Cela fait maintenant plusieurs semaines que les historiens et associations y vont chacun de leur surenchère, soit pour s’assurer que la statue de Mahé de Labourdonnais reste bien ancrée sur le littoral de Saint-Denis, soit pour qu’elle soit déplacée à la Caserne Lambert. On a tout vu : des pamphlets, des poèmes, une lettre écrite d’une main momifiée et même une vidéo de l’ancien gouverneur qui plaidait son cas d’outre-tombe !
Mais il faut rappeler que la maire de Saint-Denis a obtenu l’accord du gouvernement pour mettre en place son plan de rénovation et de déplacement. Ericka Bareigts a confirmé qu’elle mènerait à bien la réhabilitation de ce square “moche et abandonné” (moins que le Pôle Océan, ceci dit) même sans les fonds européens que la Région lui avait dans un premier temps refusés. Une posture qu’elle n’aura pas eu à tenir longtemps car la majorité régionale a finalement fait volte-face et a voté ce matin la subvention demandée par l’édile dionysienne.
Et c’est d’ailleurs cette saga politique de trois semaines qui va nous intéresser aujourd’hui. Nous allons donc un instant laisser les historiens guerroyer sur leur vision et la visibilité de l’Histoire (en ce mois des visibilités des personnes bien vivantes) pour jeter un œil sur l’avenir et sur les conséquences des positionnements pris par chacun en vue des prochaines élections.
Mais il faut rappeler que la maire de Saint-Denis a obtenu l’accord du gouvernement pour mettre en place son plan de rénovation et de déplacement. Ericka Bareigts a confirmé qu’elle mènerait à bien la réhabilitation de ce square “moche et abandonné” (moins que le Pôle Océan, ceci dit) même sans les fonds européens que la Région lui avait dans un premier temps refusés. Une posture qu’elle n’aura pas eu à tenir longtemps car la majorité régionale a finalement fait volte-face et a voté ce matin la subvention demandée par l’édile dionysienne.
Et c’est d’ailleurs cette saga politique de trois semaines qui va nous intéresser aujourd’hui. Nous allons donc un instant laisser les historiens guerroyer sur leur vision et la visibilité de l’Histoire (en ce mois des visibilités des personnes bien vivantes) pour jeter un œil sur l’avenir et sur les conséquences des positionnements pris par chacun en vue des prochaines élections.
La maire de Saint-Denis au front
Ericka Bareigts est une savante politique, autrice de deux très belles récentes campagnes électorales. L’une à la mairie de Saint-Denis en 2020, où elle avait rempli le Stade de l’Est, un coup de force médiatique dès l’inauguration de sa campagne. L'autre en 2021 avec une tournée en bus qui avait aussi marqué les élections régionales. Elle avait même obtenu des soutiens qui lui auraient permis de remplir le parc ExpoBat. Di pa mwin Ericka i gom bébé.
L’ancienne ministre des Outre-mer a aussi montré une grande prudence. C’était le cas durant l’entre-deux-tours des municipales où elle s’était alliée à Nassimah Dindar malgré une victoire mathématiquement acquise contre Didier Robert. Mais elle a aussi pris beaucoup de précaution durant les tractations pour le conseil communautaire du Nord en laissant Maurice Gironcel prendre la tête de la CINOR au lieu d’y installer un lieutenant plus proche. Une erreur qu’a commise Annette Stark à l’époque.
Ericka Bareigts a aussi concédé la défaite au terme du premier tour des élections régionales. Comme Patrick Lebreton, elle s’est rangée derrière Huguette Bello. Même si le sourire n’y était pas.
Ericka Bareigts est une savante politique, autrice de deux très belles récentes campagnes électorales. L’une à la mairie de Saint-Denis en 2020, où elle avait rempli le Stade de l’Est, un coup de force médiatique dès l’inauguration de sa campagne. L'autre en 2021 avec une tournée en bus qui avait aussi marqué les élections régionales. Elle avait même obtenu des soutiens qui lui auraient permis de remplir le parc ExpoBat. Di pa mwin Ericka i gom bébé.
L’ancienne ministre des Outre-mer a aussi montré une grande prudence. C’était le cas durant l’entre-deux-tours des municipales où elle s’était alliée à Nassimah Dindar malgré une victoire mathématiquement acquise contre Didier Robert. Mais elle a aussi pris beaucoup de précaution durant les tractations pour le conseil communautaire du Nord en laissant Maurice Gironcel prendre la tête de la CINOR au lieu d’y installer un lieutenant plus proche. Une erreur qu’a commise Annette Stark à l’époque.
