« Peut-être que certains imaginaient que c’était un projet enterré ». C’est par cette attention un brin ironique que le maire de Saint-Leu a introduit, hier, sa conférence de presse dont le but était de donner des nouvelles du projet de téléphérique reliant sa ville à Cilaos.
Deux ans après son annonce, le projet a mûri, conforté par une étude de faisabilité. La phase pré-opérationnelle s’est ouverte officiellement ce jeudi via la publication d’un appel d’offres qui débouchera sur la sélection d’un cabinet d’études chargé de répondre à l’ensemble des questions techniques et financières.
« Un produit d’appel » touristique
L’étude coûtera 300.000 euros. Si le mix financier n’est pas arrêté en tant que tel, le maire et son équipe envisagent de solliciter le TCO pour moitié. Un apport évident de l’intercommunalité au regard de l’intérêt communautaire, c’est un fait, mais surtout « régional » que constitue un tel projet. Les regards seront donc tournés, et Thierry Robert l’a a juste titre rappelé, vers la Région qui sera forcément sollicitée lorsque l’heure du tour de table financier pour les travaux aura commencé.
Même s’il ne dispose d’aucune garantie à ce jour, le maire et vice-président du TCO compose avec un indice favorable émanant de la pyramide inversée. « La Région a intégré le principe du projet dans le Schéma d’Aménagement Régional actuellement en préparation », se félicite Thierry Robert. A une moindre échelle, c’est-à-dire au Schéma de Cohérence Territoriale et au Plan Local d’Urbanisme, inutile de dire que les feux sont au vert, Thierry Robert ayant les manettes dans sa commune et au TCO.
Le maire pare à toutes les critiques éventuelles en enveloppant le téléphérique de nombreux avantages à tous les plans. Tout d’abord pour le tourisme. Le plus long téléphérique au monde sera à lui seul une attraction. Il portera les traits d’un « produit d’appel » à l’échelle internationale. Ensuite sur le plan économique, pendant le chantier évidemment, mais aussi après, tant dans sa maintenance que dans son exploitation commerciale.
Enfin sur le plan de l’environnement, le téléphérique fait coup double. En même temps qu’il « désenclave Cilaos » et sa route dangereuse, il transportera tant des personnes que des marchandises. Les cabines, totalement fermées, n’autoriseront aucun lâché de déchet céleste, assure le maire qui peaufine le cahier des charges sur lequel devra plancher le cabinet d’études sélectionné. Si l’étude justement devra le préciser plus techniquement, l’équipe municipale corrobore son discours écologiste par sa volonté de voir évoluer un téléphérique à zéro émission co2.
200 millions d’euros
Le plus long téléphérique au monde traîne 13 km de câbles. Celui de Saint-Leu-Cilaos couvrira 22 km. Même record sur le dénivelé. Le plus remarquable dans le monde présente un dénivelé de 1900 mètres. Ici : 22.000 attendus.
Thierry Robert indique avoir obtenu l’aval du maire Paul Franco Técher, qui n’a pas pu être présent ce jeudi pour une conférence commune. Un accord de principe concrétisé par un vote solennel « d’acceptation du projet » en conseil municipal de Cilaos.
Pour le reste, il reviendra à l’étude pré-opérationnelle de répondre à l’ensemble des questions d’ordre juridique, environnemental et financier pour lever des fonds. Face à l’hypothèse d’un blocage du Parc national en la matière, Thierry Robert se tient prêt à brandir un cas existant en métropole de téléphérique dans une zone protégée identique.
Sur le plan financier, il s’agira notamment de savoir quels acteurs (Région, Europe, investisseurs privés avec garantie d’exploitation sur une période donnée ?) répondront favorablement, et dans un second temps à quel mode d’exploitation le futur téléphérique répondra.
Les avantages et inconvénients d’une Délégation de Service Public, d’un Partenariat Public/Privé ou d’un autre mode de gestion seront déterminés plus tard. Tous ces doutes devraient être levés dans un an. Le maire se risque à répondre à la curiosité de l’audience en envisageant un démarrage des travaux pour 2017. Si le téléphérique le plus long du monde venait à être réunionnais, il faudra compter 200 millions d’euros pour qu’il devienne réalité.