« Vieux » cheval de retour, il cambriole ses bienfaiteurs !
Tribunal correctionnel de Saint-Pierre, jeudi 26 juin 2014.
Ecrit par Jules Bénard – le jeudi 26 juin 2014 à 12H25
Fabien Rémule n’en a rien à secouer de la grève du barreau. Comparaissant détenu pour une longue série de méfaits, il tient à être jugé tout de suite pour rentrer immédiatement à son hôtel particulier de Cayenne.
Il faut dire que malgré son jeune âge (24 ans), le bonhomme est nanti d’un CV judiciaire comportant sept mentions toutes peu honorables, dont les cambriolages forment l’ossature. Les cours de justice, il connaît donc et sait ne devoir s’attendre à aucune indulgence. Il ne fait d’ailleurs rien pour ça, répondant peu ou pas aux questions de la présidente Corinne Peinaud.
A son actif, il se prévaut également d’une ancienne compagne et de leurs quatre enfants, qu’il n’a plus revus depuis plus de trois ans.
Cette fois, il a fait fort.
Sortant de prison en avril dernier, il a 18 mois de prison avec sursis au-dessus de la tête. Il est alors, comme nombre de détenus, pris en charge par le CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale).
Cette institution, qui survit chichement avec de maigres subventions, héberge gratuitement ses pensionnaires (studio, eau, électricité et petite vaisselle). Pour les jeunes valides, elle les met en formation agricole sur ses terrains des hauts du Sud et leur alloue une aide alimentaire de 30 euros par semaine. Ceux qui ne peuvent fournir d’effort physique ont quand même droit à cette aide financière.
Ce n’est pas beaucoup, me direz-vous, 30 euros par semaine pour vivre ? Eh bien je vous fiche mon billet, pour l’avoir vérifié sur pièces, qu’on y arrive. Ah ! ça, il faut prendre le temps de comparer les prix des boîtes de sardines et de spaghettis dans les libres-services les plus abordables.
Cela vaut en tout cas mieux que de vivre dans la rue. Parole !
Les animateurs se dévouent sans compter pour leurs protégés, démarches, recherche d’emploi… mais sont peu payés en retour. Fabien Rémule l’a prouvé à sa façon en allant, en fin d’après-midi, cambrioler le local du CHRS à Saint-Pierre. Il pensait sans doute y trouver un coffre-fort ? Il a trouvé les policiers, prévenus par les voisins qui montent bonne garde.
« Pourquoi avez-vous cambriolé le CHRS ? interroge la présidente Peinaud. Ces personnes s’occupaient précisément de votre réinsertion. Pourquoi eux ? »
« Mi conné pas moin ! », est la seule réponse obtenue.
Le procureur Giraudet n’a évidemment pas ménagé ce délinquant peu ordinaire « qui cambriole une institution peu riche mais qui effectue néanmoins un travail considérable. Monsieur Rémule ne semble pas comprendre qu’il est encore jeune pour entamer une carrière de prisonnier au long cours. Son avenir semble pourtant bien être tout tracé ! »
Suivant le ministère public dans ses réquisitions, le tribunal a lourdement taxé le m’en-foutiste de service : six mois fermes, plus révocation de six mois d’un sursis antérieur, soit 12 ; avec une retenue de 12 mois avec sursis « qui finiront bien par tomber eux aussi », avait commenté l’accusateur public dans son réquisitoire.
Avant de se laisser menotter de nouveau, le prévenu a simplement demandé : « Y fait combien toute ça ? »
La réponse de la présidente n’a provoqué qu’un dédaigneux haussement d’épaules chez celui qui se prend manifestement pour un caïd.