Ericka Bareigts a aussi concédé la défaite au terme du premier tour des élections régionales. Comme Patrick Lebreton, elle s’est rangée derrière Huguette Bello. Même si le sourire n’y était pas.
La Gauche prise dans ses chaînes
L’union de dernière minute, qui a donné à la Gauche sa majorité et a ousté le président sortant, ne semblait pas être d’une solidité à toute épreuve et ce dès les premiers instants. Les visages n’étaient pas illuminés, pleins d’espoir et prêts à la conquête durant l’entre-deux-tours, à part celui de la maestra.
L’union de Gauche d’entre-deux-tours aurait d’ailleurs peut-être bien échoué pour les deuxièmes Régionales de suite sans la masterclass de Michel Fontaine, le baron du Sud. L’architecte avec un grand “A” de l’un des plus grands retournements de situation des soirées électorales de La Réunion.
L’union de dernière minute, qui a donné à la Gauche sa majorité et a ousté le président sortant, ne semblait pas être d’une solidité à toute épreuve et ce dès les premiers instants. Les visages n’étaient pas illuminés, pleins d’espoir et prêts à la conquête durant l’entre-deux-tours, à part celui de la maestra.
L’union de Gauche d’entre-deux-tours aurait d’ailleurs peut-être bien échoué pour les deuxièmes Régionales de suite sans la masterclass de Michel Fontaine, le baron du Sud. L’architecte avec un grand “A” de l’un des plus grands retournements de situation des soirées électorales de La Réunion.
Bras de fer en gants de velours
Mais derrière les portes de la salle de la commission permanente, plus de raison de maintenir les apparences. Le désaccord est réel entre la présidente de la Région et la maire de Saint-Denis, deux des femmes politiques les plus puissantes de La Réunion.
Les propos d’Huguette Bello, lors de la réunion du 5 mai, ont finalement fuité dans une presse très bien informée. La présidente de Région a dénoncé un “révisionnisme à l’envers” et s’est prononcée contre le “déboulonnage de la statue” en déplorant des “actes qui font du mal”. Huguette Bello a donc clairement condamné par contumace Ericka Bareigts lors de cette audience à huis clos.
Piquée au vif, la maire de Saint-Denis se fend d’une conférence de presse. Elle décide d’abord de jouer l’apaisement et déclare ne faire que “prendre acte” de la décision de la Région. Puis, comme l’aurait fait Elisabeth Harmon, elle ne cible pas la reine, mais sa tour. Patrick Lebreton se retrouve dans son viseur.
Ericka Bareigts s’interroge sur sa présence lors du comité d’examen qui a validé la demande de financement. Mais la Région répond du tac au tac dans un communiqué affirmant que le premier vice-président ne faisait pas partie du comité cité.
La présidence de la Pyramide inversée ne réagira sur aucun autre point soulevé pendant la conférence de presse. Pas même sur la remarque d’Ericka Bareigts qui a souligné que le financement demandé par la mairie ne concernait que le réaménagement du square et non le déplacement de la statue. Pourtant, la Région a décidé de surseoir sa décision, le temps d'avoir plus d’informations sur le déboulonnage de Mahé de Labourdonnais.
Mais derrière les portes de la salle de la commission permanente, plus de raison de maintenir les apparences. Le désaccord est réel entre la présidente de la Région et la maire de Saint-Denis, deux des femmes politiques les plus puissantes de La Réunion.
Les propos d’Huguette Bello, lors de la réunion du 5 mai, ont finalement fuité dans une presse très bien informée. La présidente de Région a dénoncé un “révisionnisme à l’envers” et s’est prononcée contre le “déboulonnage de la statue” en déplorant des “actes qui font du mal”. Huguette Bello a donc clairement condamné par contumace Ericka Bareigts lors de cette audience à huis clos.
Piquée au vif, la maire de Saint-Denis se fend d’une conférence de presse. Elle décide d’abord de jouer l’apaisement et déclare ne faire que “prendre acte” de la décision de la Région. Puis, comme l’aurait fait Elisabeth Harmon, elle ne cible pas la reine, mais sa tour. Patrick Lebreton se retrouve dans son viseur.
Ericka Bareigts s’interroge sur sa présence lors du comité d’examen qui a validé la demande de financement. Mais la Région répond du tac au tac dans un communiqué affirmant que le premier vice-président ne faisait pas partie du comité cité.
