Daniel Laborde est directeur de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt à Mayotte. Dans un courrier sur papier à en-tête de son service adressé le 29 avril dernier à l’administrateur des Affaires maritimes Nicolas de Roland, il donne officiellement son avis concernant le récent arrêté préfectoral interdisant la commercialisation de viande de requin à Mayotte, sous prétexte du principe de précaution, histoire de se protéger de la ciguaetera. Et il n’y va pas par quatre chemins…
Je le cite : « … je vous confirme que le service de l’alimentation de la DAAF Mayotte fait analyser par un laboratoire de l’ile de la Réunion diverses espèces de poissons pêchées localement (10 échantillons par an) pour la recherche de ciguatoxines (biotoxines). Depuis quatre ans que cette recherche est effectuée de manière systématique, les résultats se sont systématiquement révélés négatifs en ciguatoxines. Par conséquent, aucun argument de nature sanitaire ne permet de justifier d’une interdiction de commercialisation de viande de requin sur le territoire« …
Bin, mon colon ! Voila qui est envoyé…
Je résume donc :
1) Il existe un laboratoire à la Réunion capable de détecter d’éventuelles traces de ciguatoxine dans les poissons. Première nouvelle ! On nous avait toujours affirmé jusqu’à maintenant que les échantillons devaient être expédiés en métropole…
2) Aucune trace de ciguatoxine n’a été relevée dans les 40 échantillons analysés depuis 4 ans sur des poissons pêchés à Mayotte. Tiens, comme à la Réunion…
3) Ce qui permet au directeur de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Mayotte d’en déduire qu’il n’existe « aucun argument de nature sanitaire (qui) permet de justifier d’une interdiction de commercialisation de viande de requin sur le territoire« .
4) Ça, c’est pour Mayotte. Mais quelle différence avec la Réunion où on n’a relevé aucune intoxication depuis 6 ans, puisque le dernier accident remonte à octobre 2009, date à laquelle 4 personnes avaient été intoxiquées sans conséquences mortelles ? Pour moi aucune… D’autant qu’il est de notoriété publique qu’un grand nombre de requins est consommé, malgré l’interdiction. Sans aucun accident jusqu’ici…
Donc, si je comprends bien, si on ne peut se baser sur « aucun argument de nature sanitaire« , comment se fait-il qu’on ait interdit quand même la consommation -et par voie de conséquence la pêche- des requins, à Mayotte et à la Réunion? Et si ce n’est pas pour des raisons sanitaires, que reste-t’il comme raisons? Des arguments politiques? Histoire de ne pas se mettre à dos les « écolos bobos » ardents défenseurs du « pauvre requin qui est dans son élément et que de vilains humains viennent déranger« ? Ce qui justifie amplement à leurs yeux que ces « pauvres requins » se défendent en croquant ce qui leur passe sous la dent, dont nos enfants?
Ce serait bien que le préfet de la Réunion nous dise exactement pour quelles raisons il interdit la consommation de requin, au vu de ce courrier officiel d’un directeur d’un service de l’Etat…