Laurent Zuchowicz, le procureur de la République de Saint-Pierre s’apprête à quitter l’ile pour prendre de nouvelles fonctions à la Rochelle. Et il devrait être rapidement suivi par Eric Tuffery, son homologue de Saint-Denis.
A cette occasion, Laurent Zuchowicz a accordé hier une longue interview au Quotidien.
Il en ressort que c’est l’affaire Aho Nienne qui a le plus marqué ses 7 ans de présence à La Réunion. Vous vous souvenez, ce meurtre abominable de deux gramounes que tout le monde appréciait dans leur quartier.
Laurent Zuchowicz a également été interrogé sur le doute, un sentiment qui doit être omniprésent dans la vie d’un procureur. La personne qui est devant moi est-elle coupable ou non-coupable ?
Là aussi, le procureur cite plusieurs exemples. Notamment celui d’un homme qui s’était porté lui-même un coup de couteau alors que tout le monde pensait que c’était sa femme qui l’avait agressé. Il avait finalement avoué mais, s’interroge le procureur, que se serait-il passé s’il était mort ? La preuve de l’innocence de sa femme aurait été très difficile à établir.
De même, il rapporte le cas de ce couple accusé par le voisinage de maltraitance sur son enfant. Alors qu’il s’est avéré, après enquête, qu’il souffrait en réalité d’une maladie rare, ce qui expliquait son état.
Mais il y a une question qui n’a pas été posée au procureur, celle des relations de la justice avec les hommes politiques.
Régulièrement, la presse et la chambre régionale des comptes font état de faits graves que l’on peut reprocher à certains élus ou à certaines personnalités en vue.
Parfois, il arrive même que des plaintes soient portées. Je sais de quoi je parle puisque j’en ai moi-même porté plusieurs. Dont l’une justement à M. Zuchowicz, concernant un maire de l’ouest. Pour des faits s’appuyant sur les aveux d’une des personnes concernées, on va dire son complice pour simplifier, au cours d’un procès devant une juridiction métropolitaine.
Or, bizarrement, aucune de ces affaires n’aboutit. Soit elles sont classées sans suite, soit on n’en a plus aucune nouvelle et elles tombent dans les oubliettes de l’oubli.
Ce qui amène le citoyen à s’interroger. Pour quelles raisons ? Est-ce parce qu’il s’agit d’un élu ? Un autre citoyen aurait-il été traité de la même sorte ?
Prenons un autre exemple. Tout le monde est au courant de maires qui emploient des membres de leurs familles. Récemment, Jacques Tillier dans le JIR a dénoncé Gilbert Annette pour avoir embauché celle qui allait devenir sa femme quelques mois plus tard, puis qui lui avait accordé une promotion hors normes, qui l’avait CDIsée illégalement comme le tribunal administratif l’a ensuite signifié. Et qui a également embauché la fille de sa femme et la fiancée de son fils. Or, curieusement, aucune poursuite n’a été engagée contre lui pour prise illégale d’intérêt.
Lorsque je m’étais penché sur le sujet il y a de cela quelques années, j’étais tombé sur une jurisprudence édifiante de la cour de cassation. Il s’agissait d’un maire métropolitain qui s’apprêtait à accorder une promotion à l’une de ses employées. Toute la procédure avait été enclenchée et il ne lui restait plus qu’à signer l’arrêté. Malheureusement, les élections sont passées par là et il n’en a pas eu le temps. Or, il se trouve que c’est le père de l’employée en question qui a été élu à sa place et qui a donc juste signé l’arrêté préparé par son prédécesseur. Ça ne l’a pas empêché d’être condamné pour prise illégale d’intérêt.
La crise des gilets jaunes a montré que la population en a assez de tous ces passe-droits, de toutes ces magouilles. Et la Justice gagnerait en crédibilité si elle se décidait enfin à sanctionner durement, une fois pour toutes, tous ces élus, je dis bien tous ces élus, qui embauchent les membres de leurs familles proches. Et non pas en tapant sur quelques élus, souvent sur les mêmes d’ailleurs, sans qu’on comprenne bien pourquoi ceux-là et pas les autres.
D’où les soupçons de copinage entre la Justice et les élus.
