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Vincent Pinault, danseur et prof’ entre la Réunion et Chennaï: « L’Inde m’a transformé »

Professeur au Conservatoire Régional de la Réunion (CRR), Vincent Pinault, aujourd’hui âgé de 28 ans, a étudié la danse pendant sept années dans la meilleure école indienne. Un parcours initiatique difficile, fait de souffrances et de remises en question, qui lui permet aujourd’hui de transmettre aux Réunionnais la pratique du bharata natyam.   Né d’un […]

Ecrit par – le lundi 17 juin 2013 à 11H46

Professeur au Conservatoire Régional de la Réunion (CRR), Vincent Pinault, aujourd’hui âgé de 28 ans, a étudié la danse pendant sept années dans la meilleure école indienne. Un parcours initiatique difficile, fait de souffrances et de remises en question, qui lui permet aujourd’hui de transmettre aux Réunionnais la pratique du bharata natyam.
 
Né d’un père zoreil’ et d’une mère malbaraise, originaire du Tampon, Vincent baigne dès l’âge de 11 ans dans la culture hindoue. Ses activités au temple de la Ravine Blanche, à Saint-Pierre, avec en parallèle sa pratique religieuse, le conduisent tout naturellement à s’intéresser à la danse pour laquelle il voue un intérêt particulier.

Après un bac S passé avec mention à Stella Matutina, en même temps que son diplôme chorégraphique du Conservatoire Régional de la Réunion, il prend conscience de la nécessité de partir en Inde pour parfaire sa technique. Il décide alors d’intégrer l’école de Chennaï, fondée en 1936, de réputation internationale et qui a beaucoup œuvré pour la renaissance du Bharata Natyam. Aidé par le Conseil régional à hauteur de 5.000 euros sur trois ans et de billets d’avion, mais aussi d’une prime exceptionnelle du Conseil général, il entreprend une véritable transformation physique et psychique. Un cheminement qui va durer sept ans…

« C’est le mental qui dirige le corps »

« Le premier mois a été difficile, très difficile. Le climat humide de l’Inde, le rythme des entrainements, la dureté des exercices. Un enseignement intense qui vont m’obliger à travailler mon mental. Dès cinq heures du matin, je m’obligeais à pratiquer le yoga pour la souplesse et le footing pour travailler l’endurance. J’ai dû me forger un mental, car c’est le mental qui dirige le corps« , confie Vincent.

Parlant Anglais, Vincent apprend la langue tamoule afin de mieux s’intégrer et devenir un élève comme les autres. « Mon professeur Hari, de renommée mondiale, m’a poussé dans mes derniers retranchements en allant toujours plus loin pour être à la hauteur de l’idéal que l’on s’est fixé. Il faut savoir souffrir avec le sourire« , témoigne-t-il.

Mais l’éloignement est aussi un handicap qui affecte le danseur. « A l’époque il n’y avait pas skype, pas moyen de contacter mes proches facilement. J’aurais dû m’accorder certaines choses, partager mes difficultés avec mes proches. Mais c’était peut-être une façon aussi de les protéger, ne pas leur avouer à quel point c’était dur. On tend vers la perfection spirituelle. Et cela vous aide. L’encouragement de mon environnement artistique réunionnais m’a aussi beaucoup manqué. A Chennaï, tu crois en tes rêves, mais c’est marche ou crève. Il faut savoir appliquer ce que l’on acquiert dans le mental à sa vie de tous les jours« , ajoute Vincent.

Vincent, entre indianité et créolité

Les années passent, Vincent perfectionne sa technique de danse, progresse physiquement et mentalement avec toujours en parallèle une dimension spirituelle à travers son cheminement personnel. « De confession hindoue j’avais une pratique religieuse ingénue avec l’étude des textes et du sens qui s’en dégage. Alors retourner à la source même de l’hindouisme m’a donné la liberté d’approfondir mes connaissances. En ce sens, apprendre la langue tamoule m’a permis de franchir une étape, d’avoir un ressenti plus profond en intellectualisant l’enseignement artistique et religieux. Cela apporte à ma façon de danser une autre dimension, une interprétation différente, sans chercher à faire du copier coller. C’est ce qui importe« , explique-t-il.

Sept années de remise en question et de travail auront inévitablement changé l’homme, dans sa manière d’aborder les choses et les gens d’abord, sur sa vision du monde ensuite. Et de sa place sur cette terre, avec au plus profond de lui cette quête d’identité qui nous habite tous : « Humainement, je me suis construis ma propre part d’indianité, en plus de celle qui m’a été transmise par mes ancêtres, sans pour cela renier mon métissage et ma créolité qui sont ma richesse. De cette expérience, j’en ressors le cœur et le corps grandi. Dans ma vie de tous les jours, il y a une forte influence. Alors oui, l’Inde m’a transformé. Ce pays m’a permis d’être plus libre dans mon approche avec les gens, pour mieux faire transparaitre cette chaleur humaine, cette générosité de tous les instants« , conclut Vincent.

 

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