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Thérèse Baillif: « Les candidats ont-ils une véritable conviction ? »

Tous les jeudis, jusqu'aux élections municipales de mars 2014, la rédaction de Zinfos974 vous propose de voyager dans les méandres d'anciennes municipales, de vous replonger dans les campagnes électorales d'antan et de revivre quelques anecdotes grâce aux interviews d'anciens élus réunionnais.

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 06 mars 2014 à 10H23

Notre rubrique « Hier en campagne » vous propose aujourd’hui un échange avec Thérèse Baillif. Connue pour son engagement pour les droits de la femme avec le CEVIF – l’AFAR puis l’AMAFAR dans les années 80-90 – on connaît moins son implication en politique. Avec des mandats, certes en retrait, elle a quand même goûté très tôt à la politique avec son père, 1er adjoint des Avirons. Preuve de son aura dans la société réunionnaise, elle révèle que certains candidats ont recherché son soutien pour la campagne 2014. Mais elle a clairement tourné la page…
 
Zinfos974: Pouvez-vous revenir sur votre parcours politique ?

Thérèse Baillif : J’ai eu une courte carrière politique (elle rigole). J’ai d’abord été engagée dans la société j’ai envie de dire. Mais la politique me semblait déjà très tôt être le domaine approprié pour exprimer mes actions. Jeune maman, jeune épouse, très vite j’ai pensé à la politique avant même l’associatif. Au début, j’étais plutôt du côté de la militante, je participais aux réunions mais sans mandat. J’ai, plus tard, été conseillère municipale à Saint-Denis (liste Auguste Legros) puis suppléante d’un candidat aux législatives, Ibrahim Dindar.

Est-ce qu’il y a une anecdote marquante que vous retenez de ces moments politiques ?

Je me souviens du jour où nous étions en train de présenter notre candidature. Un participant dans la salle m’a interpellé pour me demander : « pourquoi vous faites de la politique ? » En sous-entendant que j’étais une femme. J’ai été particulièrement étonnée qu’un tel questionnement puisse se produire.

Les anciens associent souvent les élections de leur époque à des moments de grande tension voire de violences entre militants. Quelle est la part de vérité ? Ces récits ne sont-ils pas exagérés ?

Moi j’ai connu ça quand j’étais enfant. Mon père était 1er adjoint d’une commune rurale (les Avirons, ndlr) et c’est vrai qu’il y avait des tensions très fortes. Aujourd’hui, ce qui me déçoit c’est de voir des candidats qui critiquent l’adversaire sans véritablement s’attarder sur ce qu’il a, lui, réellement à proposer. On a beaucoup perdu en respectabilité.

Quel jugement portez-vous justement sur le niveau des prétendants actuels ? Seuls les notables se présentaient à l’époque ?

Faire de la politique demande un certain niveau de compétences. La démocratie veut que tout le monde peut se présenter. Être maire, ça veut dire gérer la vie d’administrés, gérer un budget, mais aussi être entouré de gens compétents. Le maire ne fait pas tout seul, il est épaulé par une équipe, mais c’est lui le chef d’orchestre. Aujourd’hui, je trouve ça un peu léger. On réclame bien un diplôme pour chaque métier, il faudrait parfois un certificat de capacités pour certains candidats. Il suffit de voir que certaines communes attirent une dizaine de candidats comme s’il y avait 10 partis politiques, non, c’est trop. A l’époque, il y avait plus de notables qui se présentaient et puis les autres qui n’osaient pas, qui ne se sentaient pas à la hauteur.

 

L’éclatement de la cellule familiale a-t-il rompu, selon vous, la fidélité à un parti qu’un parent transmettait sans parfois le vouloir à son enfant ?

Je pense que les jeunes de maintenant sont plus autonomes et c’est bien. Je reconnais que moi j’ai suivi le même parcours que mes parents. Chez nous, car on était une famille nombreuse, il y a eu des tentatives chez certains de passer dans d’autres camps politiques mais au final le père a quand même dessiné un peu la voie. Ce qui me choque, c’est de voir avec quelle facilité les politiques passent d’un parti à un autre aujourd’hui. Ont-ils une véritable conviction ? Je me le demande.

Comment était perçue l’implication des femmes en politique dans les années 50, 60 ?

Le rôle était bien défini : l’homme parlait et la femme écoutait. Mais moi je ne me laissais pas toujours faire. Et il y avait aussi cette tendance des hommes, les têtes pensantes (ironie), à mettre de côté celle qui commençait à trop parler ou qui, parce qu’elle avait raison, allait faire de l’ombre aux hommes.

Quel est le ou les politiques qui se distinguent dans le paysage local ?

C’est un piège là. C’est très subjectif. J’ai des idées politiques bien définies mais en même temps je ne suis pas manichéenne. J’ai de l’admiration, voire de l’estime pour des personnalités politiques qui peuvent ne pas être du même camp que moi. Et dans le même temps, je peux émettre des jugements critiques pour des personnes de mon camp qui peuvent ne pas avoir un bon comportement. S’il faut donner un nom, je pense à la présidente du Conseil général qui avait un bon potentiel mais à qui on a mis des peaux de bananes sur la route. En même temps, nos politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche, il faut qu’ils aient une conscience. Être un bon politique c’est écouter tout le monde, c’est le grand commis de la République. Ça me fait penser à Saint-André où deux candidats se disputent une étiquette politique, je trouve ça minable. Dites plutôt ce que vous faites mais ne comptez pas sur l’étiquette que vous aurez. La grandeur d’un homme politique c’est d’être impartial. J’admire, même si la question portait sur des hommes politiques actuels, Albert Ramassamy qui fait toujours preuve d’une grande sagesse.

 

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