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Tourisme en Outre-mer: La Cour des comptes juge « inefficace » l’action des collectivités

La Cour des comptes à Paris s'est penchée sur le volet "tourisme" dans les Outre-mer, et donc à la Réunion dans son rapport annuel 2014. Les magistrats se sont arrêtés sur plusieurs aspects tels que la promotion, l'accessibilité ou encore l'offre. Et le constat n'est pas brillant. Si la Cour des comptes reconnait que le "secteur est en crise", elle n'épargne pas l'action des collectivités locales jugée "inefficace" dans certains domaines. Le sursaut est "indispensable".

Ecrit par zinfos974 – le mardi 11 février 2014 à 18H00

« Les deniers publics pourraient être mieux utilisés« , explique Christian Roux, président de la Chambre régionale des comptes. Chargé de présenter à la Réunion la déclinaison locale du rapport de la Cour des comptes sur le tourisme dans les outre-mers (sur la période 2006-2012), le président de la Chambre régionale des comptes s’est arrêté sur les actions menées, les offres proposées, la promotion de la Réunion… Le bilan n’est pas forcément brillant.

« Il ressort de ces contrôles que le dynamisme des îles concurrentes relativise la portée des explications qui rendent la crise économique internationale responsable de cette situation. La cause est davantage à rechercher dans les difficultés structurelles de l’outre-mer, en particulier des interventions peu dynamiques des collectivités et, de façon générale, une action publique souvent inefficace« , explique en introduction la Cour des comptes.

Ces difficultés structurelles, quelles sont-elles ? Stratégies touristiques peu offensives, connaissance lacunaire du secteur, coordination insuffisante, actions publiques inefficaces, accessibilité restreinte (visa et offre aérienne ndlr), aides inopérantes ou encore faiblesse de l’offre hôtelière sont passées au crible par les magistrats… Un inventaire à la Prévert où tous les départements d’outre-mer sont concernés.

600.000 touristes en 2015 à la Réunion ? Une hypothèse irréaliste pour la Cour des comptes

A la Réunion, 85,3 millions d’euros de subventions ont été versés entre 2006 et 2012 dans le secteur touristique. « Le montant des aides a augmenté de 65% en 2012 par rapport à 2006« , souligne la Cour des comptes. Si le secteur est en crise et que la Réunion a connu des crises sanitaires et sociales (chikungunya et requin), la Cour des comptes note que les îles voisines sont plus « attractives« . Dans la zone, les Seychelles (958.000 touristes) et Maurice (965.000 touristes) sont loin devant la Réunion (446.500 touristes) en 2012.

Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer cette situation. « Les stratégies touristiques de la Martinique et de la Réunion s’inscrivent dans des plans anciens, datant de la fin des années 90 et du début des années 2000 (…). Ces documents affichent des objectifs généraux (…) sans précision de calendrier, ni de moyens financiers. La plupart d’entre eux sont fondés sur des hypothèses irréalistes, comme l’objectif de parvenir à 600.000 touristes d’ici à 2015 à la Réunion, l’offre d’hébergement étant incapable d’absorber un tel flux« , souligne la Cour des comptes dans son rapport 2014.

Sur l’offre d’hébergement, pour la Cour des comptes, elle n’est pas adaptée à la situation de notre île. La Région Réunion s’était fixée de créer 1.000 chambres classées entre 2006 et 2013. « Malgré l’aspect incitatif des aides (…), le soutien du FEDER (fonds européen ndlr), l’objectif est loin d’être atteint« , explique la Cour des comptes. Malgré la mobilisation de 4 millions d’euros, seules 117 chambres ont été créées au lieu des 1.000 annoncées.

Les tarifs élevés des compagnies aériennes

Mais le principal handicap reste l’accessibilité à la Réunion, fortement contrainte par les conditions d’obtention de visa et l’offre aérienne. Sur l’offre aérienne, en dehors du peu de compagnies desservant notre île, ce sont bien les tarifs élevés qui freinent l’arrivée des touristes. « L’existence d’écarts de prix pouvant aller du simple au double en période de vacances scolaires et un autre inconvénient. Calculés par la méthode du yield management (en fonction des taux de remplissages), les prix peuvent atteindre des niveaux dissuasifs lors de ces dates pour les touristes d’agréments. Les dispositifs de continuité territoriale et de congés bonifiés peuvent avoir un caractère inflationniste sur les tarifs aériens« , précisent les magistrats.

Tout n’est pas à jeter non plus. La Cour des comptes note que la Réunion a « retrouvé » un dynamisme certain à la fin de l’année 2011 dans le cadre de la connaissance du secteur touristique. De nouvelles initiatives telles que « les îles Vanille » sont saluées mais restent « handicapées » par les fragilités opérationnelles.

Le tourisme un secteur d’avenir pour les DOM

Dans ses conclusions, la Cour des comptes note que les « atouts indéniables » des départements d’outre-mer font du tourisme un « secteur d’avenir » mais les résultats ne sont pour le moment pas à la hauteur des potentiels.

Ces magistrats font en tout huit recommandations à destination de l’Etat et des collectivités. En direction de l’Etat, il s’agit notamment de demander la suppression de la loi de défiscalisation « Girardin » en faveur des investissements productifs et les remplacer par d’autres modes d’intervention, moins couteux pour le budget de l’Etat, mais surtout plus efficaces.

Pour feuilleter le rapport de la Cour des comptes, ainsi que la réponse de la Région Réunion, l’IRT et les « Iles Vanille », voir ci-dessous :

 

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