« Fin 2019, nous avons appris que la Région s’est retirée du Pacte [Pacte régionaux d’investissement dans les compétences, ndlr], alors même que toutes les autres régions l’ont signé. On est passé à côté de 34 millions en fonds propres, plus 50 millions apportés par l’État. C’est un scandale« .
« Nous avons découvert des agents abandonnés, sans vision de leur avenir. Comment peut-on être dans ce déni ou dans l’incompétence aussi longtemps ? Comment peut-on avoir cette posture pendant autant d’années« , ajoute Karine Nabénésa, nouvelle présidente de l’Afpar depuis le changement de majorité.
Prenant en exemple le centre de Saint-François, Huguette Bello regrette l’absence d’investissement dans la formation professionnelle. « Pas un coup de peinture, pas un mobilier changé. Les derniers travaux ici remontent à la mandature de Paul Vergès, en 2007″, fustige la présidente. Construit en 1964, le site n’a en effet jamais connu de travaux d’ampleur depuis son inauguration.
Un point en particulier semble heurter la présidente de Région. Sur les 2,3 hectares que compte le site de Saint-François, 1.700 m2 ont été alloués à une association, l’ACH (association de coopération humanitaire). « Alors qu’ici les locaux tombent en ruine, on a fait rénover, aux frais du contribuable, cette partie du site. Elle a ensuite été louée à une association, dont la présidente est une amie de l’ancienne mandature. Ce site a été loué pour 18 ans, pour un loyer d’un euro ! Et nous découvrons que ce site sert également de lieu de réception et de mondanité. Nous allons nous pencher sur cette affaire et nous verrons si nous donnons suite à cette affaire« , souligne la présidente de Région.
En effet, le site a clairement besoin d’un nouveau souffle. « Aujourd’hui, 21% des locaux sont désaffectés à cause du manque d’entretien. Certaines salles ne peuvent être utilisées que par beau temps, car sinon l’eau tombe sur les stagiaires« , explique Frédéric Dijoux, directeur général de l’Afpar lors de la visite des locaux. « Cela fait 30 ans que ça fonctionne en vase clos« , souffle-t-on du côté de l’actuelle majorité.
Des peintures qui tombent, des plafonds marqués par l’humidité, des chambres d’internant sentant le moisi, des douches mixtes et sans porte. La liste des griefs portés contre le bâti est longue. « Nous allons d’abord lancer des travaux d’urgence, comme les chambres ou les douches. Puis viendra le temps des travaux lourds, qui constitue le gros du chantier. Bien sûr cela va être fait en concertation avec les formateurs et l’équipe de l’Afpar« , précise Karine Nabénésa. L’état de vétusté du bâti a des conséquences concrètes. Ainsi, le taux d’occupation des chambres n’est que de 11%, sur les 60 lits disponibles. La fréquentation du centre a même chuté de 46% entre 2010 et 2021.
Chaque année, ce ne sont pas moins de 2.700 stagiaires qui passent dans l’un des cinq centres de l’île, dont 380 à Saint-François.