Le dossier du Café de la gare à Saint-Pierre connaîtra ce mardi 13 mai un nouvel épisode. Après ses démêlés avec la mairie de Saint-Pierre qui souhaite le déloger, le Café de la Gare attaque à son tour trois gérants de rondavelles installées sur le front de mer.
Bénéficiant depuis 1995 d’un bail commercial dans le bâtiment de l’ancienne gare ferroviaire, les gérants successifs du Café ont tour à tour développé des activités de type bar, glacier, petite restauration et de discothèque.
En 2006, le Café voit débouler des activités concurrentes à proximité de son installation. Trois rondavelles sont montées. Situées à proximité du Café entre le boulevard Hubert de Lisle et la voie de sortie des jardins de la plage, elles feraient partie de l’espace inclus dans le bail commercial dont le Café est seul titulaire. C’est en tout cas la thèse soutenue par le gérant du Café, Eric Palaprat.
Le 28 mars 2006, un huissier constate que les branchements de chantier des kiosques sont alimentés par le réseau du Café. « Il a été constaté qu’un branchement sauvage se raccordait sur le compteur d’eau du Café de la Gare et desservait l’un des kiosques », fait remarquer le plaignant, ce qui a eu pour incidence « d’augmenter excessivement nos consommations d’eau à la charge du Café de la Gare ».
Pire, le gérant du Café de la Gare estime que les trois occupants de rondavelles (restauration, glaces, snack) ne disposent d’« aucun droit que leur aurait accordé la société du Café de la Gare qui n’est pas autorisée, aux termes de son bail commercial passé avec la mairie, à sous-louer les lieux sans l’autorisation du bailleur ».
Le Café de la Gare estime aujourd’hui fondée sa demande d’expulsion de ces occupants.
Sur les trois occupants de ces rondavelles, deux s’expriment sur ce conflit de voisinage. Le premier d’entre eux, tenant d’un commerce de restauration, assure qu’il « bénéficie d’un titre. A ce niveau-là, je ne m’inquiète pas. L’enseigne existe depuis 8 ans », affirme M. Payet.
Le second laisse le soin à son avocat de cadrer le conflit. « Le Café de la Gare a le culot de demander à mon client de quitter les lieux, alors qu’il est un squatteur du front de mer », tacle sans détour Me Norman Omarjee, conseil de M. Barret, gérant de l’Igloo du front de mer.
« Après avoir spolié la zone Est du bâtiment, le Café de la Gare espère spolier la zone Ouest (là où sont implantées les rondavelles, ndlr) », préfère ironiser l’avocat en faisant mention des petites entorses passées avec le droit de l »urbanisme.
« Vous n’avez rien à faire là »
Aujourd’hui, le conseil préfère dissocier les affaires liant le Café et la mairie et le sort de son client, gérant d’un glacier. « Il ne faut pas confondre les affaires : l’Igloo n’est pas lié au Café de la Gare », dit-il. Rappelons à ce stade que la mairie de Saint-Pierre lorgne toujours sur ce bâtiment historique du front de mer. Une intention qui s’est matérialisée fin 2013 par le non renouvellement du bail renouvelé depuis 1995 à échéance régulière. Mais le gérant du Café conteste cette expulsion en assignant la mairie devant le TGI. En jeu : des millions d’euros d’indemnités d’éviction.
Depuis le 28 février et la fin du bail, « c’est le Café de la Gare qui est l’occupant sans titre », tacle l’avocat saint-pierrois Norman Omarjee. Assurant que son client bénéficie bien d’une autorisation d’occupation temporaire – « si ce n’était pas le cas, la mairie l’aurait expulsé depuis longtemps » – l’avocat contestera l’assignation de son client devant le tribunal de commerce – « incompétent » – au profit du tribunal administratif. Motif : les commerces visés se situent sur le domaine public maritime.
L’avocat du Café de la Gare, Me Olivier Hameroux, devance les futurs échanges en affirmant que la partie adverse « va sûrement dire qu’elle possède une AOT de la mairie mais toujours est-il que le lieu d’emplacement des rondavelles fait partie de notre bail et vous n’avez rien à faire là », explique-t-il.
L’audience de ce mardi 13 mai pourrait être la première d’une longue série.