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Six (piles plates) + un (couteau) = sept (mois fermes)

Ce serait presque comique si ce n’était aussi pathétique. Surtout qu’on n’est jamais passé aussi près des Assises. On pourrait intituler ça « chronique d’une alcoolisation chronique ». Le pire est que ces deux-là s’aiment, mais vraiment, il n’y avait qu’à les voir à la barre, serrés l’un contre l’autre, se tenant la main.   Tous deux […]

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 06 novembre 2013 à 09H59
Ce serait presque comique si ce n’était aussi pathétique. Surtout qu’on n’est jamais passé aussi près des Assises. On pourrait intituler ça « chronique d’une alcoolisation chronique ». Le pire est que ces deux-là s’aiment, mais vraiment, il n’y avait qu’à les voir à la barre, serrés l’un contre l’autre, se tenant la main.
 
Tous deux étaient accusés, lui pour coups de latte de parquet, elle pour coup de couteau. Une énième dispute, une énième alcoolisation qui finit mal, des énièmes coups et blessures. A propos desquels, en raison de l’imprégnation éthylique des protagonistes, on ne peut même plus parler de « volontaires ». Tellement bête qu’à l’énoncé du verdict, malgré notre vieille expérience des cours et tribunaux, nous n’avons pu nous empêcher d’avoir la gorge serrée.
 
Les époux Maroudé habitent une méchante maison sans grand confort à Pierrefonds. Ils survivent du RSA avec lequel, une fois les dépenses de boissons effectuées, ils tentent vaille que vaille d’élever leurs trois enfants. Ces derniers étaient à l’audience, plus malheureux que des pierres de voir ainsi leurs géniteurs en cet endroit une fois encore. Ils ne les jugent pas ; ils les aiment.
 
Les Maroudé adorent l’alcool et, à cause des cures très irrégulièrement suivies, ne parviennent pas à se désimbiber. C’est le premier verre qui coûte et dès que l’un des deux commence, l’autre embraye. « Jusqu’à trois piles plates par jour ». La présidente Ramage insiste : « Par jour ? » Réponse nette : « Oui… et par personne ! » La messe n’est pas dite pour autant, loin de là.
 
Malgré leur amour mutuel évident, ils font partie de ces nombreuses personnes que le rhum charrette fait basculer de Jekkyl à Hyde sans transition. Les barrières sautent, l’inhibition fout le camp, l’amour se met en roue libre. Insultes, menaces, jalousies (infondées, ces deux-là sont des fidèles) et défis dangereux. Du genre « t’es pas cap’ ! »
 
Ce 3 novembre, c’est lui qui ouvre les hostilités en lui cassant une latte de parquet sur la cuisse puis la met au défi de le « piquer ». Sitôt dit, sitôt fait, elle s’empare d’un sacré surin, couteau de cuisine à la lame de 15 cm, et se fend d’un coup droit au thorax. Ses forces diminuées par l’alcool, elle ne peut enfoncer la pointe trop profondément mais il s’en est fallu de peu qu’il ne finisse à la morgue. Là, ce sera les urgences simples.
 
Les analyses dévoilent, excusez du peu, pour elle 2,27 gr d’alcool pur par litre de sang, pour lui un tout petit peu plus, 2,46 gr ! Ils n’ont pas 60 balais à eux deux…
 
Les questions incisives de la présidente et du procureur permettent d’en apprendre un peu plus sur les avatars du couple. Il n’y a pas si longtemps, par exemple, il a eu les doigts coupés. Parce qu’elle a enveloppé quatre lames de cutter dans un méchant chiffon avant de le « tailler » pour voir. En échange, l’épouse reçoit son quota habituel de gnons en tout genre. Voilà le quotidien de deux êtres qui s’aiment. Deux êtres soudés par une passion irrépressible, laquelle se voile la face quand apparaît sieur Charrette.
 
« Quelle alternative a la justice pour éviter un drame plus grave ? », se demande la présidente. « Personne n’a envie, un de ces jours, d’aller récupérer un mort à leur domicile », surenchérit le procureur qui réclame « un coup d’arrêt, même momentané » pour éviter le pire pendant quelques mois.
 
Pour l’époux, Me Raffi,  soulignant que ce dernier veut aller au bout avec celle qu’il aime, nous gratifie d’une grande première en engueulant le bonhomme : « Si vous ne vous soignez pas, elle ne se soignera pas non plus. Elle doit être fière de vous si elle veut pouvoir être fière d’elle-même ! »
 
La tâche de Me Omarjee n’était pas des plus faciles. Remarquant qu’avec un tel taux d’alcool, bien des personnes ne seraient plus à la verticale, le jeune ténor insiste sur le fait que l’amour est réel entre ces deux êtres. Et les compare à deux dominos : « Si l’un flanche, l’autre flanche ».
 
La cour n’a pas flanché. Le mari s’en sort avec 4 mois avec sursis. L’épouse a pris directement la route de Domenjod pour 7 mois : 6 mois pour les faits plus révocation d’un mois d’un précédent sursis.
 
Avant de s’en aller entre les policiers, elle s’est longuement serrée contre lui et leurs enfants. Là, j’ai détourné les yeux. Il y a des spectacles qui ne laissent pas de marbre…
 
Jules Bénard

 

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