A défaut d’accord entre Marc Ravalomanana et le président de la transition malgache sous l’égide de la SADC, la Commission Electorale indépendante prend ses responsabilités …
Bugs médiatiques
La SADC avait choisi la discrétion pour le face-à-face entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, organisé les 24 et 25 Juillet derniers à Desroches, un îlot isolé situé à quelque 230 km de Mahé, capitale de l’archipel des Seychelles.
Pour les observateurs malgaches, l’échec du premier round seychellois était prévisible malgré les mesures d’isolement médiatique, faute d’accord sur un retour négocié de l’ex-président, principale revendication de la mouvance Ravalomanana.
Comme de coutume dans la crise malgache, un nouvel épisode à rebondissement remue le microcosme avec l’arrivée impromptue le 27 juillet dernier de Lalao Ravalomanana, l’épouse du président déchu en 2009, interceptée en compagnie de sa bru en provenance d’Afrique du Sud à l’aéroport d’Ivato, puis embarquée illico et manu militari vers le premier vol international disponible, à destination de Bangkok.
Comme la nouvelle tombe mal dans le contexte d’apaisement politique agencé par la SADC, la présidence de la transition se défend par un communiqué hâtif expliquant qu’ «en effet, d’une manière indiscutablement unilatérale, il [Marc Ravalomanana] a fait retourner son épouse à Madagascar alors qu’un tel retour n’a même pas été évoqué durant l’entretien qu’il a récemment eu aux Seychelles avec le Président de la Transition […] » (cf. le communiqué intégral sur http://www.alwihdainfo.com/Encore-un-acte-de-provocation-commandite-par marc-ravalomanana_5405.html).
L’aventure thaïlandaise de l’ex-première dame malgache se termine avec un retour le lendemain par vol direct Bangkok-Johannesburg et une plainte circonstanciée sur les sévices physiques et moraux endurés, à l’adresse du bureau de liaison de la SADC.
L’organisation régionale réagit aussitôt sur l’incident par un communiqué de presse daté du 28 juillet 2012, déclarant: « La Troïka a noté avec consternation la tentative de Mme Ravalomanana de rentrer à Madagascar en contrevenant aux engagements pris envers la Troïka et le gouvernement de transition, que la question du retour de Marc Ravalomanana et sa famille, y compris son épouse, est toujours en cours de négociation et doit être incluse dans le cadre d’un accord final entamé aux Seychelles » (source : matv.mg).
Du point de vue de la SADC, la balance semble donc pencher en faveur du président de la transition, au risque de réduire les perspectives d’accord du deuxième face-à face prévu avant le sommet régional prévu les 17 et 18 Août prochains ?
Dossiers brûlants
D’après les termes de la Feuille de route SADC, les opérateurs (y compris l’entreprise Tiko, dirigée par Lalao Ravalomanana) victimes des casses lors des évènements de janvier-février 2009, auront en principe droit à des dédommagements financiers, ce qui met évidemment les autorités de transition malgache dans l’embarras, vu les problèmes actuels de gestion des deniers publics : poids des subventions aux produits pétroliers, revendications sociales en cascade (grève des enseignants et des paramédicaux du secteur public), manque à gagner de l’Etat face aux trafics et pillages de tous bords (bois précieux, or, pierres semi-précieuses, etc).
Autres dossiers brûlants, sur le plan sécuritaire : la grogne persistante dans les casernes (à l’exemple de la récente mutinerie du 22 juillet dernier) ainsi que la prolifération des attaques des « dahalo » -voleurs de zébus- dans la région de l’Androy au sud de l’île, sous la coupe du chef de bande Remenabila qui défie depuis plusieurs mois les forces de l’ordre en pillant les villages à la tête de centaines d’hommes armés…
Calendrier électoral
Face à la dégradation du contexte socio-économique et sécuritaire, des experts nationaux alertent les autorités et la communauté internationale sur l’urgence d’élections avant la fin de l’année 2012
(cf http://www.scoop.it/t/akory/p/2175887113/madagascar-des-experts-nationaux-defient-les-nations-unies)
La tâche est donc difficile pour la CENIT (Commission Electorale Nationale Indépendante de la Transition) mise sous pression par la communauté internationale, conditionnant l’aide au processus électoral à une décision rapide – annoncée pour le 1er Août par Mme Béatrice Atallah, présidente de la CENIT – à l’issue du conclave de deux jours avec un panel d’experts électoraux internationaux.
Malgré les réticences de la société civile, on s’attend ainsi à la validation du calendrier électoral débouchant sur des scrutins à partir du deuxième trimestre 2013: la SADC serait donc vouée à prendre le train en marche… en cas d’échec du second round entre Ravalomanana et Rajoelina ?
Mardi 31 Juillet 2012 par Adygasy-systemD