à 80 % ou 100 % du prix, voire même au-delà, selon une étude de la Dieccte.
Oui, vous avez bien entendu ! Plus de 100% ! Ce taux est par exemple de 90% pour le ciment !
Or, ces matériaux interviennent pour environ 30% dans le coût de construction d’une maison !
Imaginez le nombre de logements que l’on pourrait construire en plus si l’on payait ces matériaux à leur juste prix !
Et ce n’est pas tout. L’Observatoire remarque également que l’on applique les mêmes normes de construction à la Réunion qu’en métropole. Par exemple, dans le domaine de l’isolation phonique. On peut comprendre des exigences élevées en métropole où les habitations donnent souvent sur des rues très bruyantes, mais beaucoup moins à La Réunion où les portes et fenêtres restent souvent ouvertes pour lutter contre la chaleur !
Diminuer les normes pourrait réduire d’autant le coût de construction d’une maison, note l’Observatoire…
Est-ce que la venue de ce délégué sera suffisant pour calmer les Gilets jaunes ? Pas sûr…
Tout dépendra des actions concrètes qui seront mise en œuvre par le gouvernement pour changer radicalement le système et montrer sa détermination à donner un grand coup de pied dans la fourmilière.
Et il lui faudra agir vite car il y a urgence et les Réunionnais n’auront pas la patience d’attendre encore longtemps.
D’autant que, entre-temps, d’autres situations de monopole apparaissent… Corsair, qui assurait depuis des années la liaison entre La Réunion et Madagascar, ce qui avait permis de faire significativement baisser les prix, a été contraint de fermer sa ligne en fin de semaine dernière suite à des pressions d’Air Madagascar et d’Air Austral sur le gouvernement malgache. Du coup, ces deux compagnies, qui sont maintenant associées, vont se retrouver en situation de monopole.
Comme c’est déjà le cas sur Mayotte une bonne partie de l’année. Or l’exemple de Mayotte est vraiment instructif. Quand Corsair est présent, les prix baissent. Dès qu’il disparait, les prix remontent fortement…
Vive la concurrence !