
En préambule, Bernard Bonnet, l’un des co-coordonnateurs d'Oasis Réunion, tient à définir le cadre de la présentation des travaux de Gilles Billen, directeur de recherche au CNRS, sur la possibilité pour La Réunion d’atteindre l’autonomie alimentaire. "Ce n’est pas un débat politique mais une rencontre de communication sincère, claire, technique et scientifique", précise Bernard Bonnet. Élus, représentants de mairies, des institutions ou simples citoyens, au total, une trentaine de personnes ont répondu à l’invitation à la réunion Zoom.
En moins d’une heure, Gilles Billen, qui a dirigé dix thèses et s’est penché sur la possibilité d’avoir une agriculture sans pesticide ni engrais chimique mais surtout capable de nourrir une population dans un territoire limitée tout en ayant le moins d’impact sur l’environnement, a évoqué la situation réunionnaise.
Avec une démographie plus importante qu’en métropole et des ressources en surface agricoles moindres, La Réunion peut-elle aussi être autonome au niveau alimentaire ? Scientifiquement, le défi est réalisable, mais il demande des changement majeur d'affectation des sols cultivés, en plus d'une diminution des produits d'origine animale. Contacté au mois de mars par le collectif, Gilles Billen a donc employé la méthode GRAFS (Generalized Representation of Agro-Food Systems) qui fournit un cadre de représentation des relations entre agriculture, élevage et consommation alimentaire au sein d’un territoire. L’unité retenue est l’azote . "Il fallait une unité unique pour représenter ces flux d’approvisionnement alimentaire. Pour renouveler ses tissus, un être humain doit ingérer une dizaine de grammes d’azote protéiques", précise le biogéochimiste.
Une dépendance aux importations
En se penchant sur notre système alimentaire actuel, les importations sont la pierre angulaire. "70 % des besoins des hommes et des animaux proviennent des importations", résume Gilles Billen. Le scientifique constate que les protéines animales ont une place prépondérante dans l’alimentation réunionnaise. L’OMS recommande pourtant un régime alimentaire limitant les protéines. Un régime avec plus de 70 % de protéines d’origine animale, comme ceux des pays industrialisés, est nuisible pour la santé.
Pour s’approcher de l’autonomie alimentaire, le scientifique voit notamment un changement de régime alimentaire, avec moins de protéines animales. Un changement des cultures actuelles. Les élevages actuels doivent aussi se transformer avec un mode d’alimentation moins basé sur les importations et un accès aux cultures. Le retour des excréments "animaux comme humains" doivent être utilisés au maximum pour pallier les engrais chimiques
En ce qui concerne les cultures, actuellement, 10 800 ha sont dédiés aux prairies et pâturages permanents, 10 500 ha aux cultures fruitières et maraichères, 22 700 ha à la canne à sucre en monoculture, 3800 ha pour les autres cultures et 6800 ha pour les friches. Un système de cultures alternatif et en rotation s’impose à la place de la monoculture de la canne.
Trois scénarios pour l’autosuffisance alimentaire
C’est en jouant sur ces trois leviers que trois scénarios sont mis en avant. Pour atteindre, l’autonomie alimentaire, la consommation en protéines animales doit diminuer, La Réunion doit pouvoir fournir la nourriture à ses cheptels et autres élevages pour diminuer leur nourriture en grande partie importée. Gilles Billen voit un scénario de transition à l’horizon 2030 pour atteindre un taux de dépendance aux importations de l’ordre de 16 %, contre 70 % actuellement. L’équation est simple : le régime alimentaire en protéines animales doit se limiter à 30 % et 50 % des prairies permanentes doivent être converties en grandes cultures.
Pour atteindre une dépendance aux importations nulle, deux scénarios sont mis en avant, l’un avec abandonnant la culture de canne à sucre et l'autre en la limitant. Pour le premier, notre consommation de protéine animale doit atteindre les 20 % contre 15 % pour le second. Dans les deux cas, 50 % des prairies permanentes doivent être converties en grandes cultures.
Sur papier, les solutions scientifiques existent, encore faut-il les appliquer.
En moins d’une heure, Gilles Billen, qui a dirigé dix thèses et s’est penché sur la possibilité d’avoir une agriculture sans pesticide ni engrais chimique mais surtout capable de nourrir une population dans un territoire limitée tout en ayant le moins d’impact sur l’environnement, a évoqué la situation réunionnaise.
Avec une démographie plus importante qu’en métropole et des ressources en surface agricoles moindres, La Réunion peut-elle aussi être autonome au niveau alimentaire ? Scientifiquement, le défi est réalisable, mais il demande des changement majeur d'affectation des sols cultivés, en plus d'une diminution des produits d'origine animale. Contacté au mois de mars par le collectif, Gilles Billen a donc employé la méthode GRAFS (Generalized Representation of Agro-Food Systems) qui fournit un cadre de représentation des relations entre agriculture, élevage et consommation alimentaire au sein d’un territoire. L’unité retenue est l’azote . "Il fallait une unité unique pour représenter ces flux d’approvisionnement alimentaire. Pour renouveler ses tissus, un être humain doit ingérer une dizaine de grammes d’azote protéiques", précise le biogéochimiste.
Une dépendance aux importations
En se penchant sur notre système alimentaire actuel, les importations sont la pierre angulaire. "70 % des besoins des hommes et des animaux proviennent des importations", résume Gilles Billen. Le scientifique constate que les protéines animales ont une place prépondérante dans l’alimentation réunionnaise. L’OMS recommande pourtant un régime alimentaire limitant les protéines. Un régime avec plus de 70 % de protéines d’origine animale, comme ceux des pays industrialisés, est nuisible pour la santé.
Pour s’approcher de l’autonomie alimentaire, le scientifique voit notamment un changement de régime alimentaire, avec moins de protéines animales. Un changement des cultures actuelles. Les élevages actuels doivent aussi se transformer avec un mode d’alimentation moins basé sur les importations et un accès aux cultures. Le retour des excréments "animaux comme humains" doivent être utilisés au maximum pour pallier les engrais chimiques
En ce qui concerne les cultures, actuellement, 10 800 ha sont dédiés aux prairies et pâturages permanents, 10 500 ha aux cultures fruitières et maraichères, 22 700 ha à la canne à sucre en monoculture, 3800 ha pour les autres cultures et 6800 ha pour les friches. Un système de cultures alternatif et en rotation s’impose à la place de la monoculture de la canne.
Trois scénarios pour l’autosuffisance alimentaire
C’est en jouant sur ces trois leviers que trois scénarios sont mis en avant. Pour atteindre, l’autonomie alimentaire, la consommation en protéines animales doit diminuer, La Réunion doit pouvoir fournir la nourriture à ses cheptels et autres élevages pour diminuer leur nourriture en grande partie importée. Gilles Billen voit un scénario de transition à l’horizon 2030 pour atteindre un taux de dépendance aux importations de l’ordre de 16 %, contre 70 % actuellement. L’équation est simple : le régime alimentaire en protéines animales doit se limiter à 30 % et 50 % des prairies permanentes doivent être converties en grandes cultures.
Pour atteindre une dépendance aux importations nulle, deux scénarios sont mis en avant, l’un avec abandonnant la culture de canne à sucre et l'autre en la limitant. Pour le premier, notre consommation de protéine animale doit atteindre les 20 % contre 15 % pour le second. Dans les deux cas, 50 % des prairies permanentes doivent être converties en grandes cultures.
Sur papier, les solutions scientifiques existent, encore faut-il les appliquer.