L’élection régionale des 14 et 21 mars prochains, va compliquer ce vœu pieu : “Un homme, un mandat”. La cause principale : la réforme territoriale en discussion en ce moment au Sénat et qui entrera en application en 2014.
La réforme territoriale va instaurer le statut de conseiller territorial, une structure intercommunale plus forte et une “métropole”, et ce à partir de 2014. Cela signifie que les conseillers régionaux élus en mars, et les conseillers généraux élus en 2011, auront un mandat tronqué (quatre ans pour les premiers, trois ans pour les seconds au lieu des six ans).
Si l’on ajoute qu’à partir de 2014, le nombre des ces élus aura diminué de moitié, aussi bien à La Réunion que dans l’Hexagone, respecter le vœu pieu des Etats-Généraux, “Un homme, un mandat”, relève de l’utopie.
Eric Magamootoo propose un « pacte moral »
Si en métropole, le PS milite pour cette évolution “morale”, à La Réunion, un seul candidat aux Régionales s’est clairement positionné. Il s’agit d’Eric Magamootoo, président de la CCIR, et ex-président de l’Atelier “Gouvernance”. Sur son site “nouvellepolitique.re”, Eric Magamootoo, qui avait démissionné de son poste de conseiller régional socialiste quand il a été élu président de la CCIR, propose même un pacte moral.
“C’est un pacte moral en cinq points : un homme, un mandat ; un mandat pas plus de deux fois de suite ; exclure le favoritisme en politique ; exclure la favoritisme dans la fonction publique ; limiter le cumul des indemnités”, défend Eric Magamootoo, tête de liste aux Régionales. Les autres partis politiques locaux engagés tentent de trouver une parade à ces propositions.
Les autres partis englués dans le cumul des mandats
A droite, Didier Robert est déjà député-maire du Tampon, Jean-Claude Lacouture est maire et conseiller général de l’Etang-Salé, c’est aussi le cas de Paul Franco Técher à Cilaos, de Daniel Gonthier à Bras-Panon et Stéphane Fouassin à Salazie.
Au PS, même si c’est Michel Vergoz qui conduit la liste, plusieurs ténors socialistes ont une double casquette. Gilbert Annette est maire et conseiller général, Patrick Lebreton est député-maire de Saint-Joseph et Jean-Claude Fruteau, député-maire de Saint-Benoît.
A l’Alliance (ou au PCR), si Paul Vergès est exemplaire en la matière, tout comme son fils Pierre, aux yeux d’une partie de la population, cette exemplarité est ternie par les privilèges et les postes “bien rémunérés” attribués aux enfants du président de la Région Réunion. Sur ce point, Eric Magamootoo a juste quand il dit : “il faut exclure le favoritisme en politique”.
Parmi les autres élus communistes, il y a Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul, Jean-Yves Langenier, maire et conseiller général du Port, ce qui est aussi le cas Roland Robert à La Possession. Yolande Pausé, conseillère régionale, est devenue maire de Sainte-Suzanne l’année dernière. Yvon Virapin est le seul élu local à être à la fois conseiller régional et conseiller général.
Et que dire de Thierry Robert, élu du Modem, maire de Saint-Leu et double conseiller général de la ville de l’Ouest. C’est inédit.
“Un homme, un mandat”, c’est aussi dans “l’esprit”
“Un homme, un mandat”, c’est aussi dans “l’esprit”. Le député-maire Didier Robert est également président de la CCSud, Michel Fontaine, maire de Saint-Pierre est également président de la Civis. Pierre Vergès est président et PDG de la SR21 et président de l’IRT. Alain Armand, conseiller régional et conseiller municipal de Saint-Denis, est président de la Sem Muséo président de la Sodiac et conseiller de Nassimah Dindar.
Philippe Leconstant, premier adjoint au maire de Saint-Benoît et conseiller général, est également président de la Cirest. Son premier vice-président Eric Fruteau est maire et conseiller général de Saint-André… A gauche comme à droite, cette situation avantage outrageusement les bénéficiaires. Et celle-ci ne devrait pas beaucoup changer malgré la réforme territoriale qui se prépare.
« Non, le gouvernement n’a pas l’intention de modifier la législation », avait dit Alain Marleix, secrétaire d’Etat aux collectivités territoriales, au sujet du cumul des mandats dans le Figaro. Le président de la République souhaite qu’un parlementaire conserve un mandat exécutif local ou une présidence d’une collectivité.
“C’est la seule façon de sortir du piège du mandat unique qui est une fausse bonne idée et qui va couper les élus territoriaux, des élus nationaux”, avait expliqué Nicolas Sarkozy. Le chef de l’État sera-t-il pour autant responsable des abus, du favoritisme, et des faiblesses de la nature humaine ?