Corrine Gazar, vous êtes la directrice du CCAS de Saint-Joseph. Quel est le constat que vous pouvez faire concernant le nombre de cas de personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer à l’échelle départementale ?
« Nous avons une enquête en date de 2008 qui a été réalisée par l’Observatoire régional de la santé (ORS Réunion) et qui table sur 3.800 cas dans le département. Ce sont des chiffres qui sont sous-estimés car, dans la réalité, il y a beaucoup plus de personnes atteintes de cette maladie. Il y a pas mal de personnes âgées, dans les écarts par exemple, qui ne consultent pas ou qui n’en ont pas les moyens. Il est donc difficile de présenter un chiffre exact sur l’ampleur du phénomène. A l’heure actuelle, beaucoup de malades ne sont pas identifiés et n’ont pas d’accès aux soins médicaux et psychologiques. »
Quelles sont les différentes prises en charge qui existent au niveau de la commune de Saint-Joseph. Vers qui peuvent se tourner les malades d’Alzheimer ?
« Nous avons la chance d’offrir une série d’aides à domicile pour près de 140 personnes. On estime à 50% le nombre de personnes âgées à être concernées par cette maladie ou à en subir les premiers signes, ce qui correspond entre 1.500 à 2.000 personnes à Saint-Joseph. Depuis 2007, nous avons développé un accueil une fois par mois, chaque premier vendredi pour les familles et les personnes touchées par Alzheimer. Une rencontre qui s’effectue en présence de psychologues, médecins et animateurs. Il faut savoir qu’il est très important pour les familles de faire un break et de souffler un peu car elles sont en contact permanent avec ces personnes âgées concernées et en souffrent bien souvent. Il nous arrive même de recevoir un public autre que des habitants de Saint-Joseph car les actions que nous proposons ne sont pas toujours disponibles ailleurs. »
Les familles des malades sont en première ligne et sont confrontées à des malades qui, souvent, ne se souviennent plus de leurs propres enfants et époux. Que peut-on faire pour elles ?
« Quand une famille se retrouve confrontée à la maladie d’Alzheimer, beaucoup d’interrogations du type ‘Vers qui peut-on se tourner, se confier, consulter ?’ interviennent. Elles sont encore dépourvues de réponses pour une bonne partie d’entre-elles. Face à la maladie, les familles culpabilisent par rapport à la prise en charge. Il est clair qu’il y a isolement pour bon nombre des familles concernées. Mais il faut également savoir qu’il n’y a pas qu’une prise en charge médicale. Il y a aussi des psychologues et une écoute pour ces familles. »
Quelques jours après la Journée mondiale de l’Alzheimer, vous organisez une journée dédiée à cette maladie. Quelles seront les animations proposées ?
« Nous avons souhaité réunir dans un même espace et dans un même temps, l’ensemble des professionnels du secteur pour pouvoir apporter des réponses précises à la population et aux familles. Il y aura des médecins, des neurologues, des nutritionnistes, des ergothérapeutes, des gérontologues et des psychologues. Cette journée sera très axée sur les échanges, les discussions, les interrogations des familles concernées. Il y aura également des laboratoires pharmaceutiques qui pourront apporter des compléments sur les solutions proposées pour faire face à cette maladie qui mine beaucoup de familles.
Par ailleurs, une dizaine de stands seront mis en place pour pouvoir accueillir les malades et les familles. Nous n’avons pas toutes les structures à Saint-Joseph. Il est donc important de sensibiliser la population sur les solutions proposées… »