De la quatre-voies en direction de Sainte-Marie, difficile d’imaginer qu’une station d’épuration des eaux usées (STEP), en l’occurrence celle du Grand Prado, se trouve là.
Une fois plus proche, c’est une usine dernier cri en matière de retraitement des eaux usées des communes de Saint-Denis et Sainte-Marie qui y apparaît. Elle répond aux dernières contraintes européennes, à savoir les dispositions relatives aux « Eaux Résiduaires et Urbaines ». Il faut savoir que les départements d’outre-mer étaient en retard sur la question du retraitement des eaux usées et obligation avait été faite par l’Europe de se mettre en conformité au risque de recevoir une amende particulièrement salée. D’autant qu’un autre problème apparaîssait, celui de la construction de grands ensemble de logements. « Avec le Grand Prado, nous n’avons plus de problème pour la construction de programmes de plus de 200 logements sur les communes de la Cinor« , explique Philippe Naillet, vice-président de la Cinor.
Passés ces détails techniques de mise en conformité, la STEP du Prado offre toutes les dernières innovations techniques en matière de retraitement des eaux usées, le tout sans utilisation de produits chimiques, se basant uniquement sur des procédés dits « biologiques« , tient à préciser Frédéric Albaré, chef de projet à la Cinor.
10 millions de m3 d’eau de qualité baignade
La visite guidée peut commencer. Dotée de deux bassins de dépollution et de deux bassins de clarification, la STEP du Prado dispose en outre d’un digesteur qui permet de produire du biogaz, « le premier dans les DOM« , souligne Laurent Laï-Kan-Thon, chef de station au Prado. « La STEP du Prado produit de l’électricité et de la chaleur. L’électricité est revendue à hauteur de 1GWh à EDF sur les 5 GWh consommés par la station du Prado« , précise Frédéric Albaré. Une fois les eaux retraitées, 10 millions de m3 par an de qualité eau de baignade, elles sont rejetées dans l’océan. Une partie des eaux usées est également dirigées vers la REUSE, pour « réutilisation des eaux usées« , et destinée à l’irrigation des terrains agricoles. « Il faut savoir que l’eau sortie de la REUSE permettrait un gain de production de 30 tonnes par hectares de cannes. C’est un meilleur engrais et un plus environnemental« , précise-t-il.
Comment fonctionne le circuit ? Tout est automatisé depuis une salle de contrôle informatique. L’eau arrive à la STEP, passe tour à tour par plusieurs étapes, le dégraisseur, le dessableur, le destilleur et le décanteur. Un processus qui permet d’éliminer la plus grosse partie des particules, graisses, boues et sable présents dans les eaux usées. Dans cette salle de pré-traitement, l’odeur est particulièrement désagréable, mais un système de récupérateur d’air vicié a été installé. Dans plusieurs bacs, du sable, mais également un amoncellement de restes « indéfinissables » au premier coup d’oeil. Pour l’anecdote, Laurent Laï-Kan-Thon nous explique qu’il lui est arrivé de trouver un « matelas » ou encore un « vélo d’enfant« . « Les gens jettent n’importe quoi dans les réseaux d’assainissements« , confie-t-il.
L’eau a le droit à un traitement aux U.V.
Une fois passées par le pré-traitement, les eaux sont dirigées vers les bassins d’aération. « Là des bactéries font le travail. Elles sont là pour dégrader les différents types de pollution« , poursuit-il. Puis l’eau passe dans les bassins de clarification et termine sa course par une dernière salle de traitement où elle reçoit des U.V. (ultra-violet) pour une désinfection complète. L’eau est ensuite rejetée dans l’océan. Des prélèvements sont effectués plusieurs fois par jour à l’entrée de la STEP et à la sortie avant rejet.
Après traitement, les boues servent à l’épandage
Concernant les boues, elles sont retraitées pour obtenir des « pellets » servant à l’épandage dans les champs. Leur séchage permet de transformer les boues visqueuses en boue sous forme de poudre puis, après une étape supplémentaire, en pellets. Les pellets sont ensuite stockés dans un hangar de 15.000 m3 et destinés à la production agricole.
Une visite guidée sous forme de parcours pédagogique qui sera également proposée aux scolaires dans les prochains mois, une fois que l’usine, encore en travaux, sera définitivement livrée.
Quand à l’ancienne usine de retraitement des eaux usées de Saint-Denis, la Jamaïque, elle n’est plus utilisée et sert uniquement de poste de refoulement. Désormais, il n’y a plus d’eau « maronnasse » déversée au large de Saint-Denis…