Un joueur international gabonais arrivera peut-être bientôt à la Saint-Pierroise. Ce n’est pas la première fois que le club sudiste recrute des joueurs en Afrique, on se souvient notamment de la grande épopée du club avec le camerounais Roger Milla, une autre époque diront certains, car depuis, les expériences sont souvent coûteuses mais rarement aussi enrichissantes. Aussi, peut-on se poser la question de savoir si le football réunionnais sort gagnant de ce genre de recrutement.
Il y a deux ans, la JSSP avait déjà fait une malheureuse expérience en faisant venir deux joueurs guinéens qui ne s’étaient pas bien adaptés ou plutôt, selon Patrick Candassamy, président du club, « ils n’avaient pas été correctement accueillis par le groupe ». Pourtant, le président de la JSSP assure que le groupe est aujourd’hui différent, qu’il n’y a plus de « commérages », il est donc confiant au moment de renouveler l’expérience avec Thierry Issiemou, international gabonais qui évoluait dernièrement dans un club tunisien.
Football professionnel ou amateur ?
A La Réunion, les clubs de football ne s’autofinancent pas, leur fonctionnement dépend des subventions municipales. Pour la JSSP, la subvention avoisine les 400.000 euros pour cette saison. Malgré l’importance des ces financements publics, les clubs ne parviennent pas toujours à faire face à leur train de vie et notamment à la masse salariale des joueurs.
Il s’agit là d’une particularité du football réunionnais, car pour faire venir un joueur africain sur le sol français, il lui faut un visa et par voie de conséquence, un contrat de travail. La Réunion est donc le seul Dom à proposer des « contrats fédéraux », c’est à dire des contrats de travail appliqués au football. On peut donc légitiment se demander si le football est amateur ou professionnel à La Réunion, d’autant que la FIFA s’est clairement prononcée sur le statut professionnel des titulaires d’un contrat fédéral.
La ligue tente de réguler
Patrick Candassamy affirme que son club remplit une « mission d’animation » au stade Michel Volnay, au même titre selon lui que « le festival Sakifo. » Il prétend également que le niveau du football local serait celui de la CFA en métropole, ce qui ne semble pas être l’opinion de la plupart des spécialistes du football local qui considèrent que le niveau est plus proche de la division d’honneur (DH). Néanmoins, selon le président de la JSSP, ces arguments sont suffisants pour légitimer l’appel à des joueurs comme Thierry Issiemou, « pour le spectacle ».
Mais, faire venir un joueur d’aussi loin, en plus d’être une opération financière onéreuse, est-ce une bonne chose pour les jeunes joueurs réunionnais ? Pour Yves Ethève, le président de la Ligue réunionnaise de football (LRF), il faut déjà que « les clubs assurent leurs finances ». Selon lui, il faut « garantir la pérennité du club ». De plus, le patron du football péï ne semble pas très enthousiaste lorsqu’on lui parle de la venue d’un joueur gabonais car « le public attend des voir des joueurs locaux autant que possible, des joueurs auxquels les supporters peuvent s’identifier ».
D’ailleurs Yves Ethève rappelle que ce recrutement n’est pas entériné puisque la commission régionale n’a pas validé la demande de licence fédérale du joueur, notamment « en raison de la politique générale du club et de la situation générale de celui-ci qui perdure dans sa fragilité » (PV n°7 du 14 février 2011). Le bureau de la LRF devrait statuer ce soir concernant la validation de ce dossier.
La saison dernière, le club sudiste avait frôlé la relégation et malgré la subvention municipale, les soucis financiers étaient particulièrement préoccupants. Du côté de Saint-Pierre, tous les dirigeants du clubs ne cautionneraient d’ailleurs pas cette politique.