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Un premier bilan pour l’ail péi

Après quatre jours de festivités, la fête de l'ail s'est clôturée ce dimanche à Petite-Île. Si l'ail réunionnais présente des avantages indéniables, il est néanmoins en proie à une crise relative aux attaques répétées des maladies cryptogamiques et foliaires mais également aux importations massives en provenance de l'étranger. Explications avec Georges Dérand, le technicien maraîcher de la Chambre d'agriculture et maître à penser de l'ail péi.

Ecrit par Ludovic Robert – le lundi 16 novembre 2009 à 18H30

Georges Dérand comment s’est déroulée cette nouvelle édition de la fête de l’ail à Petite-Île ?

« Globalement, cela s’est bien déroulé. Les agriculteurs ont été satisfaits puisqu’ils ont pu écouler pratiquement toute leur récolte malgré une qualité moyenne pour cette année.
L’ail représente une culture de diversification complémentaire par rapport à la canne à sucre. Une culture qui n’est pas négligeable en terme de revenus annuels pour l’agriculteur. Cela a un succès énorme et puis, on a une bonne pub sur la qualité de l’ail de Petite-Île. Il reste à améliorer tout cela dans l’ensemble. Si il y a un bon encadrement technique derrière et qu’il y a une dynamique chez les agriculteurs, l’ail local a un bel avenir.
 »

Quelles sont les solutions préconisées par la Chambre d’agriculture pour la sauvegarde de cet ingrédient très apprécié sur les tables locales ?

« Il y a plusieurs actions qui sont envisagées pour l’avenir. Je pense notamment à une action sur la sélection et la qualité des semences utilisées, au niveau sanitaire. Il y a d’ailleurs un programme qui est engagé en collaboration entre la Chambre d’Agriculture et le CIRAD sur ‘l’apurement’ des semences pour améliorer les qualités de rendement.
Une seconde action consistera à la recherche de foncier nouveau sur la commune de Petite-Île. Il y en a mais il faut mettre en place un certain nombre de démarches à effectuer pour récupérer cette bonne terre agricole. Car il faut savoir que par rapport à la canne il ne reste plus grand chose pour l’ail. On va monter un peu en altitude sur la zone, entre 300-400 mètres et 900 mètres d’altitude car la production y est meilleure.

Sachant que les maladies cryptogamiques et foliaires sont conditionnées par le climat avec les vents et les alizés qui transportent ces maladies qui contaminent les parcelles. On pourrait mettre en place des brise-vents et éviter les systèmes d’irrigation par aspersions qui multiplient les maladies. Il y a quelques solutions techniques pour éviter ces problèmes. »

Alors que la consommation réunionnaise d’ail atteint pratiquement les 2.000 tonnes à l’année, la production péi ne dépasse pas les 200 tonnes et est régulièrement contrebalancée par les importations massives. Que peut-on faire pour y remédier ?

« Ce sont deux problèmes différents. On a aucune possibilité de concurrencer les importations car nous n’avons pas les moyens de supporter toute cette consommation locale.
Le véritable objectif est de stabiliser un noyau à peu près équivalent à 250 tonnes sur toute l’île dans les zones favorables dans du Sud et du Sud-Ouest avec Petite-Île comme noyau. Il faudra améliorer certaines qualités et trouver de la valeur ajoutée pour notre produit à travers un label comme pour la lentille de Cilaos. Mais concurrencer les importations, on ne pourra pas le faire.
 »

L’ail de Petite-Île est cultivé depuis plusieurs générations à Petite-Île. On a l’impression que cette tendance va diminuant. Pourquoi ?

« Je crois qu’il y a une évolution de la société qui veut ça. L’ail est une culture de tradition qui demande une main d’oeuvre abondante en terme de préparation du produit notamment au niveau du nettoyage, de la récolte, du séchage ou de la mise en bottes. Il y a des opérations qui sont donc gourmandes en main d’oeuvre pour conditionner le produit et, aujourd’hui, il n’y a plus cette tradition de main d’oeuvre familiale. C’est une évolution de la société. »

 

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