Monique Oprhé est « très mécontente ». La députée socialiste a vu son « droit opposable à la formation » à La Réunion supprimé… par Didier Robert, le président de Région, au Sénat.
« Il joue contre son camp, déclare-t-elle, ses discours sont contraires à ses actes. J’aurais accepté des discussions et des critiques mais pas une simple suppression. Ce n’est pas sérieux, ni responsable. Son rôle de sénateur est de proposer des choses ».
Quel est le motif de Didier Robert ? « Il n’a pas été consulté, s’indigne-t-elle. Mais j’ai consulté le Pôle Emploi, les syndicats, la CCI… tous sont membres du Crefop (Comité régional de l’emploi, la formation et de l’orientation professionnelles, ndlr) ».
Le but de l’amendement de Monique Orphé était de permettre aux chômeurs de longue durée de pouvoir exiger une formation professionnelle afin de trouver un emploi. Une expérimentation avait eu lieu pendant un an à La Réunion et qui devait se poursuivre.
« Sur l’île, on compte 112.000 personnes illettrées et plus de 100.000 bénéficiaires du RSA, précise la députée. On connaît aussi deux fois plus de sorties du système scolaire sans diplôme qu’en métropole, soit 15%. Et plus de 50% des chômeurs sont des chômeurs de longue durée ».
« Didier Robert fait quoi pour ces gens-là ? La nouvelle route du littoral va fournir de l’emploi à tout le monde? ironise-t-elle. Et avec 100 millions d’euros de la Région pour la formation professionnelle, pourquoi n’y a-t-il aucun bilan sur ces formations ? »
Et selon elle, le président de région récidive : « En 2014, il avait déjà diminué le budget pour le SMA (Service militaire adapté, ndlr) dont 70% des jeunes sortant étaient en sortie positive ».
Le rapporteur a trouvé l’idée « intéressante »
Pourtant Monique Orphé rappelle qu’il est écrit dans le Contrat de plan régional de développement des formations professionnelles (CPRDFP) que « l’ambition de la Région Réunion est de créer un véritable droit à la formation tout au long de la vie ». Sa proposition collerait donc avec cette déclaration.
« Et le rapporteur, qui a dû défendre l’amendement de Didier Robert qui ne l’a pas fait, a lui même dit que mon amendement repose sur une idée intéressante » , ajoute-t-elle. Mais l’idée est rejetée du fait que « le dispositif confie à l’Etat seul le soin d’élaborer le plan, le Crefop n’étant sollicité que pour son avis ».
Monique Orphé termine : « L’amendement sera redéposé en séance ou en seconde lecture à l’Assemblée nationale ».