Les premiers faits remontent à 2009. À l’époque, Naëlle* a huit ans et Johnny Payet gravite dans le cercle amical de la famille. L’homme représente une figure paternelle et elle a une totale confiance, comme le souligne l’expertise psychologique. C’est à ce moment que commencent les attouchements et le calvaire de la fillette va durer jusqu’en 2010 pour se terminer par un viol, juste avant son départ pour la métropole.
L’agresseur garde les photos et les vidéos des attouchements sur son téléphone
Elle se tait, ne dit rien à ses proches et endure en silence. Son agresseur a bien pris le soin de la culpabiliser et de menacer de tout révéler si elle parle. Il a également pris des photos et vidéos sur son téléphone portable.
C’est à son retour à la Réunion en 2014 que Naëlle se décide à parler. Elle souffre de crises d’angoisse à l’idée de retomber sur son agresseur et développe des pensées suicidaires. Elle finira par déposer plainte début 2015. « J’avais peur qu’on n’en me croie pas, qu’on me demande pourquoi avoir attendu tout ce temps. Je fais souffrir tout le monde autour de moi » a-t-elle déclaré à la barre ce matin.
Qui sont les autres victimes du pédophile?
Au final, c’est le téléphone de Johnny Payet qui le compromettra. L’homme y a conservé plusieurs vidéos et photos à caractère pédopornographique, dont celles de Naëlle. Une question demeure en suspens: qui sont les autres victimes prises en photo? Après avoir assuré les avoir téléchargées, l’accusé est mis face à ses contradictions. Le technicien qui a examiné son téléphone est formel: tout le contenu a été tourné depuis le téléphone.
Après s’être enfermé dans son silence, Johnny Payet lâche alors « pardon, je regrette. Je devrais être pendu pour ça. Mille fois pardon, même si je ne le mérite pas. »
« Gendarme ou pas, j’ai vu la mort ce jour-là »
Arrive alors le second volet du procès, la tentative d’évasion et l’agression brutale des deux gendarmes qui le conduisent à une perquisition. L’homme est assis à l’arrière du véhicule et deux gendarmes, toutes les deux des femmes, l’accompagnent afin de retrouver le fameux téléphone dans lequel sont conservées toutes les photos et vidéos.
Il s’empare alors de la ceinture de sécurité et l’enroule autour de la tête de la passagère. « Il a serré tellement fort que mes lunettes se sont brisées. Je l’ai empêché de descendre la ceinture jusqu’à mon cou mais il était déchaîné » raconte la militaire à la barre. Sa collègue arrive à extraire Johnny Payet du véhicule et s’ensuit une violente bagarre. « Gendarme ou pas, j’ai vu la mort ce jour-là. Je me suis dit, ma collègue et moi, on y passe ». Il faudra l’aide de deux passants pour arriver à maitriser le forcené et lui mettre des menottes aux chevilles.
« Arrêtez de me raconter des salades »
Face aux questions du président de la cour d’assises, Jean-Pierre Szysz, l’accusé commence alors un monologue agressif, jurant par tous les dieux ne pas avoir eu l’intention de tuer, ni d’avoir succombé à des pulsions. Il coupe la parole au président, qui finit par lâcher « arrêtez de me raconter des salades. Vous nous avez expliqué avoir eu des pulsions face à cette petite fille, on est sur le même registre pulsions incontrôlables ».
Pour les faits de viols, Johnny Payet encourt jusqu’à 20 années de réclusion criminelle et pour la tentative de meurtre, jusqu’à 30 ans.
*Prénom d’emprunt