Même si ce n’est pas le cas, ce que je veux bien croire, il faut bien avouer que la Justice donne souvent le bâton pour se faire battre…
A cette occasion, Laurent Zuchowicz a accordé hier une longue interview au Quotidien.
Il en ressort que c’est l’affaire Aho Nienne qui a le plus marqué ses 7 ans de présence à La Réunion. Vous vous souvenez, ce meurtre abominable de deux gramounes que tout le monde appréciait dans leur quartier.
Laurent Zuchowicz a également été interrogé sur le doute, un sentiment qui doit être omniprésent dans la vie d’un procureur. La personne qui est devant moi est-elle coupable ou non-coupable ?
Là aussi, le procureur cite plusieurs exemples. Notamment celui d’un homme qui s’était porté lui-même un coup de couteau alors que tout le monde pensait que c’était sa femme qui l’avait agressé. Il avait finalement avoué mais, s’interroge le procureur, que se serait-il passé s’il était mort ? La preuve de l’innocence de sa femme aurait été très difficile à établir.
De même, il rapporte le cas de ce couple accusé par le voisinage de maltraitance sur son enfant. Alors qu’il s’est avéré, après enquête, qu’il souffrait en réalité d’une maladie rare, ce qui expliquait son état.
Mais il y a une question qui n’a pas été posée au procureur, celle des relations de la justice avec les hommes politiques.
Régulièrement, la presse et la chambre régionale des comptes font état de faits graves que l’on peut reprocher à certains élus ou à certaines personnalités en vue.
Parfois, il arrive même que des plaintes soient portées. Je sais de quoi je parle puisque j’en ai moi-même porté plusieurs. Dont l’une justement à M. Zuchowicz, concernant un maire de l’ouest. Pour des faits s’appuyant sur les aveux d’une des personnes concernées, on va dire son complice pour simplifier, au cours d’un procès devant une juridiction métropolitaine.
Or, bizarrement, aucune de ces affaires n’aboutit. Soit elles sont classées sans suite, soit on n’en a plus aucune nouvelle et elles tombent dans les oubliettes de l’oubli.
Ce qui amène le citoyen à s’interroger. Pour quelles raisons ? Est-ce parce qu’il s’agit d’un élu ? Un autre citoyen aurait-il été traité de la même sorte ?
Prenons un autre exemple. Tout le monde est au courant de maires qui emploient des membres de leurs familles. Récemment, Jacques Tillier dans le JIR a dénoncé Gilbert Annette pour avoir embauché celle qui allait devenir sa femme quelques mois plus tard, puis qui lui avait accordé une promotion hors normes, qui l’avait CDIsée illégalement comme le tribunal administratif l’a ensuite signifié. Et qui a également embauché la fille de sa femme et la fiancée de son fils. Or, curieusement, aucune poursuite n’a été engagée contre lui pour prise illégale d’intérêt.
Lorsque je m’étais penché sur le sujet il y a de cela quelques années, j’étais tombé sur une jurisprudence édifiante de la cour de cassation. Il s’agissait d’un maire métropolitain qui s’apprêtait à accorder une promotion à l’une de ses employées. Toute la procédure avait été enclenchée et il ne lui restait plus qu’à signer l’arrêté. Malheureusement, les élections sont passées par là et il n’en a pas eu le temps. Or, il se trouve que c’est le père de l’employée en question qui a été élu à sa place et qui a donc juste signé l’arrêté préparé par son prédécesseur. Ça ne l’a pas empêché d’être condamné pour prise illégale d’intérêt.
La crise des gilets jaunes a montré que la population en a assez de tous ces passe-droits, de toutes ces magouilles. Et la Justice gagnerait en crédibilité si elle se décidait enfin à sanctionner durement, une fois pour toutes, tous ces élus, je dis bien tous ces élus, qui embauchent les membres de leurs familles proches. Et non pas en tapant sur quelques élus, souvent sur les mêmes d’ailleurs, sans qu’on comprenne bien pourquoi ceux-là et pas les autres.
D’où les soupçons de copinage entre la Justice et les élus.
Même si ce n’est pas le cas, ce que je veux bien croire, il faut bien avouer que la Justice donne souvent le bâton pour se faire battre…