On creuse à Saint-Paul. En l’espace de quelques mois, la ville a mis au jour deux versants de son histoire et de celle de la Réunion enfouie à 5 mètres sous terre.
Avant même la confirmation d’une vaste sépulture d’esclaves en bordure du cimetière marin de Saint-Paul, la ville s’était retrouvée dans l’obligation d’interrompre des travaux de rénovation urbaine sur la rue Lenormand. Une rue qui jouxte la mairie centrale.
Après l’excitation de la découverte fortuite, suite à des coups de pelle salvateurs d’engins de travaux publics, Eric Kichenapanaïdou, archéologue et responsable du service culturel, de la mairie fait le point sur l’avancée des fragments récoltées en décembre 2010.
Des déchets qui parlent
"Il y a des tessons de verre, des métaux, des morceaux de porcelaine, de la porcelaine peinte ou non, de fabrication manuelle ou industrielle, on a trouvé de tout", évoque-t-il. La raison tient peut-être au lieu très fréquenté de cette portion de ville à une certaine époque, comme aujourd’hui d’ailleurs. "Il devait s’agir d’une zone de circulation importante".
Pour tout archéologue qui se respecte, même la mise au jour d’éléments qui peuvent s’apparenter à des déchets ont, en fait, une plus grande valeur pour ce qu’ils peuvent délivrer comme message.
"C’est en quelque sorte une certaine idée de la gestion des déchets à cette époque". Une époque qu’il évalue d’ailleurs entre la fin du 18ème siècle et le début du 19ème.
Des centaines de pièces à cataloguer
A l’heure actuelle, le site de fouilles a plus parlé quantitativement que scientifiquement. Le relevé métrique effectué a livré des centaines de pièces dont la classification dévore beaucoup de temps.
"Le classement typologique est encore loin d’être clos. Il s’agit pour moi de donner une sériation à chaque élément". En attendant, les boîtes remplies de fragments n’ont pas encore livré leur secret. Avant qu’une interprétation globale se fasse, les trois boîtes déjà datées et marquées sont loin de faire le compte. Et ce n’est pas l’aide spontanée de quelques étudiants en histoire de l’Université de la Réunion qui sera de trop pour accélérer le travail de l’archéologue.