Rarement la rue du front de mer n’aura été aussi peu praticable, en venant même jusqu’à concurrencer les vendredi et samedi, jours de marché forain.
Il faut dire que l’attente est là. Le chômage est un fléau qui traverse toutes les générations. Même si de tous les candidats rencontrés ce matin, la grande majorité a entre 17 et 25 ans, « nous ciblons sur une catégorie qui va de 17 à 98 ans » ,en rigole Dario Babet, le chef de projet à la mairie de Saint-Paul qui a en charge cette journée événementielle.
Le concept est simple, « il s’agissait pour nous d’avoir la participation de nombreux partenaires qui travaillent dans le milieu de la recherche d’emplois, de la formation ou encore de l’apprentissage. Les Chambres de commerce sont également là ». Sur l’emplacement habituel du marché forain de Saint-Paul sur le front de mer, les parasols des bazardiers ont été remplacés par 42 stands d’autant d’organismes aussi bien publics que privés. Citons pêle-mêle la présence de l’Afpar, du Cnarm, de Ladom, du Rsmar, des nombreuses agences d’emplois en intérim et bien sûr de Pôle Emploi. Le carré du front de mer est ainsi divisé en trois parties : une partie formation, création d’activité et enfin recherche d’emplois avec notamment un espace job dating.
Concept de proximité
« Nous avons beaucoup de personnes qui hésitent encore à se rendre dans les agences qui sont dispersées un peu partout sur le territoire. A quel organisme se présenter ? Quel interlocuteur pour monter sa propre entreprise ? Bref, nous rassemblons en un même lieu toutes les composantes de l’emploi », résume avec beaucoup de passion dans la voix Dario Babet.
Sur le ton de la confidence, l’actuel chef de projet retrace son propre parcours. « J’ai commencé moi-même par un contrat CES comme on appelait ça à l’époque. Puis, j’ai suivi formations sur formations pour occuper aujourd’hui un poste de catégorie A ». C’est donc fort de son expérience qu’il parle aujourd’hui d’un « concept de proximité » qui permet de décloisonner les relations ordinaires entre structures pour l’emploi et les chercheurs.
Pour une première, la manifestation est pour le moins réussie. « En une heure ce matin, nous avions déjà remis 2.500 flyers », concède Dario Babet. « Les gendarmes nous disent qu’environ 5.000 personnes ont fréquenté le site depuis 9h ce matin ». Un succès matinal qui préfigurait d’une aussi grande affluence dans l’après-midi.
Le travail viendra à toi
Tous les atouts sont mis entre les mains des plus courageux. « Nous avons affrété des bus spéciaux pour les personnes vivant dans les écarts. Pour les autres, leur ticket de bus à 1,20 euros leur sera doublement remboursé à leur arrivée au carrefour de l’emploi par la Semto (la société d’économie mixte des transports de l’ouest). La personne qui vient ici a l’assurance d’avoir en retour le remboursement de son aller et un ticket retour ».
Ce succès, Dario Babet le vit à double tranchant. « C’est une réussite mais ça veut aussi dire que la demande était là », ce qui peut paraitre aussi inquiétant pour les organismes qui ont la charge de l’emploi à la Réunion. « C’est la preuve qu’ils ne sont pas tous paresseux », évoque le chef de projet, sans doute touché par le débat sur l’assistanat qui revient souvent au devant de l’actualité. La rencontre avec les professionnels et les organismes de recherche d’emploi se poursuit jusqu’à 15h. Pas sûr que cette initiative soit suffisante à répondre à cette énorme affluence.