La présidence de la Pyramide inversée ne réagira sur aucun autre point soulevé pendant la conférence de presse. Pas même sur la remarque d’Ericka Bareigts qui a souligné que le financement demandé par la mairie ne concernait que le réaménagement du square et non le déplacement de la statue. Pourtant, la Région a décidé de surseoir sa décision, le temps d'avoir plus d’informations sur le déboulonnage de Mahé de Labourdonnais.
Le troisième acte arrive plus tôt que prévu
Nous n’étions pas revenus de l’entracte lorsque la Région a annoncé une conférence de presse en présence d’Huguette Bello et d’Ericka Bareigts. Les deux ténors de la Gauche locale allaient se retrouver jeudi côte à côte en public pour la première fois depuis le début des tensions.
Avec un sourire en prime, les deux élues ont fait bonne figure et n’ont rien laissé transparaître lors de l’installation de l’agence régionale de biodiversité. Ericka Bareigts aurait dû être nommée présidente depuis déjà plusieurs mois. Une promesse qui datait encore de la première saison du mandat Bello et qui a finalement été tenue malgré les récents tumultes.
Puis, patatras. La Région vote finalement l’aide à la mairie de Saint-Denis. Huguette Bello qui avait crié son opposition et demandé des comptes à la mairie de Saint-Denis vote finalement en faveur du réaménagement du square avec toute sa majorité. La présidente de Région n’a pas changé d’avis, mais l’édile dionysienne a simplement rappelé que la demande d’aide ne concernait pas le déplacement de la statue. La cheffe de la Pyramide inversée n’aurait donc plus aucune raison de mettre des bâtons dans les roues d’Ericka Bareigts.
Pourtant, le déplacement de la statue ne figurait déjà pas dans le dossier de demande de subvention présenté le 5 mai lors de la commission permanente tumultueuse. Rien n'a donc véritablement changé, à part les votes.
Il est alors curieux de savoir pourquoi le vent a tourné à la pyramide de Castral Roc. Aucun dragon à l’horizon mais des seigneurs Varys, maîtres des chuchoteurs, ont sûrement travaillé jour et nuit pour obtenir un tel retournement de situation.
Et s'il semble évident qu'aucun accord pour les prochaines élections n'a été conclu en parallèle de cette confrontation, le spectre des Sénatoriales est peut-être ce qui a poussé les protagonistes à temporiser chacune de son côté. On peut toutefois s'attendre à ce que les maisons de Gauche se réunissent maintenant à Winterfell pour discuter avant que n’arrive l’hiver et ses marcheurs blancs (les sénateurs).
Nous n’étions pas revenus de l’entracte lorsque la Région a annoncé une conférence de presse en présence d’Huguette Bello et d’Ericka Bareigts. Les deux ténors de la Gauche locale allaient se retrouver jeudi côte à côte en public pour la première fois depuis le début des tensions.
Avec un sourire en prime, les deux élues ont fait bonne figure et n’ont rien laissé transparaître lors de l’installation de l’agence régionale de biodiversité. Ericka Bareigts aurait dû être nommée présidente depuis déjà plusieurs mois. Une promesse qui datait encore de la première saison du mandat Bello et qui a finalement été tenue malgré les récents tumultes.
Puis, patatras. La Région vote finalement l’aide à la mairie de Saint-Denis. Huguette Bello qui avait crié son opposition et demandé des comptes à la mairie de Saint-Denis vote finalement en faveur du réaménagement du square avec toute sa majorité. La présidente de Région n’a pas changé d’avis, mais l’édile dionysienne a simplement rappelé que la demande d’aide ne concernait pas le déplacement de la statue. La cheffe de la Pyramide inversée n’aurait donc plus aucune raison de mettre des bâtons dans les roues d’Ericka Bareigts.
Pourtant, le déplacement de la statue ne figurait déjà pas dans le dossier de demande de subvention présenté le 5 mai lors de la commission permanente tumultueuse. Rien n'a donc véritablement changé, à part les votes.
Il est alors curieux de savoir pourquoi le vent a tourné à la pyramide de Castral Roc. Aucun dragon à l’horizon mais des seigneurs Varys, maîtres des chuchoteurs, ont sûrement travaillé jour et nuit pour obtenir un tel retournement de situation.
Et s'il semble évident qu'aucun accord pour les prochaines élections n'a été conclu en parallèle de cette confrontation, le spectre des Sénatoriales est peut-être ce qui a poussé les protagonistes à temporiser chacune de son côté. On peut toutefois s'attendre à ce que les maisons de Gauche se réunissent maintenant à Winterfell pour discuter avant que n’arrive l’hiver et ses marcheurs blancs (les sénateurs).