– Question à l’ex-Secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer… On en est à 27 blessés dans des affrontements entre forces de l’ordre et syndicalistes en Nouvelle-Calédonie… des barrages dressés, une part de la jeunesse canaque victime du chômage qui s’en mêle… des chefs d’entreprises qui parlent de prise d’otage économique… Est-ce que vous avez peur de voir se reproduire un scénario comme celui qu’a connu la Nouvelle-Calédonie il y a 20 ans.
– Je crois que l’Histoire ne se reproduit jamais exactement dans les mêmes circonstances, qu’il faut être très attentif, qu’il faut être à la fois ferme vis-à-vis de ceux qui ne veulent pas manifestement respecter, ne serait-ce que les lois de la République, mais même la volonté de dialogue exprimée à de nombreuses reprises en particulier par le monde économique, mais il faut être attentif. Oui, la Nouvelle-Calédonie reste une terre fragile et j’espère qu’on trouvera une porte de sortie qui évitera les drames. Moi, je pense que chaque fois qu’on peut éviter des drames, chaque fois qu’on peut éviter les affrontements violents, le sang versé, il faut y mettre toute sa force.
– Ça vous intéresse encore l’Outre-Mer ou vous tirez un trait sur cette expérience ?
– On ne tire pas un trait sur l’Outre-Mer quand on a eu la chance d’exercer ces responsabilités. Je crois qu’on est marqué à vie par cette France lointaine, même si je n’ai plus de responsabilité dans ce domaine et que je ne souhaite pas interférer sur le travail de celle qui m’a succédé. Je reste évidemment, non seulement attaché mais je dirai passionné par l’Outre-Mer.
– « Il y aura un avant et un après Jégo »… ce n’est pas le genre de déclaration qu’on regrette après coup ?
– Non…
– Tous les ministres ne laissent pas forcément de trace…
– Ecoutez, je crois que j ‘ai dit des choses qui peut-être m’ont coûté mon poste, que j’ai relevé un certain nombre de situations qu’il était nécessaire d’être dénoncées… après avoir dit les choses, l’après n’est jamais comme l’avant… Oui, ce n’est pas pour manquer de modestie… Je pense qu’il y a eu notamment dans la gestion de la crise des Antilles où on était à deux doigts d’un drame, de sang versé, une situation, une gestion qui permis d’éviter ce drame et que ce qui a été dit restera dans les mémoires.
– Être ministre est par nature une fonction précaire, a rappelé François Fillon.
– Il a raison… comme être Premier ministre. Quand on sert notre pays, on est dans la précarité absolue.
– Le débat est clos ou l’amertume est encore un peu là ?
– Non, non… Moi je ne me vautre pas dans l’amertume. Ce n’est pas du tout ma nature. Voilà, il faut passer à autre chose, on regarde ce qu’il y a devant, et pas ce qu’il y a derrière.
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