Tous les premiers observateurs de l’éruption du 31 juillet 2015 sont unanimes : les fontaines de lave projetées par le Piton de la Fournaise sont beaucoup plus impressionnantes que celles des deux premiers épisodes de début d’année.
Cette intensité et ce débit estimé entre 17 et 20m3/seconde vont-ils pour autant amener l’éruption à sortir de l’enclos, via une nouvelle fissure ? Le directeur de l’observatoire du volcan fait parler « les statistiques » pour répondre à cette interrogation.
« Dans une de ses études, Thomas Staudacher a fait ressortir qu’entre 1998 et 2007 où il y a eu 28 éruptions, 33% d’entre elles ont connu une fissure éruptive de plus que celle initiale, et dans les 2 heures à 6 mois suivant le début de l’éruption », détaille Nicolas Villeneuve.
Une formule issue d’un mémoire de recherches que l’on peut synthétiser de la façon suivante : un tiers des éruptions finissent par engendrer au moins une autre fissure bien distincte. « C’est statistiquement possible », confirme Nicolas Villeneuve.
Les premières observations enregistrées hier après-midi tendent à confirmer cette stat’. « La zone n’est pas stable », concède Nicolas Villeneuve.
Le deuxième élément qui tend à rendre probable une éruption hors enclos convoque l’histoire : « Toutes les éruptions de type 77 (1977, ndlr) – d’ailleurs on les appelle comme cela maintenant – qui ont commencé à l’intérieur de l’enclos, ont fini par sortir de l’enclos », rappelle le directeur de l’observatoire.
C’était donc le cas en 77, en 86 et en 1998 notamment. Cette dernière année est remarquable de ce point de vue. L’éruption initiale avait eu lieu le 9 mars, au nord du cratère sommital. Le 12 mars, une autre fissure était apparue. Courant août enfin, une troisième fissure était venue déchirer le sol, hors enclos cette fois !