Ce courrier révélant un constat de « L’illusoire perfection du soin », (2014), (1), est redevable au neurochirurgien Stéphane Velot, praticien au CHU de Tours. Les différentes « méprises » du monde médical ainsi décrites y dénoncent « un système de soins » où « le corps soignant s’épuise ». « Les crises se succèdent avec leurs ordonnances de vains remèdes. Le malade que nous sommes ou serons presque tous un jour a tout lieu de s’inquiéter. Le mal est profond ». Les causes de ce mal sont diagnostiquées par ce chirurgien – « sociologue » chercheur impliqué dont on aurait tort de minimiser la pertinence ou de pointer la subjectivité du fait de son implication. Tout au contraire c’est cette implication subjective – objective, au lecteur d’en juger, qui renforce selon nous la pertinence des analyses.
À nouveau soulevées, elles touchent plus généralement l’univers du soin à « L’hôpital, une nouvelle industrie » (2), deuxième essai de ce même auteur, (2020). L’on pourrait considérer ces deux opuscules, 54 pages le premier et 35 le second, comme la suite des travaux à la fois du Professeur Henri Laborit et du neuroscientifique (non médecin) Antonio Damasio. On se souvient que le chirurgien militaire Laborit disait aux patients dont il avait « mutilé » l’estomac pour en extraire un ulcère : « Vous devriez m’agresser, je vous ai enlevé une partie de vous-même ! ». On aura compris par la suite que Laborit, en précurseur, aura cherché les causes multifactorielles des ulcères, notamment. Sur le plan de la recherche fondamentale, les deux opuscules de Stéphane Velut, dans leurs prolongements appliqués, nous font également penser au chercheur neuroscientifique, psychologue et philosophe Antonio Damasio. On se souvient que celui-ci fut l’auteur d’un premier ouvrage qui fera date en 1995 : « L’erreur de Descartes ». Il y dénonce la dualité corps – esprit dont nous avons hérité dans l’approche occidentale qui dissocie le vivant, d’un côté le corps soigné à l’Hôpital, de l’autre l’esprit. C’est à se demander vers quels praticiens se tourner pour soigner nos pensées ?
La démarche de Stéphane Velut constitue un prolongement des critiques de ces deux premiers auteurs précurseurs. Et ce, par suite des contradictions qui touchent l’hôpital, plus largement la médecine générale certainement ; en fait, pour nous, la recherche sur le vivant dans son intelligente complexité. L’organisme humain n’est pas une agglomération de composants et de fonctions. Il est intimement lié à l’histoire de la personne, incarnée biologiquement, dans un environnement donné, depuis sa conception pour le meilleur comme pour le pire…
À l’hôpital, Stéphane Velut évoque les « conflits frontaliers » entre chirurgies qui se sont découpé l’organisme à travers les spécialités ; où les médecines, quant à elles, interviennent « par fonctions ». Restait le sujet, un territoire dont s’est emparé un autre malentendu : « une science dite humaine » … p. 22, (2014). Or on sait aussi de cette Science(s) qu’elle s’est dissociée des sciences médicales, enseignée en facultés de lettres et sciences humaines.
La singularité humaine est abordée séparément par la biologie d’un côté et la philosophie de l’autre, dans un contexte de biologie « mécanisée ». Stéphane Velut, non pour conclure mais bien pour introduire un débat salutaire, soulève la question : Lorsque le mal est reconnus « diffus, inaccessible à l'acte minimal » et lorsque « l'acteur incapable de saisir l'être entier » se déchargerait alors, toujours selon Velut, « de ce poids en le partageant avec d'autres acteurs, en parcelles ; lorsque tout des images a été exploité, que l'écran est tombé, c'est dans la parcellisation et le partage que l'acteur dissout son incompétence avérée », p. 48, (1).
La réforme de l’Hôpital devra émerger d’un constat courageux et scientifiquement éclairé, sans crainte des réflexes corporatistes conservateurs, l’hôpital s’Humanisera.
Réf :
1) Stéphane Velut, « L’illusoire perfection du soin », L’Harmattan, 2014.
2) Stéphane Velut, « L’hôpital, une nouvelle industrie, le langage comme symptôme », Tracts Gallimard, N° 12, 2020.
À nouveau soulevées, elles touchent plus généralement l’univers du soin à « L’hôpital, une nouvelle industrie » (2), deuxième essai de ce même auteur, (2020). L’on pourrait considérer ces deux opuscules, 54 pages le premier et 35 le second, comme la suite des travaux à la fois du Professeur Henri Laborit et du neuroscientifique (non médecin) Antonio Damasio. On se souvient que le chirurgien militaire Laborit disait aux patients dont il avait « mutilé » l’estomac pour en extraire un ulcère : « Vous devriez m’agresser, je vous ai enlevé une partie de vous-même ! ». On aura compris par la suite que Laborit, en précurseur, aura cherché les causes multifactorielles des ulcères, notamment. Sur le plan de la recherche fondamentale, les deux opuscules de Stéphane Velut, dans leurs prolongements appliqués, nous font également penser au chercheur neuroscientifique, psychologue et philosophe Antonio Damasio. On se souvient que celui-ci fut l’auteur d’un premier ouvrage qui fera date en 1995 : « L’erreur de Descartes ». Il y dénonce la dualité corps – esprit dont nous avons hérité dans l’approche occidentale qui dissocie le vivant, d’un côté le corps soigné à l’Hôpital, de l’autre l’esprit. C’est à se demander vers quels praticiens se tourner pour soigner nos pensées ?
La démarche de Stéphane Velut constitue un prolongement des critiques de ces deux premiers auteurs précurseurs. Et ce, par suite des contradictions qui touchent l’hôpital, plus largement la médecine générale certainement ; en fait, pour nous, la recherche sur le vivant dans son intelligente complexité. L’organisme humain n’est pas une agglomération de composants et de fonctions. Il est intimement lié à l’histoire de la personne, incarnée biologiquement, dans un environnement donné, depuis sa conception pour le meilleur comme pour le pire…
À l’hôpital, Stéphane Velut évoque les « conflits frontaliers » entre chirurgies qui se sont découpé l’organisme à travers les spécialités ; où les médecines, quant à elles, interviennent « par fonctions ». Restait le sujet, un territoire dont s’est emparé un autre malentendu : « une science dite humaine » … p. 22, (2014). Or on sait aussi de cette Science(s) qu’elle s’est dissociée des sciences médicales, enseignée en facultés de lettres et sciences humaines.
La singularité humaine est abordée séparément par la biologie d’un côté et la philosophie de l’autre, dans un contexte de biologie « mécanisée ». Stéphane Velut, non pour conclure mais bien pour introduire un débat salutaire, soulève la question : Lorsque le mal est reconnus « diffus, inaccessible à l'acte minimal » et lorsque « l'acteur incapable de saisir l'être entier » se déchargerait alors, toujours selon Velut, « de ce poids en le partageant avec d'autres acteurs, en parcelles ; lorsque tout des images a été exploité, que l'écran est tombé, c'est dans la parcellisation et le partage que l'acteur dissout son incompétence avérée », p. 48, (1).
La réforme de l’Hôpital devra émerger d’un constat courageux et scientifiquement éclairé, sans crainte des réflexes corporatistes conservateurs, l’hôpital s’Humanisera.
Réf :
1) Stéphane Velut, « L’illusoire perfection du soin », L’Harmattan, 2014.
2) Stéphane Velut, « L’hôpital, une nouvelle industrie, le langage comme symptôme », Tracts Gallimard, N° 12, 2020.