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Ses filles dénoncent l’utilisation d’une photo de Jean-Baptiste Ponama par Pierre Vergès

Nous avons reçu le courrier des lecteurs suivant que nous avons d'abord publié dans la rubrique Courrier des Lecteurs sous le titre "Législatives à Saint-Denis, la photo de trop". Devant la polémique qu'il engendre, et notamment la réponse de Pierre Vergès, nous décidons de le mettre temporairement au fil de l'eau afin que chacun puisse en prendre connaissance. Devant le risque de dérapages (qui se sont déjà produits à la suite d'un précédent article consacré à cette affaire, nous avons décidé de ne pas autoriser les commentaires sous cet article et sous la réponse de Pierre Vergès).

Ecrit par . – le jeudi 08 mars 2012 à 18H09

Nous avons été surprises et nous nous sommes émues de constater que l’image de notre père, Jean-Baptiste PONAMA, est associée à la communication de Pierre VERGÈS, candidat aux législatives 2012 dans la première circonscription. Dès ce lundi 05 mars, nous avons interpelé celui-ci pour lui demander de retirer cette photo en lui adressant un commentaire sur son blog. Or, il n’est toujours pas publié. Force est donc de constater qu’il a été censuré, ce qui nous conduit à faire part à l’opinion publique de notre position.

En effet, 34 ans après son exclusion du Parti Communiste Réunionnais, Jean-Baptiste PONAMA disparu depuis bientôt 20 ans, recouvre aujourd’hui et très soudainement un statut de militant exemplaire aux yeux d’un parti en pleine crise et à l’occasion d’une campagne électorale au climat délétère. Cette décision a d’autant plus de résonance que Jean-Baptiste PONAMA a été banni, honni, calomnié dans les colonnes de Témoignages (février 1978) et a été gommé de l’histoire du PCR alors qu’il en avait été l’un de ses acteurs les plus engagés, l’un de ses esprits les plus brillants et l’un de ses bâtisseurs les plus opiniâtres, au point d’être victime avec une poignée d’autres compagnons de lutte de l’ordonnance scélérate de Michel DEBRÉ.

Quel fût son crime ?

Alors que la richesse de ses analyses politiques ainsi que la qualité de son engagement lui valent d’être considéré comme le numéro 2 et le « ministre des affaires étrangères » du PCR, Jean-Baptiste PONAMA entre en dissidence en octobre 1977, à la suite d’un conflit personnel et sur une profonde divergence idéologique. S’estimant trahi dans ses valeurs fondamentales d’intégrité, de droiture et considérant son idéal politique bafoué, il porte cette rupture devant les Réunionnais.

Il demande, alors au Secrétaire général, un débat transparent sur le Parti et son fonctionnement. A ses sollicitations pressantes et médiatiques, un silence absolu lui est opposé.

Dans l’histoire du PCR c’est la première fois qu’un cadre aussi haut placé ose défier sa direction sur l’éthique même de sa ligne. Outre « les dérives » et « la complicité du PCR avec les chefs d’entreprise », Jean-Baptiste PONAMA dénonce « la disparition du mot autonomie » dans le discours politique du PCR, « contre un retour vers l’assimilation et la départementalisation ». Il prédit, alors, l’implosion du Parti, voire sa disparition ou tout du moins son remplacement par une autre structure.

 Après plus de quinze années de services et de dévouement inconditionnel au Parti et à la population, Jean-Baptiste PONAMA est donc exclu du Comité Central le 19 mars 1978 et de la cellule Raymond MONDON le 24 mars 1978.

En réponse à ces condamnations et à défaut de débat il affronte le Secrétaire général du PCR  aux législatives de 1978 dans la seconde circonscription.

L’Histoire se répèterait-elle ?

En tout cas, par sa voix dissidente, Jean-Baptiste PONAMA se retrouve isolé, vilipendé, mis au ban et éliminé par ce qui fut sa famille politique. Il en gardera une blessure vivace jusqu’à la fin de sa vie.

C’est pourquoi, nous regrettons de n’avoir été ni associées à cette démarche, ni consultées sur la publication de la photo de notre père, non pas au titre de son droit à l’image qui est éteint du fait de son décès, mais bien par égard aux liens filiaux mémoriels que nous entretenons au delà de sa mort.

Or, sans scrupule aucun, on exhume des cadavres. Quel soutien que celui d’un défunt qu’on a froidement cloué au pilori !

Est-ce ainsi que doivent être honorés celles et ceux qui ont tant contribué à l’avènement des forces de progrès à La Réunion, parfois au prix de leur vie ? N’aurait-il pas été plus juste et plus respectueux envers la mémoire de ces personnes disparues et de leurs familles de réfléchir ensemble à la meilleure façon de leur rendre un hommage à la hauteur de leur dévouement pour leur pays ?

Pour la mémoire de Jean-Baptiste PONAMA, ce ne serait que justice au regard du travail acharné et combien remarquable accompli par lui, salué semble-t-il dans l’historique très partiel de la section de Saint-Denis qui figure sur le blog de Pierre VERGÈS. A ce titre, il est à craindre qu’une utilisation aussi restreinte de l’engagement de Jean-Baptiste PONAMA soit préjudiciable à l’Histoire et fasse apparaître une volonté insidieuse de réviser celle-ci.

Cette photo est choquante tant son choix s’inscrit dans une stratégie marketing obscène. Le fait de ne montrer que très partiellement le visage de Jean-Baptiste PONAMA dénie le devoir de mémoire pourtant affiché tel un idéal et ne sert en définitive qu’à mutiler l’honneur d’un souvenir tristement exhibé.

Aussi, nous demandons expressément à celles et ceux qui ont pris cette initiative, en leur conscience, d’éviter soigneusement la mise en scène de l’idéal et de la vaillance de Jean-Baptiste PONAMA et de n’utiliser à des occasions électoralistes ni sa photo ni son nom.

Il est indispensable pour celà de partager avec nous le même idéal de justice, de solidarité et de respect vis-à-vis des camarades, tel Jean-Baptiste PONAMA, qui ont construit La Réunion notamment sous les auspices du PCR.

« Un combat révolutionnaire se mène avec des camarades qui respectent d’abord leurs frères d’armes… » nous disait-il.

Puisse-t-il être entendu !

Élisabeth, Françoise et Jacqueline PONAMA

Sources : archives privées Jean-Baptiste PONAMA

 

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