Si la fréquentation touristique peine à décoller, la consommation touristique intérieure, elle, se porte bien, selon le bilan du CEROM* (Comptes économiques rapides pour l’Outre-mer).
Elle a même progressé de 8,3% – +6,5 hors inflation- entre 2005 et 2010, période durant laquelle a été élaborée « le compte satellite du tourisme en 2010 », et suit à peu près la même tendance depuis. L’étude ne s’intéresse pas qu’à la clientèle extérieure mais aussi à tous les Réunionnais qui séjournent hors de chez eux une nuit, vont au restaurant, achètent un billet d’avion dans une agence locale, ou se rendent à un festival.
Les premiers consommateurs de produits et services touristiques sont d’ailleurs les Réunionnais, qui consomment 60% de l’ensemble de la dépense touristique à la Réunion. En 2010, celle-ci pèse environ 1,2 milliard d’euros. Le visiteur réunionnais voyage davantage et consomme également plus de produits culturels. Ses dépenses progressent trois fois plus vite que celles de la clientèle extérieure (+ 13,0% en moyenne par an contre 4,5% par an), alors que son budget consacré au logement recule et pour les besoins alimentaires.
Les Réunionnais se rendent aussi dans les hôtels de l’île et représentent un tiers de leur clientèle. En parallèle, le CEROM constate que les visiteurs extérieurs se tournent de plus en plus vers les locations saisonnières, au détriment des hôtels. Ils abandonnent aussi plus facilement les voyages à forfait et préfèrent organiser leur séjour eux-mêmes.
Cette consommation touristique intérieure majoritairement boostée par la population réunionnaise n’est pas une exception. Dans la plupart des pays développés, le schéma est similaire, comme aux Etats-Unis où 85% de la consommation est générée par la population américaine. Chez nos voisins mauriciens au contraire, ce sont les touristes extérieurs qui consomment davantage (85%).
Ces dépenses représentent, certes, un poids faible dans l’économie de la Réunion (2,3% de la valeur ajoutée totale) mais pèsent davantage que dans l’énergie (2%), l’industrie agro-alimentaire (1,6%) ou l’agriculture et la pêche (1,2%).
« Quand on parle de tourisme, on pense presque toujours aux voyageurs venus de l’extérieur, souligne Valérie Roux, directrice régionale de l’INSEE, et on oublie le client réunionnais qui représente pourtant une grosse proportion. »
*CEROM: Partenariat qui regroupe l’IEDOM, l’INSEE et l’AFD