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Travail illégal : Les Chagossiens face à leur ex-patron

Deux ans après les faits, les 14 chagossiens, victimes de travail dissimulé, se retrouvent face à leur ancien patron d'origine mauricienne. L'employeur risque dans cette affaire 12 ans d'emprisonnement avec sursis simple et indemnisations des victimes. Le délibéré sera rendu le 29 septembre par le tribunal correctionnel.

Ecrit par Melanie Roddier – le mercredi 09 septembre 2009 à 09H14

En l’absence d’un des deux accusés pour grippe A, un seul des patrons s’est défendu hier à la barre. C’est suite à une dénonciation que l’affaire éclate. Au mois de février 2007, un employeur mauricien fait venir, à La Réunion, 14 personnes originaires de l’archipel des Chagos, une main d’œuvre qui semble-t-il « rechigne » moins à faire des travaux pénibles car « on a cherché des Réunionnais, on a pas trouvé » se défend le patron qui s’occupe d’une société de travaux de recyclage de matériaux. Hier, il devait donc répondre à un défaut de remise de bulletin de salaire, une « rémunération sans rapport avec un travail accompli » face à une  « vulnérabilité et état de dépendance connu » ainsi que des « conditions de travail incompatibles avec la dignité humaine« .

Voilà ces 14 chagossiens partis pour ce qu’ils imaginaient être une réponse à la misère : « on nous a proposé 900 euros par mois. Je pensais envoyer cet argent à ma famille à Maurice » témoigne l’un d’entre eux. Le président de la cour lui demande: « Est-il vrai que vous deviez vous faire passer pour des touristes?« , la victime répond :  « ils nous a demandé de dire qu’on vient comme des touristes au passage de la douane de La Réunion. »

Un autre arrive à la barre. « Un jour je lui ai dit que j’avais faim, il m’a répondu de manger l’herbe« , explique cet homme qui n’arrivera pas à achever son exposé, sous le coup de l’émotion. Son avocat expliquera plus tard dans sa plaidoirie « que cet homme qui s’est mis à pleurer à la barre a quitté Maurice, sa famille et son bébé de 9 jours pour tenter de gagner un peu d’argent » ajoutant que « c’était pour ces Chadossiens, un peuple sans terre dont une partie s’est réfugiée dans les années 70 dans les bidonvilles de Port-Louis, la chance de leur vie quand on sait que le salaire moyen à Maurice est de 150 à 200 euros et qu’on leur promettait là 900 euros par mois. Finalement, ils n’ont gagné guère plus qu’à l’île Maurice là où sont leurs familles« .

Mais pour l’avocat de la Défense, « on est loin d’une situation où ils auraient travaillé sans n’avoir rien perçu« , soulignant l’exagération des médias pour évoquer cette affaire avec des gros titres tels que « l’esclavagiste« . Le procureur de la République, M.Auter, soulignera pour sa part, le mauvais traitement sur les chantiers : « pas d’extincteur, pas de sanitaires, pas de points d’eau » ou encore « l’obligation d’attendre devant le chantier clos que l’on vienne les chercher le soir, des soirs où parfois levés depuis 5 heures du matin, ils terminent à 19 heures« .

Les patrons risquent 12 ans d’emprisonnement avec sursis simple et devront indemniser les victimes. Le délibéré sera rendu le 29 septembre.

 

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