L’union syndicale interprofessionnelle, Solidaires-Réunion, dénonce le projet de loi concernant le travail dominical et nocturne qui sera présenté au parlement le mois prochain. Le groupe a tenu une conférence de presse ce jeudi, la veille de la manifestation syndicale qui se tiendra demain en métropole.
Le projet de « loi pour l’activité » du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, vise à relancer l’économie en ouvrant les grands commerces le dimanche et le soir plus particulièrement dans les gares et « zones touristiques à fort potentiel économique ».
Selon Solidaires-Réunion, il s’agit d’une loi « anti-économique » et une « déréglementation de l’État ». « Dans ce secteur il y a une majorité de femmes, de jeunes et de personnes peu qualifiées qui travaillent à temps partiel, explique Pascal Valiamin, délégué régional du groupe syndical, cette loi forcera ceux qui sont dans la précarité à accepter tout et n’importe quoi ». Car si le travail dominical et nocturne devrait être basé sur le volontariat, Pascal Valiamin voit ça autrement: « On ne peut pas parler de volontariat quand le pouvoir d’achat diminue et les salaires stagnent. Les gens n’auront pas le choix ».
Il précise également que la majoration des salaires ne se fera que selon l’accord des entreprises ou de la convention collective et ne sera pas obligatoire. « La réglementation ne s’appliquera qu’aux entreprises de plus de 11 personnes, donc les plus petites, à qui cette loi va certainement donner des idées, pourront faire travailler leurs salariés sans majoration. Ce sera la mort du petit commerce », explique Pascal Valiamin.
La Réunion pourrait être concernée
Pour Solidaires-Réunion, les « dimanches du maire » qui passent de cinq à 12 par an, le travail le soir et les jours fériés vont « dérégler les temps sociaux ». « Il faudra plus de transports, plus tard, des horaires de crèche adaptés… trop de secteurs seront impactés », explique le délégué régional.
Il rappelle également que même si La Réunion ne pas manifeste demain, elle pourrait être touchée par cette loi « écrite avec la plume du Medef »: « Avec l’ouverture de zones touristiques à fort potentiel économique, La Réunion peut être considérée comme une telle zone. Et comment fait-on pour protéger nos petites entreprises qui chercheront elles aussi à travailler davantage? »
« On nous dit que cette loi est une demande des Français et des Réunionnais et qu’elle va créer plus de richesse, mais je vous assure que celui qui dépense 100 euros le dimanche, ne dépensera pas à nouveau 100 euros le lundi. Ce sont plutôt ceux qui vivent déjà dans la précarité qui seront touchés », explique-t-il.
Une manifestation se tiendra à Paris demain à l’appel de l’intersyndicale du commerce parisien, le CLIP-P. A l’échelle local, Solidaires-Réunion ouvre une cellule judiciaire pour accueillir et aider les salariés concernés.