Une étude inédite va être conduite par le CHU, sous l’impulsion du Samu et du Dr Sudrial, pendant le prochain Grand Raid à la Réunion. Le Dr Jérôme Sudrial, médecin du Samu, et Bertrand Plaisancié, interne au CHU, iront à la recherche des carences métaboliques rencontrées par les coureurs avant, pendant et après la course. L’objectif est de mieux cerner les conséquences d’une telle course sur le corps humains. Et les pistes sont nombreuses. Les deux médecins espèrent un échantillon de 100 coureurs, professionnels et amateurs, pour mener à bien leur étude.
« On a reçu un très bon accueil de l’association Grand Raid. C’est la première fois qu’elle accepte ce type d’étude sur sa course« , explique Bertrand Plaisancié, interne au CHU de Saint-Denis. Pas encore docteur, interne depuis deux ans au CHU, il profite de cette étude pour faire sa thèse, une étude inédite au niveau international.
Le projet Métarun est né de la volonté, deux ans auparavant, du Dr Sudrial, « lui même coureur sur le Grand Raid« , de connaître les raisons précises de cette grosse fatigue post course sur « la longueur« , précise Bertrand Plaisancié.
Convaincre 100 coureurs
L’étude est ambitieuse. Pour leurs besoins, les deux médecins doivent convaincre 100 coureurs, tous volontaires, de participer à cette opération d’envergure. S’ils ont reçu le soutien de plusieurs trailers professionnels, dont le dernier vainqueur de l’édition 2013 François D’Haene, l’étude se penchera sur les coureurs professionnels, comme amateurs. « Une fois sélectionnée par tirage au sort pour participer à la course, un papier sera envoyé au coureur pour leur demander s’ils souhaitent ou non participer à l’étude. La réponse devra avoir lieu au moment du dépôt des dossiers« , explique Bertrand Plaisancié.
Une fois le panel trouvé, place à la logistique. Plusieurs tentes (trois au total) seront installées sur le stade de la Redoute afin de procéder aux prélèvements sanguins. Les prélèvements auront lieu à la veille du départ, à l’arrivée, sept jours après la course et à J+28. « On fait des prélèvements, on recherche des carences immédiates après la course. On regarde si ces carences perdurent dans le temps et on les corrèle au profil des coureurs selon le temps de course, selon le type d’entrainement et d’alimentation« , poursuit-il.
Qu’est ce que recherche cette étude ? « Les coureurs perdent beaucoup d’eau et de sel. On ne trouve pratiquement plus de problème de déshydratation car il a bien été appréhendé par les coureurs. Mais ce que l’on trouve le plus, ce sont des carences du métabolisme, notamment sélénium, potassium, zinc, fer, vitamines B9 et B12, CPR, créatine, CPK ou encore de l’albumine« , précise Bertrand Plaisancié.
Les risques de la carence métabolique
Outre l’aspect scientifique et la volonté de l’équipe du CHU de faire publier cette étude au niveau national ou international, il s’agit aussi de donner des pistes aux coureurs. « C’est de montrer la recherche des carences et essayer de trouver la meilleure récupération et de meilleure performance« , souligne-t-il.
Car les risques sont bien réels en cas de « carences » du métabolisme. « Les risques immédiats pour la santé sont souvent liés au trouble hydroélectrique, potassium et sel, pendant la course. La déshydratation peut également engendrer des défaillances rénales. Ce sont les plus gros risques. Mais le reste est très peu connu dans la littérature. D’où l’étude« , conclut Bertrand Plaisancié.
Si la centaine de coureurs se sent prête à donner un peu de son temps à la science, l’équipe du CHU fera le nécessaire, une fois l’étude terminée, pour leur faire parvenir les résultats.