Grave erreur de casting
Face à face, dans le prétoire, victime et coupable sont bien mal assortis. D’un côté, F.G., 50 balais, 1m60 à tout casser, malingre pour ne pas dire maigre, mais véhément quand même. La victime, éplorée, tête basse, A.T., est un grand balaise de 1m80 avec des biceps comac, moniteur de tae kwon do. Pour les non-initiés, le tae kwon do, art martial coréen, un des plus rudes, dans lequel les assauts se terminent obligatoirement par ko, excusez du peu. Là déjà, on se demande si le metteur en scène ne s’est pas gourré grave dans son casting.
Car on voit mal le petit flanquer à sa victime une trouille du Tonnerre de Brest. Et pourtant … F.G. est accusé ni plus ni moins que d’avoir harcelé, de 2017 à 2018, son adversaire, "par des propos et comportements ayant pour effet une dégradation des conditions de vie altérant sa santé". Pour faire bon poids, on lui reproche aussi des appels téléphoniques malveillants réitérés à l’épouse de la "victime" (!)
Diable ! Quel dangereux criminel que voici !
En fin de compte, on est juste sur une affaire de cocufiage dans laquelle l’encorné n’est autre que… l’accusé.
L’affaire commence au Guillaume en mars 2017. L’accusé, F.G., préside aux destinées du club de tae kwon do du coin. Il réussit à faire nommer en guise de trésorière son épouse, Ce qui revient à « mette lo chat’ po veille la graisse » : l’épouse tombe vite sous le charme de l’entraîneur, A.T. "Que voulez-vous qu’il fît contre deux ?" aurait dit ce bon vieux Pierre. "Qu’il pérît ou qu’une noble colère alors le submergeât".
"Prédateur sexuel" ?
Là commence le soi-disant harcèlement ci-dessus évoqué. Ne pouvant décemment pas aller assommer l’entraîneur (on voit pourquoi), F.G. va passer et repasser devant le camion-pizza de son adversaire en brandissant des doigts d’honneur à en attraper des crampes phalangistes. En proférant quelques insultes de bon aloi en direction des fils de A.T., lesquels s’occupent de la clientèle pendant que papa apprend à ses ouailles comment taper efficacement sur la gueule de quelqu’un qui ne vous a rien fait ! Tant et si bien que les fistons du tae kwondokiste, mortifiés, humiliés, finissent par ne plus venir au boulot car ces agissements se passent devant la clientèle.
Provocations et autres insultes du style "allé fé bourre a ou" et autres "viens bataille si ou na courage", n’ont rien fait pour améliorer l’ambiance. Ces simagrées n’obtiennent pas l’effet escompté : l’épouse de F.G. continue de préférer les bras du cogneur à ceux de son légitime époux. F.G. imagine alors un autre stratagème pour récupérer une épouse qu’il continue d’aimer malgré ses difficultés grandissante à passer les portes …
C’est assez astucieux, faut bien reconnaître. F.G. va placarder dans tous les coins et recoins de la localité, y compris su des pieds’ bois, des affiches traitant le cogneur de "prédateur sexuel". Fallait y penser. Pour faire bon poids, il va aussi téléphoner un certain nombre de fois à l’épouse de l’homme qui le bafoue, pour lui apprendre les agissements de son illégitime.
Vaudeville à la Sacha Guitry
L’épouse de A.T. finit par le quitter… très provisoirement. F.G. sollicite une entrevue avec son ennemi "pour essayer d’arranger les choses ; je voulais juste que ma femme revienne car je l’aime". Au cours de l’entrevue, "lu la promis lu arrête avec ma femme, la demande à mwin pardon… mais zot’ la continué !".
Doigts d’honneur, provocations et affichages sauvages reprennent donc de plus belle. Jusqu’au jour où, désespéré de ne pouvoir faire cesser les agissements d’un homme qu’il ne peut décemment pas abrutir de coups, A.T. finit par porter plainte, s’appuyant sur un document médical attestant qu’effectivement, il a le moral en baisse. Ce que la loi appelle "dégradation des conditions de vie altérant la santé". Qu’en termes élégants…
L’histoire ne dit pas si les gendarmes du Guillaume se sont pliés de rire devant ce vaudeville à la Sacha Guitry… en plus ridicule. Ce que les enquêteurs ont moins apprécié, c’est que l’accusé "aurait" dit à sa "victime" (!) : "Ou va fini comme out’ papa !". Lequel papa, voici fort longtemps, aurait très mal encaissé un coup de fusil venu d’on-ne-sait où.
Me Payen, très en verve, alors que l’avocate de la partie civile "tentait bien mais un peu tard" de faire plaindre son client, s’est exclamé : "Il a été harcelé ? Selon ses dires, c’est la femme qui l’aurait provoqué, le pôôôvre !". Or, cette malheureuse "victime" résiste à tout sauf à une tentation. D’où jambes en l’air et toute cette sorte de choses.
Me Payen, sans excuser vraiment son client, a mis en avant le fait que ce dernier faisait confiance au grand costaud, lequel n’a eu de cesse que de lui piquer sa femme, au propre et au figuré. Quant au traumatisme, "voyez les gabarits en présence !".
Un an avec sursis pour la forme ; verdict prononcé sans rire.
