L’association Globice, l’observatoire Kélonia et le laboratoire Ecomar mènent depuis quelques jours une mission scientifique baptisée CéTO (pour Cétacés Tortues Oiseaux). CéTO vise à compléter les connaissances encore largement parcellaires sur la biodiversité présente autour de l’île.
Sur le plan d’eau, cette collaboration se concrétise par des observations effectuées sur une même embarcation et menées par trois équipes distinctes, la première en quête de cétacés, la deuxième de tortues et la dernière d’oiseaux.
Ces observations ont pour objectif une meilleure connaissance de la distribution et de l’abondance de ces trois groupes d’espèces à la Réunion. Pour la méthode, les équipes ont recours à la technique du « transect », c’est-à-dire la prospection visuelle en suivant une ligne imaginaire, le long de laquelle les équipes comptent les animaux rencontrés.
Les 1er et 2 juillet a eu lieu la première mission du programme : la réalisation des transects côtiers, entre Sainte-Marie et Saint-Pierre en passant par l’ouest le premier jour, puis entre Saint-Pierre et Sainte-Marie via les eaux de l’Est le lendemain.
Cette première mission côtière ciblait les tortues et le grand dauphin de l’Indo-Pacifique. Pour cette dernière espèce, si les eaux de l’ouest sont bien documentées à ce niveau, la manière dont ces dauphins occupent l’Est et le sud de l’île reste mal connue. Les prospections ont permis l’observation de neuf tortues vertes et une tortue imbriquée au large de Saint-Gilles, Saint-Leu, Saint-Pierre et Vincendo. Ce dernier secteur est particulièrement pauvre en termes de données sur ces espèces, notent les passionnés.
Mieux évaluer pour mieux protéger
Concernant les cétacés, les équipes rapportent la présence de groupes de grands dauphins de l’Indo-Pacifique au sein de la baie de la Possession, au large de Saint-Gilles, mais surtout d’un groupe au large de Saint-Benoît. Il s’agit de la première observation par Globice de l’espèce dans ce secteur. Les baleines à bosse ont également été rencontrées, au large de Saint-Leu le premier jour, face à Langevin le second. Quant aux puffins et pétrels, les équipes devront attendre leur retour à la fin de l’hiver. De la collecte des données de terrain à leur analyse.
De nombreuses données ont été rapportées, notamment les photo-identifications des tortues, dauphins et baleines observés. L’analyse de ces données permettra d’en apprendre davantage sur les mouvements des individus autour de la Réunion, en étudiant les recaptures, autrement dit l’identification d’un même individu sur plusieurs jours d’intervalle. Elles permettront également de mieux estimer l’abondance des populations.
Les équipes de Globice, d’Ecomar et de Kélonia espèrent que cette meilleure connaissance fournira des éléments contribuant à une gestion adaptée de ces populations, dont certaines figurent sur la Liste rouge des espèces menacées d’extinction de l’UICN1, rappellent les trois organismes associés au programme.
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1 La Liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature constitue l’inventaire mondial de l’état de conservation des espèces, en proposant une évaluation du risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces.