Conformément à l’arrêté préfectoral du 23 octobre 2006, s’est tenu le 24 octobre dernier en préfecture, une réunion du Comité sécheresse. Ce dernier dresse un bilan alarmiste de la situation hydrologique et météorologique en cette période dite « sèche ».
Ainsi, le Comité sécheresse a déclaré : » Les précipitations des derniers mois n’ont pas comblé le déficit pluviométrique. Celui-ci est important sur les régions sud et ouest de l’île. Les réserves d’eau constituées sont en diminution depuis le mois de mars. La plupart des cours d’eau sont en déficit par rapport aux normes saisonnières. Le niveau des réserves souterraines est en baisse sur l’ensemble du département. Seul l’ouest (Le Port et Saint-Paul) et le secteur de Sainte-Marie possèdent des ressources sédentaires par rapport aux normes saisonnières. Alors que le reste de l’île est en état déficitaire surtout dans le sud, l’ouest , l’est et le secteur des Plaines.
Les restrictions d’eau ne concernent que l’Etang Salé et Le Tampon. Par ailleurs, pour la micro-région sud, une cellule opérationnelle de gestion de crise a été mise en place.
Quel impact a eu la sécheresse chez les cultivateurs et marchands de légumes ? Direction le marché des Camélias pour en connaître les conséquences.
Pour Wilfrid qui possède une exploitation à Bois de Nèfles, dans les hauts de Saint-Denis, la sécheresse a eu beaucoup d’impact.
« J’ai perdu de 40 à 60% de rendement, du coup les prix ont augmenté par la force des choses, ce qui mécontente les clients. Il faut la mise en place de moyens pour aider les exploitants, comme par exemple des bacs réservoir d’eau. La saison des pluies ne va pas arranger les choses. Les letchis sont en ce moment en fleurs, s’il pleut trop ils vont noircir sur l’arbre ».
Le bilan est encore plus dramatique pour Luc, maraîcher dans la région du Grand Tampon, dans le Sud.
Le cultivateur de fraises explique : « Avec la chaleur, les insectes, et notamment l’araignée rouge, envahissent les cultures et abîment les plants. Il y a beaucoup de perte. La saison des pluies qui arrive généralement vers la fin octobre marque la fin de la saison des fraises et le début de la saison des letchis, j’attend la note de la Cise qui va être très salée ! »
Clovis a perdu la moitié de ses récoltes.
« J’ai perdu 50% de mes récoltes, c’est trop de perte à cause de la sécheresse ! Et le pire c’est que je ne peux pas monter les prix, je travaille pour rien, je suis obligé de toucher à mon capital propre. La pluie est nécessaire mais trop de pluie c’est mauvais pour les salades, brèdes… Ca amène beaucoup de maladies ! »
Ayant ses champs à Domenjod, Nicolas aussi n’a pas été épargné par la sécheresse.
« J’ai perdu énormément. Les tomates, citrouilles ne grossissent pas. J’ai perdu 50% de mes rendements habituels, mes prix restent les mêmes à part pour la tomate qui est à 1,50 euros en ce moment alors qu’habituellement elle tourne autour de 80 centimes d’euros. Avec la pluie qui arrive tous les légumes vont gâter ! »
Pour Yoland, maraîcher dans les hauts de Sainte-Marie, la perte est encore plus prononcée.
« J’ai perdu 80% de ma récolte ! Et le pire c’est que je ne peux pas augmenter mes prix. Les gens ne vont pas payer une salade trois euros ! Je prends donc sur moi, mais c’est une véritable fardeau ! La saison des pluies s’annonce meurtrière. Les légumes sont fragiles en saison de pluies et avec les chaleurs ça fait comme une sorte de bouillon. Les légumes cuisent au soleil. Et les insectes s’en donnent à coeur joie. Malheureusement on ne contrôle pas la nature ! »
A la Bretagne, la sécheresse a également beaucoup sévi. Fabrice Robert explique.
« Je ne suis pas le plus mal loti, n’ayant pas eu de restrictions d’eau et étant en plein champs. Mais, à cause de la chaleur et des grosses pluies, j’ai perdu près de 25 à 30% de ma récolte. Mes prix n’ont pas augmenté plus que ça, ils restent stables sauf pour la tomate. J’attends juste une grosse facture d’eau. Il faut prévoir une augmentation des légumes pour la fin de l’année à cause de la saison des pluies. »