Vingt-sept personnes ont été tuées sur les routes réunionnaises depuis le début de l’année 2011. Encore la semaine dernière, plusieurs accidents ont causé la mort de trois personnes, avec en toile de fond : ébriété, non port du casque, traversée d’une quatre voie en pleine nuit… En bref, des comportements à risque. "Ne pas avoir un comportement normal n’est pas toujours la cause de l’accident mais une circonstance aggravante", analyse Serge Bideau, sous-préfet de Saint-Benoît, en charge de la sécurité routière.
Alors que les opérations de contrôle coordonnées des forces de police et de gendarmerie se multiplient, les autorités sont obligées de constater que la recrudescence des accidents est en grande partie liée au refus d’une partie des conducteurs de modifier leurs comportements. "On s’aperçoit que le comportement de certains ne va pas vers la sécurité. Cela concerne aujourd’hui 10% des conducteurs qui sont à l’origine de graves infractions car pour les 90 autres %, ils peuvent être pris à 5km/h au-dessus de la vitesse autorisée, ils payent leur amende et c’est tout. Nous traquons pour notre part les comportements à risque", explique le sous-préfet. Les opérations de contrôle vont donc se poursuivre.
Les garçons plus impliqués dans les accidents que les filles
Au-délà du volet répression, l’action de l’Etat est aussi engagée sur un mode préventif et éducatif. Ainsi, les interventions sur diverses manifestations, dans les entreprises et au sein des établissements scolaires continuent. "L’adolescence est un moment de tous les dangers. Il est important de sensibiliser les jeunes", indique Serge Bideau avant de rappeler que la tranche d’âge des 15-25 ans représente 16% de la population globale de la Réunion. "Cette tranche d’âge est impliquée dans plus de 30% des accidents. 80% des victimes sont des garçons, et dans les 20% qui impliquent des filles, c’est à 80% un garçon qui conduisait. Il y a un réel problème d’éducation par rapport au danger".
Depuis le mois d’avril, deux voitures ont été confisquées avec la nouvelle règlementation qui permet d’ôter le véhicule à son propriétaire s’il est l’auteur d’une infraction grave et huit véhicules ont été immobilisés, les propriétaires étant en attente d’un jugement pour une éventuelle confiscation. "Cela prouve encore que même si nous avons fait d’énormes progrès, il reste encore à en faire", conclut Serge Bideau qui achève ses propos ainsi : "Quand j’interviens dans les écoles, je dis aux parents : ‘Vous vient-il à l’idée de ranger le sachet de mort au rat et celui des bonbons ensemble? Non évidemment. Démarreriez-vous la voiture sans attacher votre enfant ou en ayant bu? Dans le premier cas, on perçoit tout de suite le danger. Dans le second, on se dit qu’on ne veut juste pas avoir de procès verbal. Si vous agissez en pensant faire prendre moins de risques à vos enfants, ou pour ne pas vous retrouver défiguré, alors, le comportement sécurisé est acquis’".