Face à face, dans le prétoire, victime et coupable sont bien mal assortis. D’un côté, F.G., 50 balais, 1m60 à tout casser, malingre pour ne pas dire maigre, mais véhément quand même. La victime, éplorée, tête basse, A.T., est un grand balaise de 1m80 avec des biceps comac, moniteur de tae kwon do. Pour les non-initiés, le tae kwon do, art martial coréen, un des plus rudes, dans lequel les assauts se terminent obligatoirement par ko, excusez du peu. Là déjà, on se demande si le metteur en scène ne s’est pas gourré grave dans son casting.
Car on voit mal le petit flanquer à sa victime une trouille du Tonnerre de Brest. Et pourtant … F.G. est accusé ni plus ni moins que d’avoir harcelé, de 2017 à 2018, son adversaire, "par des propos et comportements ayant pour effet une dégradation des conditions de vie altérant sa santé". Pour faire bon poids, on lui reproche aussi des appels téléphoniques malveillants réitérés à l’épouse de la "victime" (!)
Diable ! Quel dangereux criminel que voici !
En fin de compte, on est juste sur une affaire de cocufiage dans laquelle l’encorné n’est autre que… l’accusé.
L’affaire commence au Guillaume en mars 2017. L’accusé, F.G., préside aux destinées du club de tae kwon do du coin. Il réussit à faire nommer en guise de trésorière son épouse, Ce qui revient à « mette lo chat’ po veille la graisse » : l’épouse tombe vite sous le charme de l’entraîneur, A.T. "Que voulez-vous qu’il fît contre deux ?" aurait dit ce bon vieux Pierre. "Qu’il pérît ou qu’une noble colère alors le submergeât".
"Prédateur sexuel" ?
Là commence le soi-disant harcèlement ci-dessus évoqué. Ne pouvant décemment pas aller assommer l’entraîneur (on voit pourquoi), F.G. va passer et repasser devant le camion-pizza de son adversaire en brandissant des doigts d’honneur à en attraper des crampes phalangistes. En proférant quelques insultes de bon aloi en direction des fils de A.T., lesquels s’occupent de la clientèle pendant que papa apprend à ses ouailles comment taper efficacement sur la gueule de quelqu’un qui ne vous a rien fait ! Tant et si bien que les fistons du tae kwondokiste, mortifiés, humiliés, finissent par ne plus venir au boulot car ces agissements se passent devant la clientèle.
Provocations et autres insultes du style "allé fé bourre a ou" et autres "viens bataille si ou na courage", n’ont rien fait pour améliorer l’ambiance. Ces simagrées n’obtiennent pas l’effet escompté : l’épouse de F.G. continue de préférer les bras du cogneur à ceux de son légitime époux. F.G. imagine alors un autre stratagème pour récupérer une épouse qu’il continue d’aimer malgré ses difficultés grandissante à passer les portes …
C’est assez astucieux, faut bien reconnaître. F.G. va placarder dans tous les coins et recoins de la localité, y compris su des pieds’ bois, des affiches traitant le cogneur de "prédateur sexuel". Fallait y penser. Pour faire bon poids, il va aussi téléphoner un certain nombre de fois à l’épouse de l’homme qui le bafoue, pour lui apprendre les agissements de son illégitime.
Vaudeville à la Sacha Guitry
L’épouse de A.T. finit par le quitter… très provisoirement. F.G. sollicite une entrevue avec son ennemi "pour essayer d’arranger les choses ; je voulais juste que ma femme revienne car je l’aime". Au cours de l’entrevue, "lu la promis lu arrête avec ma femme, la demande à mwin pardon… mais zot’ la continué !".
Doigts d’honneur, provocations et affichages sauvages reprennent donc de plus belle. Jusqu’au jour où, désespéré de ne pouvoir faire cesser les agissements d’un homme qu’il ne peut décemment pas abrutir de coups, A.T. finit par porter plainte, s’appuyant sur un document médical attestant qu’effectivement, il a le moral en baisse. Ce que la loi appelle "dégradation des conditions de vie altérant la santé". Qu’en termes élégants…
L’histoire ne dit pas si les gendarmes du Guillaume se sont pliés de rire devant ce vaudeville à la Sacha Guitry… en plus ridicule. Ce que les enquêteurs ont moins apprécié, c’est que l’accusé "aurait" dit à sa "victime" (!) : "Ou va fini comme out’ papa !". Lequel papa, voici fort longtemps, aurait très mal encaissé un coup de fusil venu d’on-ne-sait où.
Me Payen, très en verve, alors que l’avocate de la partie civile "tentait bien mais un peu tard" de faire plaindre son client, s’est exclamé : "Il a été harcelé ? Selon ses dires, c’est la femme qui l’aurait provoqué, le pôôôvre !". Or, cette malheureuse "victime" résiste à tout sauf à une tentation. D’où jambes en l’air et toute cette sorte de choses.
Me Payen, sans excuser vraiment son client, a mis en avant le fait que ce dernier faisait confiance au grand costaud, lequel n’a eu de cesse que de lui piquer sa femme, au propre et au figuré. Quant au traumatisme, "voyez les gabarits en présence !".
Un an avec sursis pour la forme ; verdict prononcé sans rire.