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St-Pierre: Prison ferme pour l’agresseur du Salon de beauté

Il faut reconnaître que Georges-Marie Thazar n’a jamais eu de chance. Ni dans son enfance, où il a été victime de coups, de sévices sexuels et du désintérêt de ses parents ; ni le 6 novembre dernier quand il se mêle de braquer un salon de beauté rue des Bons-Enfants et se ramasse une volée […]

Ecrit par Jules Bénard – le jeudi 11 décembre 2014 à 16H38

Il faut reconnaître que Georges-Marie Thazar n’a jamais eu de chance. Ni dans son enfance, où il a été victime de coups, de sévices sexuels et du désintérêt de ses parents ; ni le 6 novembre dernier quand il se mêle de braquer un salon de beauté rue des Bons-Enfants et se ramasse une volée de coups de la part de trois furies bien décidées à ne pas se laisser faire.

Récidiviste notoire, adepte forcené de l’alcool, du zamal et de diverses autres substances désinhibantes, Georges-marie, en cette matinée du 6 novembre, est passablement défoncé lorsqu’il se met en tête de braquer « SOS Beauté », institut situé à vingt mètres du siège de la police municipale. Tout pour plaire.

Pour mener à bien sa petite affaire, il emporte (on ne sait jamais) un pistolet à grenaille, imitation du Colt Cobra 357 magnum.

Une précision s’impose : le pistolet à grenaille, engin d’alarme, est inoffensif à dix mètres mais peut se révéler mortel à courte distance. C’est avec une arme de ce type que le fils de Bruce Lee a été tué en cours de tournage.

Notre homme fait irruption dans cet institut féminin et se sert dans l’armoire à boissons puis s’approche de la caisse. La patronne croit qu’il va payer (il a de l’argent sur lui), ce qui a le don de l’énerver un peu plus. Tout en proférant des insultes, G.-M. s’empare de quelques objets puis sort, suivi par une amie de la gérante qui tente de le raisonner.

Il sort alors son arme et, à bout touchant (le canon collé au dos de sa victime), appuie deux fois sur la détente. Sans résultat : deux chambres du barillet sont dégarnies. Ouf ! On est passé près…

La jeune femme lui assène quelques coups de poing, vite rejointe par ses deux amies, armées elles d’une paire de ciseau et d’une règle en fer.

Notre piètre braqueur reçoit alors la correction de sa vie, et pas rien que po fé semblant. Pendant qu’il se met à saigner du bras, les policiers municipaux arrivent et doivent se mettre à plusieurs pour maîtriser le fou-furieux. La police nationale prend le relais, embarque notre homme au poste où il reçoit les premiers soins.

Mais ce serait mal le connaître. Loin de se calmer, il arrache ses pansements et, de son sang, peinturlure les murs de sa cellule.

Pourquoi en est-on arrivé là ? Personne n’en saura jamais rien, ni les enquêteurs, ni la Cour, la seule réponse que le prévenu parvient à fournir étant un « Mi connais pas ! Mi comprends pas ! » itératif.

On apprend au hasard de ses rares déclarations qu’il se trouvait en état d’errance depuis plusieurs jours ; que sa compagne et ses enfants étaient morts d’inquiétude ; qu’il est alcoolique et toxicomane depuis ses onze ans ; qu’il a accepté les suivis médicaux précédemment infligés par la justice mais n’arrive pas à s’interdire de boire ; que hors emprise de la boisson, il est le plus gentil garçon du monde.

Surprise de tous quand il affirme : « Je me suis converti à l’islam pour changer de personnalité ». Ce à quoi la présidente Peinaud lui rétorque qu’il fait « peu de cas d’une des interdictions premières de l’islam », allusion limpide à la prohibition de l’alcool pour les fidèles du Prophète.

Les analyses psychiatriques le disent d’une dangerosité certaine, sans que sa responsabilité pénale soit engagée.

Le prévenu a à son actif un curriculum vitae judiciaire fort de 6 condamnations déjà : vols aggravés, menaces, outrages avec arme, agression sexuelle.

Il ne se souvient ni d’avoir chargé son arme, ni d’avoir proféré des insultes racistes envers ses victimes.

Le procureur Genet a mis en avant que ses explications embrouillées, sa propension à accuser les autres de ses malheurs et le peu d’effet des mesures de clémence dont il a bénéficié font largement douter de la sincérité de son repentir.

« Il faut que ça s’arrête là. On ne pourra rien pour lui tant que lui-même ne se prendra pas en main. La chance, ou le hasard ? ont voulu que deux chambres du barillet n’aient pas été garnies, sinon il y avait meurtre. Il a tiré deux fois, volontairement. C’est très grave ! » Et de réclamer « au moins 5 ans de prison plus la révocation des sursis antérieurs ».

Brave petit soldat des causes perdues d’avance, Me Nathalie Pothin est montée au créneau avec foi et brillance. Sans nier la réalité des faits, l’avocate a replacé la personnalité de l’accusé dans son contexte psychologique.

« Il n’est pas fier de lui, il assume. Mais tenons compte de son parcours cahoteux ». Une enfance il est vrai peu enviable, les coups, les violences sexuelles, l’abandon… plus diverses dépendances très anciennes.

« Il fait partie de ces gens, trop nombreux, qui ne peuvent plus s’en sortir car ils sont intérieurement détruits. Il aimerait sans doute être quelqu’un d’autre, être meilleur, mais ne parvient pas à se libérer du monstre qui le détruit intérieurement depuis qu’il est petit. L’emprisonnement à lui seul ne résoudra rien, même s’il sait qu’il retournera en prison et qu’il l’accepte ».

Cette bataille d’arrière-garde, aussi forte et impressionnante fût-elle, n’a pas emporté la conviction des juges. Georges-Marie Thazar voit tomber les 2 ans de sursis qui lui pesaient au-dessus de la tête et écope en outre de 5 ans de rabe dont 2 avec sursis. Ce qui lui a fait réintégrer immédiatement sa cellule pour 5 années supplémentaires.

Le temps peut-être d’un sevrage salutaire et de l’apprentissage d’un métier ? Souhaitons-le-lui.

 

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