Avec seulement 12 marquages sur les 80 espérés en début de campagne, l’équipe de recherche de l’IRD s’apprête à enclencher un nouvel étage de sa fusée: Installer une caméra sous-marine pour surveiller les requins. L’expérience, inédite en haute mer, a déjà été testée par les équipes de recherche de l’IRD et Pascale Chabannet (spécialiste des récifs corraliens) mais dans un milieu plus favorable : le lagon.
Le lieu de la pose est tout trouvé : au niveau du dispositif de concentration de poissons de la baie de Saint-Paul, spécialisé dans l’élevage d’ombriens subtropicales. « L’idée est double : voir si l’on repère d’autres requins que ceux qu’on a pu marquer depuis octobre et coupler la méthode de signalement acoustique par la méthode vidéo », annonce Marc Soria de l’Institut de Recherche pour le Développement. Sur le plan comptable, ce nouveau process insolite a pour avantage non négligeable d’être moins coûteux pour les pouvoirs publics que la pose de ces désormais fameuses balises.
Un tel équipement a déjà été utilisé par le passé. A l’époque, de simples caméras avec batterie et à disque dur pour enregistrer les images avaient été utilisées dans la quiétude du lagon. Mais jamais au large et en flux continu puisque les caméras du lagon devaient être récupérées une à une après un certain temps.
Acquisition d’images en temps réel
C’est le même matériel qui devrait être utilisé dans un premier temps en-dessous des cages aquacoles de Saint-Paul, mais une caméra originale et « brevetée », souligne l’IRD, disposera d’un mini essuie-glace intégré pour une prise de vue optimale et l’autonomie énergétique sera totale.
« Le protocole expérimental d’observation visuelle par caméra vidéo fera l’objet d’une étude préliminaire afin d’adapter un prototype de caméra autonome à l’observation des requins. Au cours de cette opération, nous testerons une bouée instrumentée comportant une source d’énergie solaire et un système de transmission téléphonique (GSM) des images pour les acquérir en temps réel pendant plusieurs semaines », annonce le programme de l’IRD. Ce prototype doit être mis à l’eau dans un deuxième temps. Habitué de la prise d’images sous-marine, Rémy Tézier collabore d’ailleurs au projet.
« L’objectif final sera de croiser les données imagées avec les conditions météorologiques », estime Marc Soria. Mais pas seulement. Au-delà, les données recueillies permettront peut-être de démystifier le rôle attribué à la ferme aquacole. Auprès des surfeurs, elle est souvent qualifiée de « garde-manger des squales ».
Si le planning est respecté, la première caméra sera immergée la semaine prochaine.