Face aux mauvais chiffres de La Réunion concernant le diabète, l’Aurar et le CNRS vont lancer prochainement une étude pour trouver les gènes prédictifs au diabète et aux maladies rénales dans la population réunionnaise. Pour la rendre possible, l’Aurar espère la participation de 52 familles, dont au moins un membre est dialysé et diabétique, dans cette étude.
Les objectifs de ces travaux sont multiples : cartographier les éventuels gènes impliqués dans ces maladies, étudier une meilleure approche thérapeutique (selon le génotype du patient), permettre aux personnes n’ayant pas encore développé ces maladies de mettre en oeuvre des moyens de prévention spécifiques à leur patrimoine génétique plutôt que de leur imposer des moyens génériques.
Pour rappel, la dernière enquête concernant la population générale sur l’île a estimé à 11,2% la prévalence de personnes diabétiques, contre une prévalence de 3% en métropole. De plus, près de 38% des dialysés ont pour pathologie initiale de leur insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) le diabète, soit près du double de la valeur moyenne nationale (20%).
Comme l’explique la directrice de l’Aurar, Marie-Rose Won Fah Hin, « nous intervenons pour soigner une fois que la maladie est déclarée. C’est frustrant, nous aimerions pouvoir repérer les personnes à risque, afin de mettre en place des mesures de prévention adaptée. Les résultats de cette étude permettront de proposer une médecine personnalisée et prédictive, et d’améliorer la prise en charge des patients ».
De son côté, le Dr. Suden Budhan, représentant le CNRS, indique que cette future étude, rendue aujourd’hui possible grâce aux nouvelles technologies « qui ont évolué de manière spectaculaire dans le domaine de la génétique », permettra aller voir les problématiques à la source. « À La Réunion, on sait qu’il y a une multiethnicité et c’est une île où l’on maîtrise l’intégralité des paramètres qui rentrent », déclare le praticien.
En effet, avec un territoire de 2.500 km2 et un peu moins de 1 million d’habitants, les conditions sont optimales dans notre département pour lancer une étude génétique.
« Dans un premier temps, nous allons prélever le matériel génétique par une prise de sang et les échantillons seront envoyés en métropole, à l’unité mixte de recherche 8199 du CNRS de Lille, qui fera une série de marqueurs ADN. Si les gènes connus impactant le diabète ne sont pas retrouvés, une recherche de nouveaux gènes par séquence sera effectuée », conclut le Dr. Budhan.