L’étude intitulée « Mobilité des jeunes réunionnais vers la métropole », menée conjointement par la Région et l’Insee, et présentée en début d’après-midi à la pyramide inversée, permet de dresser un portrait des jeunes réunionnais et savoir s’ils sont prêts, ou non, à partir en métropole pour une question de travail ou de continuité dans leur cursus universitaire.
« La mobilité et la continuité sont des dimensions essentielles et fondamentales pour un territoire comme le notre. 60 ans après la départementalisation, il y a des éléments de satisfaction dans notre région, notamment par rapport aux infrastructures qui n’ont pas grand chose à envier aux standards européens. A l’inverse, si on s’arrête sur les chiffres du chômage des jeunes, l’illettrisme, ou encore la précarité, ce sont des points noirs et des difficultés à la Réunion. On peut construire un modèle de développement économique et permettre aux entreprises locales de créer de l’emploi, mais l’ouverture et la mobilité font partie du cursus de vie des jeunes réunionnais« , rappelle en introduction le président de Région, Didier Robert.
La Région réclame une nouvelle fois un « guichet unique » à la mobilité
Depuis 2010, la Région a mis en place plusieurs outils facilitant la mobilité, notamment son programme de continuité territoriale qui a permis à 229.000 Réunionnais de bénéficier d’une aide (360 euros ndlr) sur les prix des billets d’avion. « La continuité vise à avoir une dimension d’équité entre Réunionnais de manière simple et a un coût supportable pour se déplacer facilement. Aujourd’hui, cette continuité est orientée vers la métropole, mais je rêve de voir ce dispositif étendu sur la zone océan Indien« , précise-t-il. Dans cette optique, Didier Robert annonce que la Région va créer des postes de référant mobilité au sein de chacune de ses antennes à Paris, Chennaï (Inde) ou encore Perth (Australie). « Si on veut une mobilité réussie, la première impression doit être positive. Il faut que l’organisation soit la plus sécuritaire possible« , poursuit-il. Et de plaider une nouvelle fois pour la création d’un guichet unique pour la mobilité. « Un endroit où un étudiant et un demandeur d’emploi puissent dans un même lieu rencontrer les interlocuteurs à même de les renseigner et de les orienter dans leur mobilité« , avance Didier Robert.
Des décisions motivées suite à l’enquête sur la mobilité dévoilée aujourd’hui. « L’enquête a été menée en 2012 et adossée à l’enquête emploi réalisée chaque année par l’Insee. A la demande de la Région, un questionnaire simple et visant les jeunes de 15 à 34 ans y a été inséré« , explique la directrice générale de l’Insee pour la Réunion et Mayotte, Valérie Roux. En tout, près de 2.200 jeunes ont été interrogés entre mars et juin de l’année dernière. Deux questions dans l’enquête ont servi de « filtre » au questionnaire relatif aux freins à la mobilité. « Si un emploi ou un autre emploi plus intéressant était disponible en métropole seriez-vous prêt à partir ? Et si une formation qualifiante vous était proposée en métropole seriez-vous prêt à partir ?« , précise Hervé Le Grand, chef division études et diffusion pour l’Insee.
Les Réunionnais sont moins mobiles que les autres ultra-marins
Une première réalité saute aux yeux à la lecture de l’étude. Les Réunionnais sont moins mobiles que les autres ultra-marins. « 19% des natifs de la Réunion vivent en métropole contre 36 % pour les Antilles. 20% des Réunionnais n’avaient jamais quitté la Réunion contre 9% des Guadeloupéens et 10% des Martiniquais« , lance Hervé Legrand. A la vue des résultats de l’enquête, l’Insee a décidé de classer les jeunes Réunionnais en cinq groupes homogènes (1 : jeunes lycéens et étudiants hommes du supérieur, 2: chômeurs hommes vivant chez leurs parents et étudiantes du supérieur, 3 : chômeurs, adultes hommes et jeunes femmes vivant chez leurs parents, 4 : chômeuses peu qualifiées ou mères de famille et collégiens, 5 : mères de famille sans emploi et ne souhaitant pas travailler). Sur le premier profil 85% des interrogés seraient candidats à une proposition de départ. A contrario avec le dernier groupe où seulement 22% accepteraient un départ vers la métropole.
Six jeunes Réunionnais sur 10 seraient prêts à partir
Sur l’ensemble des jeunes interrogés, une donnée principale ressort. Six jeunes Réunionnais sur 10 seraient prêts à partir pour la métropole pour une formation ou un emploi. Un chiffre en constante augmentation (+18%) par rapport à 2007 et qui s’explique principalement par une conjoncture économique dégradée dans notre île.
Mais il existe encore des freins à la mobilité. « La famille reste un frein à la mobilité. Les jeunes se disent prêts, mais il y a une réticence des parents, surtout pour les plus jeunes (…). Disposer d’un hébergement et d’un retour d’expérience compte également pour la mobilité. Parmi les autres réticences, le coût de la mobilité reste un frein pour 45 % des sondés (…). Enfin, peu d’entre eux connaissent les aides à la mobilité. Seulement 54% déclarent connaitre les aides sur les billets d’avions et seulement 22% d’entre eux ont une connaissance sur les aides au logement« , conclut Hervé Legrand.
La Région a pris bonne note des résultats de l’étude et entend mener les corrections nécessaires, notamment sur la connaissance des aides disponibles pour une meilleure mobilité.