La Réunion comptera un 15e établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) en 2015. Il sera implanté au Port et portera le nom d’un citoyen portois engagé : Fabien Lanave.
Sur un terrain vague de 5.800 m2 et situé entre le stade de football du quartier Titan et les logements sociaux de la SEMADER, une clôture de chantier annonçant les travaux délimite déjà la zone.
C’est donc un dossier amorcé en 2006 que le maire, Jean-Yves Langenier, a présenté à deux semaines de sa retraite politique. La présentation du futur EHPAD s’est faite en mairie, en présence de la collectivité départementale, chef de file de l’action sociale et aussi de la Fondation Père Favron, futur gestionnaire des lieux.
La structure offrira une capacité de 80 résidences. Une place particulière sera apportée aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer avec 12 places réservées. Pour les cas nécessitant une urgence, quatre places temporaires ont été pensées dont deux consacrées à la seule maladie neuro-dégénérative.
Jean-Louis Carrère, président de la Fondation Père Favron, insiste sur l’architecture du lieu qui a été imaginée comme un continuum de l’esprit de la case créole. « Sortir de sa case : le créole a beaucoup de mal avec ça », plaide également la présidente du Conseil général, Nassimah Dindar.
Le concept retenu repart de la structuration de l’habitat créole traditionnel, avec l’accueil par le jardin et la varangue, avant d’accéder aux parties privatives. Histoire de (re)créer « une intimité ». L’autre effort particulier a été de créer des lieux de vie pour un couple âgé avec des chambres doubles. La Fondation Favron s’apprête donc à sortir son 6e EHPAD dans le département qui en compte quatorze. Celui du Tampon est également dans les tuyaux après la visite ministérielle de janvier dernier.
Nassimah Dindar privilégie le maintien à domicile tant que possible
Nassimah Dindar a profité de cette tribune pour rappeler la période de doute dans laquelle sa collectivité, à l’instar des autres départements français, traverse. La loi sur la dépendance devrait être débattue dans quelques mois, « mais pour quel contenu? », demande la présidente du Conseil général.
Avec « une population vieillissante », la question de sa prise en charge par la collectivité se fait de plus en plus pressante. Nassimah Dindar rappelle les actions volontaristes de son assemblée parfois même en dehors du cadre des compétences obligatoires.
Malgré les incertitudes qui planent autour de cette future loi et des moyens financiers associés, Nassimah Dindar plaide pour une prise en compte de la spécificité réunionnaise. Les lois, telles quelles sont disposées aujourd’hui favorisent le délitement les liens familiaux, selon elle. Le summum des incohérences administratives tient dans la volonté parfois affichée d’un enfant de s’occuper de son parent dépendant. Mais le cumul des aides, pour un bénéficiaire du RSA, écarte la possibilité d’une prise en charge intra-familiale. Nassimah Dindar préfère s’inscrire dans une démarche « favorisant au maximum le maintien à domicile ». « Plus on aide au maintien, moins on arrive à la situation de dépendance », constate-t-elle.
L’EHPAD du Port sera livré fin 2015 pour un coût de 12,4 millions d’euros. Le chantier commence réellement en juin prochain. L’appel d’offres pour sa réalisation est en cours.
Commentaire : Outre Nassimah Dindar, la représentation du Conseil général était assurée par le conseiller général du…canton 2 du Port : Henri Hippolyte. Or, le quartier Titan sur lequel doit s’implanter l’EHPAD se situe sur le canton 1, fief du conseiller général Pierre Vergès, absent. Doit-on y voir un lien avec la rupture conventionnelle engagée entre la mairie du Port et « son employé », Pierre Vergès, intervenue en 2013.
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Qui était Fabien Lanave? Né en 1914 (décédé en 2013), Fabien Lanave était citoyen d’honneur de la ville du Port et s’était illustré dans de nombreuses luttes syndicales et politiques. Employé comme comptable à l’équipement, il a été membre fondateur et premier secrétaire général de la CGTR en 1968, conseiller municipal sous la mandature Léon de Lepervanche, de 1953 à 1962 et durant le premier mandat de Paul Vergès (1971 à 77).