Un courrier « confidentiel » signé de la main d’Alix Séry dépeint sans le nommer le syndicaliste Danio Ricquebourg. Ce courrier, ses grandes lignes ont été publiées sur le site Imaz press. « Si je juge opportun de vous écrire ces lignes, c’est qu’une fois de plus, c’est créole qui « baise » créole (pardonnez moi mesdames) et il faut que cela se sache entre nous : l’ennemi intérieur est bien parmi nous », écrit Alix Séry, en parlant de Danio Ricquebourg. Selon Alix Séry, l’autorité du syndicaliste s’effiloche, au regard de la faible mobilisation des dockers devant le Port Est la semaine dernière.
L’intéressé a peu goûté au portrait que dresse de lui le médiateur Alix Séry. Danio Ricquebourg, secrétaire général adjoint de la CGTR Ports et Docks, lui répond sans subtilité.
S’il dit ne pas avoir lu (hier après-midi, ndlr) le courrier, Danio Ricquebourg en a en revanche été « informé par un ami », dit-il.
La stupéfaction le gagne. « Dans quel but ? A qui profite le crime ? », s’interroge-t-il après avoir pris connaissance du portrait sévère que fait de lui l’ex-médiateur du conflit Sermat.
« Je ne veux pas donner d’importance à M. Séry qui d’ailleurs n’a pas laissé un souvenir impérissable en tant que directeur du travail », commence par affirmer Danio Ricquebourg. Mais l’envie d’en découdre reprend le dessus. « Le masque est tombé. M. Séry est-il en service commandé ? », demande-t-il après s’être déjà, fin 2013, posé la question de la neutralité d’Alix Séry dans la médiation engagée depuis mai 2013 au Port Est.
Pourquoi un tel document et surtout, pourquoi maintenant. Tout est fait, selon la CGTR, pour oublier la déflagration que constitue la livraison des rapports d’audit sur la Sermat. « C’est un écran de fumée pour masquer les accusations portées dans ces audits », exprime le porte-voix des dockers.
Les experts-comptables péi ont-ils peur de se brouiller avec les patrons ?
Pas avare dans le registre du parler franc, Danio Ricquebourg égratigne sérieusement le travail de l’expert-comptable Abdoullah Lala. La faute selon lui au contexte de l’interconnaissance péi.
« Comment voulez-vous que M. Lala dise aux patrons qu’ils ont effectué des malversations, malgré les évidences qui sont apparues dans les comptes de la Sermat. S’il fait ça, il perd beaucoup de commandes avec ces mêmes personnes du Medef », croit savoir Danio Ricquebourg, qui salue au contraire le travail d’un cabinet d’expertise national, Ace Expertise.
Le syndicaliste n’espère que deux choses à court terme. La première revient à livrer au public l’implacable vérité des audits qui ont par exemple révélé qu’en maintenance pure (c’est-à-dire hors pièces), l’écart après refacturation à la société SRMP (filiale de la multinationale Kalmar) a coûté 1,2 million d’euros au GIE Sermat. L’une des manoeuvres qui, selon la CGTR des docks, a précipité le sabordage de leur outil de travail.
La deuxième est judiciaire. Danio Ricquebourg s’imagine sans mal que les audits versés à la plainte de son syndicat fin 2013 va faire réagir le procureur de la République.